La fin justifie les moyens !

Sicario est le genre de thriller que j'aimerais voir plus souvent sortir au cinoche !
Une mise en scène aux petits oignons, un casting judicieux avec un jeu tout en retenue et surtout un scénar à la fois très simple à suivre mais profond.
Déjà, j'adore Emily Blunt mais bon ça c'est personnel. J'aime aussi beaucoup Del Toro, sombre, taciturne, dans une perpétuelle rage contenue, excellent à chaque scène. Josh Brolin légèrement en retrait parvient tout de même à convaincre de son charisme. L'un des aspects de réalisation que j'apprécie le plus est la création d'une atmosphère, d'une attente. Villeneuve filme les moments oubliés du Cinéma d'action ; les instants de calme avant la tempête. En témoigne la séquence du passage à la frontière americano-mexicaine ; longue, au rythme lent, sobre, presque sans musique, créant ainsi une attente, un stress, l'appréhension qu'il va se passer quelque chose. Le danger semble omniprésent bien que peu montré et la rupture violente, brutalement réaliste et concrète, choque et nous donne une bonne claque de réalité à la gueule.
D'un point de vue analytique, il y aurait beaucoup à dire mais j'ai la flemme de disserter là dessus. Je vous dirai ceci : ce film pose la question du positionnement moral et de l'attitude à avoir face au mal. Face aux cartels, doit-on aussi adopter les même méthodes ? Deux visions s'affrontent dans ce métrage. Celle de l'agent Kate Macer pour qui la règle et le Droit priment sur tout même si cela ne nous permet pas d’être efficace. Une obsession pour la fidélité à la Loi presque "Javerienne" (oui j'me la pète avec mes mots). Et puis Alejandro, qui désire par dessus tout se venger. Matt Graver (Brolin) lui propose une vision plus cynique et pragmatique mais non moins efficace : combattre le feu par le feu. Il a compris que la fin justifie les moyens.
D'une certaine manière, le film est assez malin car il nous présente le personnage féminin (Macer) comme "héroïne" de l'histoire, alors qu'en réalité, celle-ci ne fait que subir la situation et s'obstine à freiner toutes les initiatives. Les événements effleurent sa sensibilité de flic vertueuse. Alejandro à un but, qu'il atteint (venger sa famille) et prouve l'efficacité de sa méthode. Ironique de penser que le véritable "vilain" est en réalité Macer. C'est elle l'antagoniste du film.
Cette construction de personnages profonds dans une histoire apparemment simpliste, démontre la finesse du scénariste (Taylor Sheridan) et de Denis Villeneuve, dans la volonté de décrire des enjeux concrets de notre monde de merde.

Bref, allez le voir Sicario !