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Pour être honnête, je savais déjà que le film serait mauvais avant même de le regarder. Il y a des signes qui ne trompent pas. Pour Silent Hill : Revelation 3D, l'essentiel est dans le titre, le reste dans la bande annonce. Oui, sérieusement.
Déjà, Revelation. De base cela me fait penser aux sous-titres peu inspirés des Twilight, c'est dire si ça m'évoque des grands moments cinématographiques. Puis, le mot n'est pas anodin. "Revelation". On sent de loin poindre une explication risible pour tenter de rationnaliser un monde surnaturel. Alors que ce qui fait son charme, c'est justement son mystère, et ça, le premier film l'avait à mon sens bien compris.
Ensuite, 3D. Est-ce que j'ai besoin d'en dire davantage ? Y a-t-il un seul film estampillé "3D" dans son titre qui soit de qualité ? Je ne crois pas. Et il me semble inutile de revenir sur le procédé : il est toujours aussi dispensable.

Autant le dire tout de suite, je ne connais rien à l'univers de Silent Hill, ce qui doit sans doute expliquer que je sois un grand fan du premier film. Par conséquent, l'essentiel de mon jugement sur le scénario de cette "suite" s'appuie grandement sur les bases de l'œuvre de Gans. Je me permet de glisser des spoils dans la critique, puisque l'ensemble est franchement raté, je ne vous gâche rien.

Revelation se déroule donc un paquet d'années après, alors que Heather, alias Sharon, a presque atteint ses dix-huit ans. Elle continue de faire des cauchemars, et des gens de "l'Ordre" lui courent après. Notons le nom très original de l'ennemi. Notons aussi que... bah en fait, ils sortent d'où ces types ? Silent Hill est pas bien grande, et on voit très clairement les chasseurs de sorcières se faire massacrer dans le premier film, permettant ainsi à Alessa d'avoir sa revanche. Donc voilà, en plus de lapins roses, Bassett nous sort de son chapeau des méchants pour donner une raison de retourner à Silent Hill.
S'ensuit une lourde explication un peu expéditive comme quoi en fait la ville serait bâtie sur un ancien cimetière indien et serait le lieu où apparaîtrait un dieu pour sauver les habitants. J'imagine qu'ils ont dû se creuser longuement la tête pour faire un scénario aussi original. On va de cliché en cliché, ça en est désespérant. Du coup, pour le besoin de l'histoire, on sort aussi des objets de nulle part, avec des noms pas du tout convenus non plus, j'ai nommé : le médaillon de Metatron. Rien que ça. Dans l'idée, il sert à invoquer un dieu. Et sinon, ça sert aussi de mastic pour recoller les morceaux de scénario, en le faisant tantôt disparaître les monstres, tantôt en les révélant... Encore mieux que la barre de faire.
Bref. On suit Heather qui cherche son père, ce qui l'amène à croiser plein de personnages dont l'intervention est aussi courte qu'utile, et finalement elle s'en sort en n'ayant pas fait grand chose d'autre que crier quand il y a un monstre, et sortir une réplique inutile quand il y a quelqu'un pour l'écouter.

D'ailleurs, puisque l'on parle de cliché, il est impossible de ne pas mentionner les personnages. Prenons à tout hasard, le garçon brun qui s'évertue à suivre Heather au début pour finalement l'accompagner jusqu'à Silent Hill (j'ai oublié son nom, c'est dire s'il m'a marqué par son importance). Et bien, on apprend par la suite que c'est un membre de l'Ordre (Oh !), qui plus est, le fils de la chef (Oh !) qui n'est autre que la sœur de Cristabella, la méchante du premier (Oh !), et en fait, il va tomber amoureux d'Heather (Oh !), puis tenter de la convaincre de ne pas revenir à Silent Hill finalement (Ai-je encore besoin de m'exclamer ?), disparaître, être secouru par Heather, et enfin l'embrasser avant de se sacrifier pour lui permettre d'avancer (...).
Je pense que ces surabondances de clichés et de déjà-vu résument assez bien l'insipidité de l'histoire. Le pire à mes yeux étant le traitement réservé à Alessa. Au cœur de l'intrigue du premier, personnage avec une dualité intéressante, qui opposait la petite fille innocente au démon, plongé dans la tourmente et dans le désir de vengeance, la voilà qui apparait royalement deux minutes à l'écran, autour d'un dialogue stupide (et d'un décor débile... un carrousel en train de tourner grâce à un pyramidhead et ses manivelles... SÉRIEUSEMENT ?) pour finalement disparaître... comme ça. Ah, bon. Merci d'être passée, hein.

Un des gros point faible du film est également l'ambiance. Le premier réussissait avec brio à plonger son spectateur dans les tourments de la ville, en alternant judicieusement les trois mondes qui se superposent. Il en résultait une ambiance morbide, pesante et intrigante qui mettait mal à l'aise. L'horreur et l'angoisse naissaient naturellement avec la découverte de ces décors étranges et au rythme de la bande-son.
Ici, le meilleur de la bande-son vient du premier film, mais est utilisé un peu n'importe comment. On place les thèmes sinistres lors d'un dialogue banal alors que les personnages descendent des escaliers.

Pour l'ambiance visuelle, c'est aussi une copie du premier, sans l'intensité. Tout se déroule trop rapidement, sans enchainement suffisamment cohérent, pour que l'effet soit efficace. L'héroïne elle-même semble perdue, affichant successivement une confiance excessive, puis la peur, et enfin le calme. Oui, il y a monstre énorme avec une épée aussi grande qu'elle dans le couloir juste derrière, mais elle a pas l'air de s'en soucier.
Et, une fois n'est pas coutume, on fait dans le cliché. Le premier Silent Hill évitait de tomber dans la systématique "je fais sursauter mon spectateur en faisant apparaître un truc brusquement à l'écran avec une musique stridente". Et bien là, vous y aurez droit, souvent. Mais dans l'ensemble, Bassett fait tellement dans le convenu que ça ne surprendra personne. Preuve en est, cette scène où Heather est adossée à un poteau, et regarde par-dessus son épaule pour voir s'il y a quelqu'un. Comme par hasard, la menace surgit un instant plus tard, tout juste dans le hors-champ de la caméra.

Et que dire de la fin ? Un combat grotesque entre deux monstres au milieu d'un cercle de flamme avec une musique faussement épique ? Non, pitié, n'en rajoutez plus.

Cette adaptation a été faite pour attirer le fan sans réfléchir à comment en faire un bon film . Elle ne prend même pas la peine d'avoir un scénario cohérent avec son prédécesseur. Le but semble avoir été de placer le maximum de références au jeu et le plus de clichés possibles en moins d'une heure et demi. Défi réussi, mais pour la qualité, on repassera.
Schuntly
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le 11 févr. 2013

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