J'ai apprécié l'effet papillon que l'on voit dans ce film. On a beau être enfant, un peu irresponsable, un peu con même, on doit assumer nos actes. Shoya aurait pu se contenter d'une punition mais non, le film va bien plus loin. Il se fait rejeter (il est plus simple de se dire que tout es de sa faute, alors que le groupe est coupable) et fini par choisir de s'éloigner du monde, de ne plus entendre, de ne plus voir, de subir la solitude qu'il a lui même causé. Il intériorise totalement sa culpabilité et il veut payer, rembourser ses actes. Il est son pire juge. On voit l'évolution de son traumatisme : quand sa mère lui demande si ce qu'il a fait est vrai, quand il voit le coût de ses actes en argent/en peine morale pour sa mère et en douleur physique quand elle se fait agresser, quand il comprend ce que Shoko à pu vivre (qu'à signifié pour lui son cahier ?). Le plus simple était de rembourser en argent sa mère mais ça ne suffit pas. Il va retrouver Shoko mais au final sa culpabilité va rester jusqu'au moment où il pourra lui parler à coeur ouvert et qu'enfin il pourra revenir au monde.
On a Shoko, l'enfant naïve et souriante, jamais triste n'est ce pas ? Et pourtant... Une question que je me suis longtemps posée : mais pourquoi sa soeur est fascinée par les photos d'animaux morts ? Est ce une psychopathe ? Du tout, juste une petite soeur qui veut rappeler à sa soeur que la mort n'est pas LE choix. Pas si heureuse Shoko donc. Rongée par une sorte de culpabilité qu'elle s'est construite. Exclue d'un monde qu'elle n'arrive pas à rejoindre. Fautive pour les peines familiales. Fautive d'avoir brisé des vies quand c'est elle que l'on voulait briser. Pourtant Shoko évolue en retrouvant Shoya : un nouvel appareil auditif porté comme un bijoux, des cheveux qu'elle dégage pour laisser voir ses oreilles, faire entendre sa voix pour tenter de dire que ce grand benet lui plait... Mais ses démons continuent de la poursuivre et un jour elle choisie de sauter... pour être être sauvée et échanger sa place avec Shoya. Lui qui avait abandonné le suicide en la revoyant, la sauve et tombe enfin. Il la sauve alors complètement, doucement. Il sauve son corps mais il la pousse aussi à se révéler, à aller vers les autres, à pouvoir exprimer ce qui était compliqué pour elle. Il brise la loi du silence des autres élèves et ENFIN lui aussi pour réentendre, revoir.
On voit des enfants évoluer, pas tous dans les mêmes directions, ni au même rythme. Dans tous les cas qui on a été ne nous détermine pas pour le futur. On voit des personnes qui ont du mal à accepter qu'ils ont été mais qui se laissent hanter par leur passer. On voit beaucoup les thèmes de : la responsabilité, de l'amitié/famille/société, du handicap/vision sociétale/importance du groupe, de la culpabilité...
Une dernière remarque, pourquoi avoir changer le titre original "shape of the voice" pour "a silent voice". Pour moi ça n'a pas le même sens. Le nouveau titre ne désigne qu'une personne, et qui ? Shoya ? Son incapacité à exprimer ce qu'il intériorise tant ? Shape of the voice me semble tellement plus large. On a pas une seule façon de s'exprimer : il y a la voix bien sur, les coups, les mains, l'expression du visage, les photos... La voix malhabile de Shoko, voix qui se transforme sur la fin du film.
Un film qui est peut être dans le "trop", un peu naif et mièvre mais qui nous transporte aussi par moment. Peut être pas un coup de coeur pour moi mais je l'ai apprécié.