Un lycée dans une paisible banlieue bourgeoise des environs de Paris. Les élèves de terminale vont en cours sans trop se forcer, font du sport, de la musique, flirtent (et plus si affinité), fument gentiment des pétards et font des soirées arrosées.


Un élève des élèves disparaît brusquement, ce qui n'a pas l'air de bouleverser ses copains. Puis c'est le tour d'une fille un peu bizarre, puis d'une autre... Ont-ils fugué ? Pour quelle raison ? Le prof de physique est peut-être un pédophile, il a sans doute abusé de son fiston... Fantasmes, bla-bla sans queue ni tête, rien de sérieux... Sauf que Simon Werner, qui ne demandait rien à personne, se fait planter un poignard dans le ventre par un marginal qui vit dans une cabane dans les bois, comme ça, sans raison aucune.


Que font les adultes ? Rien... Les flics mènent une très vague enquête, ils draguent l'étang mais ne cherchent pas qui habite la cabane dans les bois où a été retrouvé le corps.


Mon opinion


Une fois de plus j’aurais dû fuir en voyant que le film avait été sélectionné dans le cadre d’Un certain regard à Cannes qui, sauf exception, équivaut à « film prise de tête ».


Moi qui critiquais le scénario de Numéro Quatre !!! C'est un chef d'œuvre de littérature à côté de celui-ci.


Les acteurs : la plupart s'expriment sans ouvrir la bouche. C'est un fait, c'est ainsi que parlent de nos jours la plupart des adolescents. Sans doute, bientôt faudra-t-il les doubler ou les sous-titrer... Ceci dit, faudrait-il encore que leurs dialogues en vaillent la peine. En l'occurrence, pour entendre : "C'est super ! T'es un enculé ! Elle est bonne. Tu te l'es faite ? T'as une capote ? » et autres dialogues dignes de Shakespeare... Dans ces conditions, il est vrai qu'on peut se passer de sous-titres. Hélas, on ne peut même pas se rabattre sur les mimiques des ados en question, aussi expressifs qu’une limande ayant trop traîné sur le banc du poissonnier.


En résumé : intrigue, scénario et dialogues inexistants (ou pour reprendre l’expression favorite des ados en question : « nuls »). Les acteurs sont là, ils font ce qu'on leur dit de faire, point barre... Quelques-uns sortent cependant un peu du lot : c’est le cas d’Ana Girardot (Alice), Jules Pélissier (Jérémie), Laurent Delbecque (Simon Werner). On ne peut pas en dire autant des adultes aussi transparents que des ectoplasmes fatigués.


Heureusement qu'il y a la BO, écrite spécialement pour le film par un groupe qui s'appelle "Sonic Youth". C’est le seul intérêt du film avec, je dois cependant le reconnaître, l'image, la lumière et les cadrages (signés Agnès Godard) qui sont eux-aussi très maîtrisés.


Mais on sent que le réalisateur, Fabrice Gobert, a un peu trop lorgné du côté des séries ou des films américains ou anglais qui traitent jusqu'à plus soif du mal-être des adolescents comme Paranoïd Park, Kaboom ou GenerationRX... sans toutefois atteindre le niveau d'Elephant, Paranoïak ou de Skins qui sont autrement maîtrisés.


Bref, pas de quoi fouetter un chat, (euh, pardon, surtout pour un ami des bêtes comme moi, un ado !) On a beau savoir que c'est un premier film, je ne peux m'empêcher de le comparer à des pépites que j'ai vues récemment comme La guerre est déclarée ou Toi,moi, les autres, films français aussi, faits avec peu de moyens (le premier a même été tourné avec un appareil photo numérique !), ce qui prouve que point n'est besoin de travellings ou d’équipements hors de prix pour réaliser un bon film quand on a le talent.


Fabrice Gobert s'est depuis heureusement rattrapé en réalisant l'énigmatique série Les Revenants (2012), même si celle-ci n'est pas exempte de maladresses.

Roland_Comte
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le 14 avr. 2015

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Roland Comte

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