Au fond, Simple comme Sylvain ne fait que broder sur un thème usé jusqu'à la corde : l'usure du couple et plus précisément la crise de la quarantaine, côté féminin. Le film n'a par ailleurs pas la même flamboyance esthétique du long-métrage précédent de Monia Chokri, Babysitter, mais la cinéaste compense largement cette apparente normalité par un humour dévastateur, au fil de répliques hilarantes. Comment résister à des dialogues où sont cités tour à tour Arthur Schopenhauer et Michel Sardou ? Cette comédie sur fond d'adultère use assez souvent de poncifs pour mieux les assassiner avec, d'un côté, un milieu bourgeois et intellectuel et de l'autre un univers plus fruste car prolétaire. Inutile de préciser que le film les renvoie dos à dos, avec une certaine jubilation. Simple comme Sylvain n'est pas vraiment une œuvre féministe, elle en est même parfois l'inverse mais la tendresse perce sous le portrait acide d'une héroïne qui se bat classiquement entre la raison et la passion, à elle de choisir si elle est capable de s'opposer aux lois du désir. Les personnages masculins sont à la vérité nettement moins travaillés, frôlant même la caricature, mais cela n'a qu'un impact secondaire sur le plaisir global pris à un film qui a pour but majeur de nous divertir intelligemment et qui y parvient avec un talent incontestable. Ajoutons que l'actrice principale, Magalie Lépine-Blondeau livre une prestation exceptionnelle et carrément culottée.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2023

Créée

le 5 juil. 2023

Critique lue 4K fois

15 j'aime

6 commentaires

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 4K fois

15
6

D'autres avis sur Simple comme Sylvain

Simple comme Sylvain
Moizi
8

Bourdieu ce tue l'amour

Troisième long métrage pour Monia Chokri, troisième réussite. L'histoire connue, une bourgeoise, universitaire, s'ennuie avec son compagnon et va tomber amoureuse d'un mec d'une classe sociale...

le 9 déc. 2023

37 j'aime

Simple comme Sylvain
Plume231
5

Entre deux mondes !

Monia Chokri conte l'attirance entre une universitaire en philosophie maquée (on a le droit à plusieurs pensées de philosophes, comme Platon ou Spinoza ou Sardou, sur ce qu'est l'amour !) et un...

le 10 nov. 2023

28 j'aime

9

Simple comme Sylvain
JorikVesperhaven
8

Génial comme Monia.

Monia Chokri est en phase de devenir une cinéaste incontournable du paysage cinématographique québécois! Après deux œuvres à la fois très différentes (par leur sujet) et similaires (par la manière...

le 4 oct. 2023

20 j'aime

5

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

75 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13