Mais quel est donc le secret du cinéma anglo-saxon ? Qu’il soit anglais ou irlandais, c’est manifestement le même combat. Ces cinéastes semblent dotés d’un véritable talent de l’équilibre. Ce n’est pas toujours la perfection qui les caractérise, mais qu’est-ce qu’ils sont doués lorsqu’il s’agit de justesse. Que ce soit l’humour ou le drame, la romance ou le suspense, ils savent comment ne jamais franchir la ligne de la lourdeur et proposer une production extrêmement soignée. Pourtant ce n’est pas une histoire débordante d’originalité. Dans les années 80’, un adolescent nommé Conor, dont les parents ne s’aiment plus mais ne pouvant encore divorcer à cette époque, se retrouve par conséquent muté dans une école publique. Très vite malmené par les caïds de l’établissement, il doit trouver un moyen de se faire respecter. C’est là qu’il fait la rencontre de Raphina, une fille plus âgée dont il tombe rapidement amoureux. Sentant qu’il ne pourra jamais vraiment séduire cette fille, qui joue dans la cour des grands par rapport à lui, il décide de l’impressionner en prétextant faire partie d’un groupe. Mais comme ce n’est pas bien de mentir, il suffit de faire du mensonge une réalité. Rien de plus simple ?


Sing Street aborde de nombreuses difficultés de la vie familiale et sociale. Basé sur des éléments vécus par le réalisateur, on constate l’évolution de maturité de Conor, son passage progressif à l’âge adulte. Le fait que ses parents ne puissent pas divorcer légalement, sa place en tant que troisième enfant dans la famille, sa découverte de l’amour ou encore la persécution qu’il subit au quotidien dans son nouvel établissement. Mais au travers de tout cela, c’est une ode à la musique qui se joue devant nos yeux, abordant également le thème des conflits de génération. Sur ses airs de feel good movie, Sing Street retrace une partie de l’histoire de la musique et l’assimile à un état d’esprit à avoir, une maturité à acquérir, une sensibilité à découvrir. Notre héros est ébahi par l’apparition de clips vidéo et des nouveaux groupes en vogue pendant que son grand frère lui inculque la vie à grands coups de classiques de Rock. L’histoire nous incite en toute simplicité à avoir le courage de se lancer dans un projet, une relation, n’importe quel domaine tant qu’on y croit. C’est un peu le principe du feel good movie certes, mais il y a ici cette innocence chez les personnages qui ne se posent même pas la question de savoir s’ils vont échouer ou si cela est réalisable, financièrement ou humainement parlant. Ils se lancent dans ce projet avec une véritable candeur et une sincérité qui force le respect. C’est là que la justesse du cinéma anglo-saxon opère. A l’exception de quelques scènes un peu forcées, notamment sur les moments en tête à tête entre Conor et Raphina, qui correspondent néanmoins à la psychologie des protagonistes, à aucun moment on essaie de nous tirer la larme de l’œil.


Malgré quelques légers défauts, John Carney confirme son attrait pour les films musicaux et sa capacité à les réaliser. On peut d’ailleurs en conclure que le film souffre de quelques faiblesses. Certains personnages sont vraiment très peu mis en avant et apparaissent presque comme du remplissage. On pourrait également penser que leur band(e) est un peu caricatural, le héros en quête d’identité, l’intello qui sait jouer de tout, un homme de couleur pour remplir le quota racial, un roukmout parce que quand même on est en Irlande, le duo un peu comique bad boys et la starlette qui attire tous les regards. Malgré tout, les personnages ont tous une identité propre vraiment intéressante et bien développée. Ils ont tous leur caractère qui s’incruste bien dans le cadre d’un groupe de rock. En sommes, malgré quelques détails dommageables, il en résulte un excellent film qui donne la pêche et qui donne envie de se motiver à réaliser nos projets, à être ambitieux. Après New York Melody ou Once, John Carney continue son aventure des films musicaux, ou à portée musicale, et confirme sa maîtrise du genre. Indéniablement un cinéaste qui deviendra plus connu à l’avenir dans nos contrées françaises.


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le 4 mars 2019

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