Le Bond et le méchant:
SKYFALL confirme pour moi, Daniel Craig comme le meilleur interprète de James Bond après Sean Connery (qui lui EST James BOND).


Craig compose un personnage qui ne doit rien aux interprétations précédentes en revenant aux sources du littéraire du personnage c'est avant tout un assassin (Fleming le décrit comme « a blunt instrument » -un simple instrument contondant), dont le rachat vient qu'il met ce don au service de son pays. Il parvient à humaniser 007, le rendant physiquement plus vulnérable sans jamais lui faire perdre son statut iconique.

Les scénaristes reprennent des intrigues des romans originaux non encore exploitées dans les films comme le débriefing d'un Bond diminué à son retour de mission qui rappelle le début du roman "L'homme au Pistolet d'Or".

Le vilain Silva partage des traits communs avec des précédents méchants de la franchise mais on retrouve aussi chez lui des caractéristiques très présentes dans les méchants littéraires des Bond comme sa difformité cachée et son coté malsain.
Javier Bardem compose un psychopathe reptilien victime d'un étrange complexe d'Œdipe, il joue tantôt avec malice, menace, et parfois une vraie détresse qui rend son méchant presque tragique. L'ambiguité sexuelle qui lui donne renforce son opposition à Bond l'hetero ultime de la culture populaire dont il constitue le double maléfique. Leur premiere confrontation est LA scene du film pour moi.

Le personnage de M (Judi Dench), devient pratiquement la James Bond Girl du film et montre une face sombre du personnage qui nous rappelle les décisions terribles que sont amenés à prendre ces hommes et femmes de l'ombre. Le reste de l'interprétation est au diapason (n'oublions pas que Sam Mendes vient du théâtre) avec Ralph Fiennes et Naomi Harris excellents dans des rôles dont on ne peut rien dire ici pour préserver le suspens.


SKYFALL est de loin le James Bond le plus visuellement abouti par la grâce de Roger Deakins chef opérateur des frères Coen qui peint de véritables tableaux, des couleurs chaudes d'Istanbul, au caléidoscope futuriste de Shangai pour terminer dans les brumes d'Ecosse. Le film est un des plus beaux de l'année sur le plan graphique.

Un Bond atypique et psychologique:
Même si il fait ,50e anniversaire oblige, des clins d'œil aux grands classiques de la franchise tout au long du film (surtout à l'ère Connery l'homme a du goût!), Sam Mendes s'écarte de la formule habituelle des Bond.

La mission (retrouver un disque contenant des données sensibles) devient vite accessoire, l'enjeu du film repose sur les relations réelles et symboliques entre les protagonistes faisant du film un thriller psychologique plus qu'un film d'espionnage.

La seconde moitié de SKYFALL se déroule essentiellement en Grande-Bretagne, une première pour la franchise (permettant à James Bond de découvrir le métro aux heures de pointe !).
Le final surprend, empruntant à "Impitoyable" de Clint Eastwood et aux "Chiens de Paille" de Sam Peckinpah baignant même dans une ambiance quasi fantastique.


L'absence d'une "James Bond Girl" marquante comme a su l'être Eva Green, le jeu de Bérénice Marlohe est un peu trop forcé et n'arrive pas à imposer son personnage qui reste de toute manière accessoire.

Sam Mendes n'est pas un faiseur de blockbuster, il privilégie la psychologie et l'esthétique aux détriments des scènes d'actions qui se font moins percutantes mis à part le pré-générique stambouliote (dédicace à Check The film).
SKYFALL est moins trépidant et perd en rythme ce qu'il gagne en force dramatique.

Conclusion

Film hanté par la mort, le regret mais aussi la résurrection puisqu'il tue symboliquement 007 pour mieux lui redonner son aspect classique, SKYFALL est un véritable second reboot qui ramène à la fois le personnage et la franchise à leurs origines pour mieux les projeter vers l'avenir. 008 pour 007 !
PatriceSteibel
8
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le 15 nov. 2012

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PatriceSteibel

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