Sam Mendes s'est-il inspiré du travail de Christopher Nolan sur The Dark Knight Rises ? J'y ai trouvé les mêmes tares et qualités. Le rythme est bon et les thèmes abordés pourraient être intéressants. Il y a la volonté d'apporter une épaisseur à la superficialité de la série.
Par contre, c'est un James Bond qui n'en a que le nom, malgré le fan service assumé. De la bagarre, de l'esbrouffe, des femmes, de l'exotisme, des gadgets, le compte y est presque. Bien que James soit lui-même un peu dépité des gadgets accordés.

Le programme s'annonce alléchant au départ, puis le scénario se centre sur M. Je n'ai jamais pu sentir son personnage. Une Angela Merkel britannique aussi attachante que son austérité en temps de crise. Le grand méchant interprété par Javier Bardem a du potentiel, mais il est crucifié sur l'autel d'un scénario dont il faut accepter les nombreuses invraissemblances pour savourer le coeur. Il y en a trop à mon goût, tout comme The Dark Knight Rises, à en insulter l'intelligence du spectateur qui les subit de plein fouet malgré son envie de ne pas s'y attarder. Les anciens James Bond n'étaient pas des modèles du genre, mais je trouve qu'il y avait toujours un côté bon enfant, parfois un peu potache, surtout avec Roger Moore, qui n'offusquait pas la logique la plus rudimentaire. Des scènes surréalistes, oui, mais pas complètement invraissemblables, surtout pour un James Bond aussi "sérieux" dans son jeu, que cela en devient risible.

Attention spoilers. L'exotisme de départ s'évanouit pour nous dévoiler les dessous de Londres et les terres arides écossaises. L'insupportable Angela Merkel que tout le monde aime tant est poursuivi par le cruel Gérard Darmon (oui je parle de ce cher Javier). James la protège au péril de sa vie dans le manoir de son enfance. Il y trouve un vieux fusil de chasse et un vieil écossais en état de marche. Seul face contre tous, notre Rambond défend chèrement sa peau. On a donc droit à un final composé d'un trio magique dans une vieille bicoque humide : une vieille dame affolée, un vieux gardien qui passait dans le coin, et James équipé d'un fusil de chasse.
Après un hélico surgi de nulle part, quelques dizaines de mort, et une grosse explosion, rendez-vous à l'église. On nous offre un psychodrame intimiste entre Darmon et Merkel, aussi magique que la mort de Marion Cotillard dans The Dark Knight. Merkel semble estomaquée d'être au centre d'une telle histoire, et ce pauvre Darmon peine à l'y impliquer.

Conclusion mitigée. L'audace d'un Casino Royale n'est pas ici récompensée. L'univers de James Bond y était recomposé avec brio. Ici, nous avons un film largement plus intéressant qu'un Quantum of Solace, qui a toutefois une saveur qui ne plaira pas à tout le monde. Je n'y ai pas senti Mendes très à l'aise. Il essaie de faire cohabiter une thématique très personnelle et un hommage à la série. Entre critique et hommage. Bien que les temps changent, les dinosaures s'accrochent à leur terre. James tente de se réfugier dans son passé, mais dans sa fuite tout lui échappe. Les origines de son mythe sont en ruine. Le luxe, les femmes, l'exubérance. La Grande-Bretagne est à l'image de M, une vieille dame acculée que l'histoire finira par rattrapper au sein même de son antre. Il n'y a pas d'autre alternative qu'exterminer le monstre qu'elle a enfanté et abandonné. Le mythe a gagné un sursis. Il survit, le temps de croire en un futur où il n'a plus sa place.
Cowabunga
6
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le 28 janv. 2013

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Cowabunga

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