Alors que tout le monde n'a de cesse de décrire The Human Centipede comme étant quelque chose de malsain et immoral, d'autres productions, sans la moindre tâche de sang ni le moindre effet-spécial arrivent à vous figer d'effroi grâce à une mise en scène lente et froide, ainsi que des situations inspirant le plus profond dégoût.
De vieux bonhommes qui veulent passer la nuit avec de la chaire fraîche, sous somnifères, et une liberté pour eux d'assouvir tous leurs fantasmes, hormis la pénétration. A l'inverse d'un Irréversible, il n'y a pas de coït, la chose est consentie, et pourtant la répulsion comme l'angoisse s'emparent de nous. Une angoisse qui s'amplifiera au fur et à mesure des « séances », durant lesquelles la nudité de Browning nous sera totalement dévoilée, où elle inanimée, molle, d'un blanc immaculée et dont l'aspect cadavérique nous suggère la nécrophilie plus que l'érotisme.
L'œuvre en elle-même ne cherche pas à révéler un fond particulièrement philosophique, si ce n'est dévoiler une nouvelle déviance de la bourgeoisie qui cherche des moyens de se divertir/pervertir, elle ne fait que dresser le portrait d'une jeune femme, qui pour se remplir les poches, enchaînera les basses, ou plutôt salaces besognes.

Bref, Sleeping Beauty est une production intéressante, dont la bichromie esthétique impose beaucoup (Browing, en plus d'être extrêmement pale, porte presque exclusivement des couleurs claires, alors que tous ceux de la haute arborent des tons sombres).
Dotée d'une rythmique démesurément lancinante, elle aura de quoi déstabiliser, ses scènes paraissant longues (certaines trop), mais assurant des monologues mettant en avant certains talents considérables (Peter Carroll en tête de liste).
Julia Leigh, qui écrit et réalise ici son premier film, révèle un potentiel considérable, et pour un premier coup, on applaudit, bien que l'on eut aimé qu'elle soit allée un peu plus loin. Il n'en reste pas moins qu'elle nous a servi le produit le plus morbide de l'année sans verser de plasma, ce qui est un exploit que peu ont accompli.
Pour conclure, les amateurs de drames noirs et immoraux dépeignant des profils complexes et désenchantés auront ici quelque chose capable de combler leurs espérances. Ceux qui comptaient se rincer l'œil avec un film simili érotique déchanteront vite, ça n'en est pas un, et qui plus est le développement étant lent, ils risquent finalement de piquer du nez.
Mention spéciale pour Emily Browning, qui après le grotesque Sucker Punch revient sur les devants de la scène, et cette fois ci pour de bonnes raisons. Certes sa plastique est encore un des pignons de l'engrenage, mais son interprétation ne consiste plus à enchaîner sautillements et dialogues idiots, simplement à jouer un grand rôle. Il aura fallu attendre, mais Emily aura enfin eu à incarner un personnage capable de nous prouver qu'elle a reçu des cours de comédie.
SlashersHouse
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le 2 nov. 2011

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