L'avalanche accouche d'une boule de neige
Mis à part trois pics [deux dîners et un bar d'altitude], Snow therapy n'atteint pas les sommets tant vantés. À peine venteux, finalement très convenu, le "film phénomène" ne bouleverse pas la météo.
Mis en mouvements par un dispositif très théâtral, mécanique bien huilée mais vaine dont les dialogues sont la colonne vertébrale, le verbe prenant souvent le dessus sur les personnages, le film de Ruben Östlund délaisse le rythme au profit de scènes souvent trop longues et se vidant de leur contenu. Si le cœur du récit a du sens, son exploitation peine à convaincre tant elle ne creuse finalement pas là où ça fait mal. On ne nous épargne pas non plus les discussions convenues sur les couples et leurs problèmes façon Marie-Claire ni un mea culpa pleurnichard qui frise le ridicule.
Malgré quelques répliques bien amenées, le film ne réussit pas à être drôle. Il n'est pas émouvant non plus tant on peine à s'identifier à ce couple dont les fêlures énoncées font à peine craquer le vernis. Les deux dîners pourtant, la scène du bar d'altitude, la fameuse scène de l'avalanche également, démontrent un vrai savoir faire, le rythme venant alors soutenir dialogues et attitudes. Mais le cinéaste semble avoir du mal à couper, se laissant trop souvent porter par le plaisir stérile de ses propres mots quand il devrait panser de ses personnages les maux.
La mise en scène est studieuse, fruit d'une mise en place précise reproduisant à l'envi les principes du cinéma dit d'auteur, nombreux plans de coupe, plans larges un peu abstraits, longs plans d'exposition, intrusions burlesques. Mais tout cela manque singulièrement d'âme. On sent la récitation.
Si la fin est intéressante, elle intervient trop tard. Beaucoup trop long, Snow therapy mériterait peut-être un remontage après avoir été amputé d'au moins trente minutes. Ça donnerait peut-être quelque-chose. En l'état, l'avalanche accouche d'une boule de neige.