Society
6.4
Society

Film de Brian Yuzna (1989)

C'est complètement fou ce film, je sais même pas trop quoi en dire si ce n'est que j'ai envie de vous en toucher deux mots, en tout bien tout honneur, as usual.

Etant aussi mauvaise comédienne que les acteurs présents dans ce film (pour vous donner un ordre d'idée, l'acteur principal poursuivra sa carrière dans Alerte à Malibu) je ne vais pas tenter de vous berner : il est clair que sur la forme, on est loin du bon tant au niveau de l'interprétation donc, que de la réalisation. Les eighties capillophobes ont encore frappé ! "Le brushing à ta reum" peut ici prendre l'allure de la pire insulte qui soit et le héros nous balance à la tronche sa plus jolie coupe mulet ! Alors oui, on s'en fout un peu, c'est même plutôt jouasse ce p'tit voyage dans le temps pour pas un rond, mais à cela s'ajoutent une mise en scène discount qui fait qu'au début, on se demande si l'on n'est pas tombé nez à nez avec un navet patenté.

--- Alors là je vais faire traîner ma phrase pour vous avertir que je !SPOILE! un peu et que ce serait dommageable, si vous n'avez pas vu ce film que vous soyez !SPOILé! donc je vous prierai de bien vouloir passer à la critique suivante afin d'éviter toute !SPOILATION!
Merci :) ---


Et bien pas vraiment. Car le scénario, qui au départ peut nous paraître familier, ma manière gentille et avenante de dire "déjà vu", est plutôt intelligent, intéressant et bien culotté. Le jeune Billy, qui approche de sa majorité ( "J'ai des droits : j'ai presque dix-huit ans !!" avec de telles sorties, t'as surtout le droit de la fermer !) soupçonne ses parents et sa sœur aînée de se livrer à des soirées de débauches incestueuses et des parties fines orgiaques avec toute la haute société du coin. Cette élite formerait un groupe, une sorte de société secrète, protégés qu'ils sont et par leur statut social et par les forces de l'ordre qui semblent à leur service. Le souci est que Billy est suivi par un psychiatre, et l'on ne sait pas vraiment si c'est lui est paranoïaque ou si toute cette joyeuse troupe s'adonne à ces partouzes initiatiques (car le jeune-homme découvrirait le pot-aux-roses au moment de la soirée organisée pour le dépucelage de sa sœur qui constitue son entrée dans le monde, sans mauvais jeu de mot ou presque).

Alors vous me direz, le coup du "on nous prend pour des jambons et les riches nous la mettent profond" c'est vieux comme Hérode et vous avez surement raison, mais si vous arrêtez deux secondes de ronchonner dans votre barbe, vous m'entendrez peut-être vous dire que la critique acerbe faites ici des classes dirigeantes en générale (car je suis persuadée que le propos ne vise pas que quelques bourgeois beverlyhillssien) est bien sentie, nappée d'une bonne couche d'ironie et tape juste, le film ne trouvant d'ailleurs un distributeur aux Uhèssa que trois ans après sa sortie en Europe... J'aime bien le fait d'avoir inséré dans ce panel de corrompus des représentants de la justice (le juge) et de ceux sensés assurer notre sécurité (les policiers) pour nous faire comprendre que ce cher Billy n'a aucune voie officielle vers laquelle se tourner. Plutôt intelligente la fin, où l'on voit que le coup d'éclat de notre héros n'est en fait qu'un coup dans l'eau et que notre bonne société en place n'a qu'à faire jouer quelques relations, secouer quelques biftons pour glisser sous le tapis tout événement un peu gênant... Pas très optimiste, quoi qu'en pense ce brave Billy qui part en trombe au volant de jeep, mulet au vent (on parle toujours de ses cheveux hein, pour ceux du fond près du radiateur qui ne suivraient plus).

Comment ne pas mentionner les effets spéciaux / maquillages de malades créés par Screaming Mad George. C'est simple, à la fin c'est une escalade dans le dégueu, les corps fusionnant, se fluidifiant dans un gore grotesque et jouissif car aucunes limites ne semblent imposé à l'esprit créatif (et un peu taré, certes) du mec qui parvient à donner tout son sens à l'expression "avoir une tête de cul". Si vous aimez l'univers des chairs dans tous leurs états à la Cronenberg (mais ici c'est pire) ce film vous plaira au moins pour ça, à l'inverse si vous avez l'estomac fragile... Bon.

J'ai lu par ci par là que le film était long au démarrage, moi je ne trouve pas car dès le début, et régulièrement ensuite, sont distillés des ingrédients qui instaurent le malaise et donne un petit climat malsain au long-métrage. Son principal défaut en fait est un manque de moyens à allouer à de meilleurs acteurs et un réalisateur plus talentueux, Yuzna aurait de ce fait pu se contenter de produire, ce qu'il faisait alors très bien avec Re-animator ou Dolls.

Donc en gros c'est un film assez mauvais, mais intelligent avec des maquillages complètement barrés et une fin orgiaque et dégueulasse qui restent dans les mémoires... bah j'vous le disais au début : dingue.
Pravda
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le 2 déc. 2013

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Pravda

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