Voilà, Soldiers of Fortune, l’adversaire des Expendables, vient d’arriver dans les bacs américains (et arrive en octobre en France). Ça serait un euphémisme de dire que nous attendions la pellicule avec beaucoup d’impatience, car malgré un budget maigrichon de 8 millions de dollars, le casting avait tout pour faire tourner la tête. Néanmoins, que l’on ait eu la tête qui ait fait ou non des centaines de tours sur elle-même, Soldiers of Fortune n’est pas totalement à la hauteur ce que l’on espérait. A peine la bobine lancée les choses commencent mal avec une infiltration par Christian Slater et son collègue dans un village taliban. C’est plutôt marrant car Slater est à distance et l’autre est camouflé en burqa, mais malheureusement la profusion d’acteurs portant de fausses barbes décrédibilisent la chose et nous rappellent le Team America World Police de Trey Parker et Matt Stone. Bon ok on rigole, mais l’idéal aurait été de se limiter au burlesque de la burqa et ne pas afficher dès de début d’évidents défauts de production. Soit ça s’arrange beaucoup par la suite, grâce à une pléiade d’acteurs qui s’amusent comme des fous, dont l’alchimie opère à l’écran et transforme une pellicule très bancale en un joyeux petit actioner faisant passer le temps de façon plutôt sympathique. Ce qui est d’ailleurs paradoxal c’est que le meilleur du film est sa partie comique, avec une ribambelle de rookies qui s’envoient continuellement des fions à la gueule, en plus de passer pour de gros bouffons lors de leur entrainement, désopilant le personnage de Christian Slater, forcé d’accompagner ces riches en mal de sensations fortes qui veulent participer à la libération d’une île dont les habitants sont sous le joue d’un dictateur.
C’est d’ailleurs une fois l’opération lancée que les problèmes reviennent, avec une écriture pauvre rendant cette histoire totalement improbable (faut reconnaître que Maxim Korostyshevsky réalise ici son premier film, scénarisé par Robert Crombie, Alexandre Coscas et Joe Kelbley, tous trois peu chevronnés). Pourtant on a connu des types seuls (Stallone dans Rambo, Schwarzy dans Commando) qui arrivaient à nous faire croire à la possibilité d’une guerre gagnée par un seul homme, alors qu’ici ça ne fonctionne tout simplement pas. Dommage, car cette invraisemblance avait tout pour nous rappeler ces scénarios totalement farfelus comme seules les années 80/90 ont su nous en servir.
On ne va cependant pas mentir, le passage où les bleus-bites prennent conscience de leur devoir fait quand même son effet, avec un Ving Rhames lançant un « let’s go kill some bad guys » avant de mitrailler avec un big gun fantasmagorique tout un peloton, épaulé par un James Cromwell jouant le vieil homme posé qui fait bien plus confiance à la discrétion de son fusil de sniper. Un passage correct bien mené, contrairement à la première scène d’action, mais vidant une bonne partie du budget, explosions se multipliant, et la production n’a pas d’autre choix que faire capturer nos amis, en plus de nous servir un inévitable retournement de situation avec l’un des membres qui était une balance.
Puis la fin arrive, et comme il doit rester tout juste quelques milliers de dollars le dénouement se passe dans des tunnels miteux, à l’inverse des productions des eighties qui n’échappaient jamais au palace du dictateur. N’enfonçons pas non plus ce métrage, le premier Expendables faisait pareil…
Soldiers of Fortune ne ment donc pas sur la marchandise, c’est un film américain à 8 millions de dollars, avec tout ce que cela peut impliquer de positif et négatif. On a de bonnes idées pour la partie humoristique des dialogues (ce qui faisait vachement défaut à The Expendables), le casting est un vrai bonheur, prend son pied de façon communicative, Christian Slater se dévoue corps et âme dans un film d’action comme ça n’avait pas été le cas depuis Broken Arrow, on a quelques bonnes fusillades et une indigence qui tente d’être masquée par une profusion de véhicules militaires (jeeps, tanks, hélicos, bateaux etc etc). Cela dit on aurait aimé une histoire mieux développée ou mieux tournée afin de la rendre plus crédible, de même que l’on aurait apprécié plus de gore, car bien que ça saigne pas mal, la production aurait dû se lâcher davantage, le film étant de toute façon interdit aux moins de 18 ans aux States. Néanmoins on n’a pas le temps de s’emmerder, et cette réunion de beaucoup de gueules souvent reléguées au second plan fera partie des éléments qui viennent sauver cette pellicule qui avec un mauvais casting n’aurait absolument pas eu le même intérêt.