Est-ce son très estimable "Assassinat du Père Noël", tourné trois ans auparavant, qui a incité Christian-Jaque à tourner une nouvelle fois dans un village de montagne couvert de neige ? En tout cas, l'inspiration, dans "Sortilèges", n'y est pas, malgré la présence de Prévert au scénario, adaptation d'un roman, et aux dialogues.
Sur un col enneigé, un meurtre crapuleux est commis par un marginal, Jean-Baptiste dit le Campanier, sorte de guérisseur un peu sorcier qui cache son crime. Le début du film est intrigant, d'autant plus que les personnages sont peu ou mal identifiés, et les cimes, le décor en général, associés à l'idée de surnaturel produisent le sentiment d'étrangeté recherché par Christian-Jaque.
En fait, la dimension sortilèges ou malédiction ne pèse pas grand' chose dans le scénario ; c'est plutôt la fatalité qui menace les personnages, comme au temps récent du tandem Carné-Prévert. Le film est la combinaison un peu artificielle d'une intrigue criminelle sans grand relief et d'un mélo sentimental sur fond de rivalités amoureuses et de jalousies. Les protagonistes et le sujet semblent inaboutis. Dans le rôle d'une jeune fille amoureuse et maladive, René Faure incarne un romantisme suranné aux portes du ridicule. A l'inverse, le méconnu Lucien Coëdel, dans le rôle du sinistre Campanier, propose une belle prestation, tout en modération.