J’avais été profondément horripilé par l’apparition du Spiderboy dans le semi-Avengers qu’on appelle Captain America 3. Je me demandais ce qu’on pouvait tirer de la frustration de cet ado agaçant de ne pas être sélectionné par des pairs qu’il a eu l’espoir d’intégrer. Watts prend par surprise et par l’évidence : il en tire… la frustration d’un ado agaçant.
Tom Holland maîtrise affreusement bien tout ce qui le rend énervant, et il devient impossible d’en vouloir à Peter Parker malgré toutes les scènes qui sont à la gloire de sa nullité. Il est mis en marge des Avengers, maintenu dans un petit monde qu’il s’efforce d’agrandir par la technologie et sa célébrité youtubesque (avec en plus Jon Favreau de retour au casting, ça nous rappelle la belle intégration de Twitter dans Chef) et il se trouve qu’on avait simplement besoin de ressentir cette absence des grandes stars pour trouver le gugusse attachant et son costume avec (dont la voix de Jennifer Connelly vient à nous manquer) ; en bonus, ça redore le blason bien décoloré des Avengers dont la vie non-combattante se partage, dans le fond, entre de grandes tâches non dignes de figurer sur pellicule et la déformation médiatique (le Captain et ses clips éducatifs sont renversants).
À côté, Marvel confirme sa nature de fabrique à méchants contre vents et marées puisque Michael Keaton joue aussi bien que sa genèse est ratée. Pour partie prolétaire lésé, pour partie criminel dans l’âme, son personnage ne trouve pas ses marques dans l’ère supertechnologique apportée le jour où le ciel de New York a été troué. Il commet un meurtre soudain qui ne lève le sourcil de personne. « Oups, je croyais que c’était le fusil antigravité ». L’autre génération, celle qu’on éduque, ne comble pas du tout ce trou ; on sent qu’on n’a pas voulu mettre l’accent sur les interactions adolescentes, et il en résulte des échanges comme datés et à moitié écrits.
Cet alliage d’un méchant faible avec un gentil faible rend le film entier faible. C’est un grand avantage que de nous faire percevoir le monde de Spiderman d’une manière aussi inattendue que tout l’est pour un adolescent superstar et sans expérience, mais insuffisant pour créer l’incise, même avec la large présence de Downey Jr. (qui acquiert décidément une place paternelle chez Marvel) enfin réconcilié avec Gwyneth Paltrow.
Quantième Art