Dès son arrivée dans le MCU, soit un retour inespéré du super-héros à la maison mère (Marvel) depuis son passage chez Sony (les sagas de Sam Raimi et de Marc Webb), Spider-Man s’est vu offrir un projet. Une aventure en solo tout de suite annoncée en grande pompe, et mise en place par une apparition du personnage dans Captain America : Civil War seulement réalisée quelques mois avant la sortie de celui-ci. Une entrée en jeu afin d’expliquer que ce Homecoming, je l’appréhendais énormément. Que malgré son relooking plutôt réussi dans Civil War (notamment sur ses réparties et son masque animé), je voyais ce long-métrage d’un sale œil. Parce qu’il a été annoncé précipitamment juste pour surfer sur l’aura de son personnage. Afin que Disney/Marvel puisse profiter du succès de son héros le plus vite possible, en plus des autres Avengers. Bref, d’avoir un divertissement certes spectaculaire grâce au budget alloué, mais brouillon au possible, réalisé à la va-vite. Après son visionnage, j’ai été agréablement surpris d’avoir eu droit à un film bien plus réussi que les deux derniers essais de Sony (les The Amazing Spider-Man, surtout le 2) et d’avoir passé un agréable moment. À défaut d’avoir eu un divertissement marquant comme la trilogie de Sam Raimi.


Mais je dois féliciter pas mal de choses avec ce Homecoming. La première étant la présence du Vautour au bestiaire des antagonistes cinématographiques de l’Homme-Araignée. Un fait anecdotique et très subjectif, mais j’étais content que Marvel décide de prendre ce personnage, comme s’il s’agissait d’un pied de nez à Sony. Le studio avait, en effet, annulé le projet tant attendu de Spider-Man 4 pour divergences artistiques, Sam Raimi voulant absolument le Vautour pour la continuité de sa saga (le passage de l’adolescence à l’âge adulte, jusqu’à la vieillesse) mais refusé par les producteurs car pas assez vendeur. Déjà que ce genre de problème s’était déjà fait ressentir sur le troisième opus, avec le traitement de Vénom (Sony l’ayant imposé pour des raisons commerciales à Raimi, qui n’en voulait pas)… Donc, à titre personnel, avoir pris le Vautour était une idée plutôt jouissive, une sorte de revanche sur un film que j’attendais énormément à l’époque… Un peu comme la présence de Michael Keaton dans le rôle (les Batman de Tim Burton, Birdman). Mais au-delà de ça – et pour revenir à plus d’objectivité – Homecoming réussit son intégration dans l’univers des Avengers via sa séquence d’introduction. Un moment reprenant la fin du premier Avengers dans lequel un homme, pour subvenir à sa famille, va voler les « restes » de la bataille de New-York. Ce qui offre beaucoup d’opportunités pour les films à venir de la franchise, étant donné que cela peut donner naissance (et ainsi redonner une toute nouvelles jeunesse) à une multitude de personnages de l’univers Marvel (aussi bien super-héros que super-méchants) comme ici le Vautour et Shocker. Une « mise à jour » bienvenue dans l’univers Marvel, qui n’oublie pas les clins d’œil aux comics (comme le premier costume de Shocker) pour le plus grand plaisir des fans, sans trop en abuser.


Le personnage de Spider-Man même est réussi. Bien qu’il n’ait pas le côté torturé des films précédents, il n’avait clairement besoin d’être abordé de la sorte dans Homecoming. Ici, nous avons un adolescent – une période de la vie où il faut commencer à trouver sa place dans la société – qui, ayant les capacités de devenir un super-héros, tente de trouver sa place au sein même de personnes au niveau de Captain America et de Thor. Si le traitement du personnage n’est pas original, il reste logique et bien amené, offrant une toute nouvelle vision du super-héros… et surtout permet au script d’éviter certaines redites redondantes (comme la mort de l’oncle Ben, ici juste évoquée). Même si, je reconnais, je suis un peu contre tous ces gadgets qui lui ont été offerts, ce qui casse l’image du petit super-héros débrouillard et « MacGyver » qu’est le personnage. Le tout en reprenant le style propre à un bon teen movie, avec la légèreté et les problèmes d’adolescents propres justement au personnage de Spider-Man sans toutefois mettre de côté l’évolution psychologique de ses protagonistes. Classique, sans doute cliché sur certains pans de l’histoire, mais efficace dans l’écriture. Enchaînant les moments de bravoures et séquences drôles avec un rythme précisé. Le tout aidé par un casting pour le moins honorable, mené par un Tom Holland qui s’amuse comme un petit fou dans les collants bleus et rouges du Tisseur. Même s’il faut avouer que les seconds rôles, bien que faisant le job, n’impressionne guère, Michael Keaton en tête (grosse déception de ce côté-là !).


Mais le gros reproche que je fais à ce Homecoming, ce n’est pas cette vision du super-héros, pour certains jugées trop enfantines. Cela ne m’a pas dérangé étant donné que cela correspond à l’esprit du film sans trahir le matériau de base, tout en s’imbriquant convenablement dans la franchise Avengers. C’est l’aspect « on se repose sur nos lauriers » qui suinte à chaque seconde de ce long-métrage qui le nuit. Car malgré le bon moment passé devant, les effets spéciaux qui en jette et – tout simplement – la présence de Spider-Man, il s’agit d’un film de super-héros lambda. Renouveler le genre n’était clairement pas son ambition de base, j’en conviens, mais il aurait été préférable que ce Homecoming se montre marquant. Ou propose quelque chose de marquant. Pour dire, même si j’en pense du mal, The Amazing Spider-Man 2 avait une scène qui m’avait marquée (la mort de Gwen Stacy). Là, il n’y a rien ! C’est rythmé, c’est fun (le montage joue beaucoup la carte de l’humour par le biais de cuts)… mais ce n’est jamais spectaculaire ni percutant : bande originale oubliable qui ne fait que reprendre la chanson culte « L’Araignée, l’Araignée… », mise en scène impersonnelle au possible, aucun plan iconique, effets spéciaux gratuits… Même au niveau des supposées grandes séquences du film, qui sont repompées sur les précédents films (celle du ferry fait penser au métro de Spider-Man 2) ou bien manque d’envergure (le face-à-face final avec le Vautour). Sans oublier des références aux comics (Spidey enfoui sous les gravats), qui ne parviennent pas à retrouver la puissance de leur modèle papier. Là est donc tout le problème de Spider-Man : Homecoming, comme tant de films estampillés Marvel : le côté interchangeable. La firme a beau élargir son panel de longs-métrages, elle livre de plus en plus de titres tellement similaires qu’elle provoque la lassitude. Et ce Spider-Man ne déroge malheureusement pas à la règle, car ne se reposant que sur l’aura de son personnage. Exclusivement là-dessus, sans véritablement prendre en compte tout le reste pour satisfaire son public. Le long-métrage aurait même très bien jouer avec ce qui est dit dans le second paragraphe (la présence du Vautour, celle de Michael Keaton) mais non... l'équipe a préféré rester dans ses souliers plutôt que de risquer quelque chose...


Espérons que le second opus, déjà prévu pour 2019, saura amener notre Spidey vers de nouveaux horizons et que la firme Marvel/Disney cherchera (enfin) à se renouveler. Car ce Spider-Man : Homecoming a tout pour être un très bon divertissement. Et pour cause, il se montre agréable, drôle, récréatif et très sympathique. Mais malheureusement trop « déjà-vu » pour marquer les esprits. Une sorte de « passe-temps » dans l’attente d’Avengers : Infinity War, qui ne saurait tarder. Et Thor : Ragnarok ? Et Black Panther ? Je ne les compte pas, m’attendant comme Homecoming, comme tant d’autres Marvel, à voir encore une fois le même film…

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le 24 sept. 2017

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