La meilleure adaptation de comics depuis Scott Pilgrim !

APRÈS SÉANCE


Après l’immondice Venom, Sony se rachète une conscience et signe une des meilleures adaptations de comic books. Quelle année schizophrénique pour le studio japonais qui a visiblement conservé les droits d’exploitation de l’araignée en film d’animation. En attendant le retour du héros en chair et en os (interprété par Tom Holland), Sony propose Spiderman : New Generation (ou Spiderman : Into the Spider-verse en original) avec l’ambition de créer une saga de films d’animation autour de l’univers arachnéen. Pari gagné !


Miles Morales est un garçon banal vivant à Brooklyn. Sa vie va basculer le jour où il va se faire mordre par une araignée robot made in Oscorp Industries, va rencontrer Spiderman et va le voir succomber à son dernier combat face au Caïd. Dans la bataille, le Spider-verse est ouvert, piégeant plusieurs Spiderman d’autres dimensions dans l’univers de Morales. Ensemble, ils vont devoir faire face aux super-vilains de la ville.



SUR LE FOND : 8 étoiles



Y a-t-il un sujet plus casse-gueule au cinéma que les univers parallèles ? Beaucoup s’y ont essayé, avec plus ou moins de réussite. Nous pourrions les classer sur une échelle décroissante allant de Matrix à A la poursuite de demain, mais c’est un autre sujet. Toujours est-il que Spiderman : New Generation se place easy dans le premier quart de cette liste. Malgré une intrigue chargée et complexe, le film arrive à rester limpide. Les enjeux sont vite identifiés, les actions sont compréhensibles… Bref, tout se tient et le spectateur n’est perdu à aucun moment. Il sera par conséquent dans de bonnes conditions pour découvrir le riche univers proposé par Sony. Ce film regorge de bonnes idées, s’appuyant notamment sur ses excellents personnages.


Celui de Miles Morales (Shameik Moore) a été créé par Marvel en 2011 et fait sa première apparition dans Ultimate Comics : Fallout #4. Il est super intéressant, déjà c’est un personnage afro-américain d’origine latino. Politiquement tout un symbole. C’est d’ailleurs l’élection de Barack Obama en 2009 qui a inspiré la création de ce personnage. Mais surtout, et c’est un élément parfaitement retranscrit dans Spiderman : New Generation, Miles Morales est un gamin normal. Les responsabilités du masque et du costume paraissent bien trop grandes pour ses petites épaules. Il les refuse par ailleurs pendant une bonne partie du film. Il a l’impression de rien à faire là, tout ça le dépasse et permet d’humaniser le personnage et de s’y identifier à fond. La relation qu’il entretient avec son père est hyper touchante. Et puis, il a une vraie personnalité, des influences urbaines parfaitement exploitées et il dégage une certaine nonchalance caractérisée à merveille par la musique Sunflowers.


Il est accompagné par cinq Spiderman/woman plus ou moins exploités, mais qui participent tous au message principal du film : Tout le monde peut devenir un héros. Peter B. Parker (Jake Johnson) est vraiment super. C’est un looser, il a perdu Mary Jane et a gagné du bide… Avec ce personnage, le film déconstruit totalement le mythe du superhéros parfait mais rebâtit directement dessus un nouvel univers hyper dense. Pareil pour SpiderGwen (Hailley Steinfeld) qui pourtant m’avait un peu fait peur dans la bande annonce. Je trouvais qu’elle arrivait comme une toile dans la soupe, mais en fait ça va, c’est très bien géré. C’est un personnage très actuel de femme indépendante, badass sans pour autant tomber dans le stéréotype #metoo excessif. En plus, elle n’est pas la love interest de Morales donc c’est plutôt soulageant et rafraichissant.



Wherever I go, the wind follows. And the wind... smells like rain.



Les trois autres Spidermen sont clairement plus secondaires. Cela se ressent notamment par le running gag de leur origin story respective, réduit à une rapide scène. J’ai assez peu accroché avec Peni Parker (Kimiko Glenn) et Spider-Cochon (John Mulaney), les versions manga et cartoon de l’homme araignée. Par contre, le Spiderman noir… vivant dans les années 30… et tabassant des nazis… Je veux TELLEMENT en voir plus ! J’avoue ne pas avoir reconnu Nicolas Cage au doublage de ce personnage, mais ça rajoute juste du fun au fun !


Écueil fréquent des films de superhéros, le background et les motivations des vilains sont ici super bien développés. Évidemment le Bouffon vert et le Scorpion sont hyper secondaires, comme LA Docteur Ocktopus qui est néanmoins cool. Mais le méchant principal, le Caïd (Liev Schreiber), est incroyable. Déjà visuellement, il en impose. Et puis son plan est clair, compréhensible. On a presque envie qu’il parvienne à ses fins tant ses intentions sont « louables », même si la manière d’y parvenir risque de détruire le monde…


Même l’intrigue secondaire du Rodeur a réussi à me surprendre. J’ai compris qu’il était l’oncle Aaron (Mahershala Ali) quelques minutes seulement avant la révélation.


Bref, c’est globalement très très bon. L’univers développé est super riche, parvient à rester limpide malgré sa complexité et donne envie de voir la suite. Si je devais chipoter (et je me dois de le faire), il y aurait qu’une seule chose que j’ai trouvé totalement à côté de la plaque. C’est la Spidercave dans la cabane de jardin avec tante May en Alfred sans smoking… Mais bon, ça ne retire rien de la qualité de Spiderman : New Generation.



SUR LA FORME : 9 étoiles



Prodigieux ! Et pourtant, avec une annonce « précipitée » en avril 2015 suite au piratage massif de Sony, et avec pas moins de trois personnes à la réalisation, nous aurions pu attendre un film tricéphale et bâclé. Même récemment, la séquence choisie en scène post-crédits de Venom avait de quoi inquiéter isolément… Une inquiétude bien futile devant l’intelligence et la beauté de Spiderman : New Generation.


Le film est en effet réalisé par un trio assez hétéroclite : Bob Persichetti ayant un parcours plutôt technique, le scénarise Rodney Rothman, et Peter Ramsey a qui ont doit déjà Les cinq légendes (qui partage d'ailleurs l'idée de protagonistes issus d'univers parallèles obligés de s'allier). A la production, le budget de 90 millions de dollars est géré par Phil Lord et Christopher Miller qui avaient signé La grande aventure Lego, un film tout aussi rythmé que Spiderman : New Generation. Il a beau flirter avec les deux heures, le film ne propose aucun temps mort ! Le rythme effréné est super bien géré, c’est soutenu du début à la fin. Ça ne s’arrête jamais.



That person who helps others simply because it should or must be done, and because it’s the right thing to do, is indeed without a doubt, a real superhero.



Visuellement, Spiderman : New Generation est magnifique, c’est coloré et hyper audacieux. Le climax est super impressionnant, parfois un peu fouillis c’est vrai, mais globalement c’est excellent. Faut dire que le contexte du film, les dimensions parallèles etc., a laissé beaucoup de libertés aux réalisateurs, et c’est tant mieux ! Parce qu’en plus d’être sublime visuellement, le film regorge d’idées hyper originales notamment pour rappeler l’esprit comics. Déjà, Spiderman : New Generation a été tourné en animation 2sec, c’est-à-dire qu’il y a 12 images par seconde au lieu de 24. C’est cette technique qui donne à ce film cet aspect un peu saccadé. Ça peut être déroutant au départ, surtout que personnellement j’étais devant Le Grinch la séance précédente qui a quant à lui une animation tout à fait banale. Mais cela fait de Spiderman : New Generation une vraie adaptation de comic books, sur lesquels nous regardons seulement des cases inanimées et par conséquent, sans mouvements fluides.


D’une manière générale, il y a d’ailleurs un vrai respect du matériel de base. Sur le fond évidemment, de la première scène retraçant l’origin story du Spiderman que nous connaissons jusqu’à l’hilarante scène post-générique. Mais également (et surtout peut-être) sur la forme ! Comme cette manière totalement originale de représenter la profondeur de champ, non pas par un flou mais par un dédoublement de l’image, visiblement inspiré des défauts que peut avoir un comics à l’impression en raison d’un mauvais alignement des cylindres. Comme pour l’animation en 2sec, c’est assez troublant au début, on a l’impression de mater un film en 3D en ayant oublié ses lunettes… Mais on s’y fait rapidement et ça rend vraiment le film unique.



How dare you point at me.



You, you were pointing first.



It's rude to point.



Il y a aussi cette méthode de colorisation par petits points ou les ombres représentées par des lignes parallèles. Les lecteurs de comics ou de BD savent de quoi il s’agit tant c’est une parfaite adaptation de l’expérience de lecture. Ajoutez à cela le split-screen, les cases, l’incrustation de synthés ou des répliques (rappelant le très bon Mutafukaz de cette année), les petits traits représentant les chocs ou les BAM, PONK s’affichant à l’écran… Spiderman : New Generation fourmille de bonnes idées, ce qui en fait probablement la meilleure adaptation de comics depuis Scott Pilgrim d’Edgar Wright.


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON



NOTE TOTALE : 8,5 étoiles


Créée

le 30 déc. 2018

Critique lue 301 fois

Spockyface

Écrit par

Critique lue 301 fois

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