Dans ma critique des Animaux Fantastiques 2, je disais que je ne voulais plus de spin off, et j'ai fait une généralité. A force de voir des spin off sans aucune audace, n'apportant rien aux sagas dans lesquelles ils s'inscrivent, j'ai fini par détester le principe même du spin off. Combien de merveilleuses franchises ont connus des épisodes en trop, des films tâches qui se sont révélés sans intérêt.


Et au fond de moi-même, c'est ce que je craignais avec SpiderVerse. J'aime Spiderman, c'est mon super-héros préféré, et je ne vous cache pas que face au surplus de films qui sortent en ce moment, je commençais à me lasser. J'avais apprécié les films de Marc Webb, détesté Homecoming, mais SpiderVerse semblait vouloir faire différemment.


Dès la bande annonce, j'ai compris une chose : on allait enfin explorer d'autres facettes du comics. Spiderman est sans doute l'un des comics les plus complets de tout les temps, le nombre d'histoires, le nombre de personnages, il y a tellement à adapter dans Spiderman, que j'en avais juste marre qu'on recycle les mêmes histoires.


Et justement, SpiderVerse a tenté quelque chose. Les réalisateurs ont décidé d'adapter un épisode de Spideman qui n'avait jamais été évoqué au cinéma, c'était une promesse de renouveau. D'autant plus que le film promettait une esthétique inédite. Rien que voir la bande annonce était un pur plaisir tellement les visuels claquaient.


Voir ces visuels au cinéma fût plus qu'une claque, c'est dire. C'est la première chose qui ressort de SpiderVerse, son audace visuel. Grandement inspiré du style comics avec pas mal de cases de bulles ; le film pioche aussi dans les mangas, les comics sombres à la Franck Miller ou encore les simples BD pour enfants tout droit sorti d'un Tex Avery. Les scènes de voltiges n'ont jamais été aussi jouissives, tentant tout un tas de cadres, les costumes sont géniaux et toute la partie finale du film est une explosion de couleurs. Les scènes de combats sont ultra rythmés, pleines d’acrobaties, mais c'est fait avec tellement de professionnalisme qu'on comprend parfaitement ce qui se passe à l'écran.


Tant qu'on reste dans l'aspect divertissement, le film est drôle ! J'ai jamais autant rigolé devant un film Spiderman. Si Homecoming se voulait être léger et amusant, il est à des années lumières de ce SpiderVerse. Le film enchaîne les blagues, chaque version de Spiderman a son humour, Spiderpig et son style très gamin, Spiderblack (avec la voix de Nicolas Cage juste géniale) parodiant à merveille le style dark des comics à la Sin City, ou encore la Spiderjaponaise juste géniale.


Aussi, le film incruste tout à un tas de méchants de l'univers Spiderman, mais ne recycle pas ce qui a été fait auparavant. On a le Bouffon Vert, Dock Ock, mais pas forcément ceux qu'on connais, les réalisateurs sont allé piocher dans d'autres comics moins connus. On a le scorpion, le Rodeur, et surtout KingPin ! Mais je reviendrai sur le traitement de personnages plus tard.


Ah putain, j'étais tellement heureux en sortant de la salle que j'ai couru dans tout les sens. Je ne pouvais pas marcher, j'étais tellement excité par ce que j'ai vu !


Mais si j'ai mis un dix et coup de cœur (ce que je réserve généralement à mes films préférés), c'est que non seulement, SpiderVerse est une claque visuelle, mais aussi un film mature digne des plus grands Spiderman. C'est un film qui comprend Spiderman, qui joue avec ce qu'on sait déjà de l'univers pour constamment désamorcer les attentes.


Dans le film, on suit majoritairement Miles Morales, qui sera le nouveau Spiderman. Le scénario crée toute une relation entre Miles et son oncle Aaron, et joue sur l'idée qu'inévitablement, Aaron mourra tout comme ce fût le cas pour Oncle Ben avec Peter Parker. Et vous êtes tellement pas prêt pour ce qui passe dans la suite. Surtout que le film complexifie tout ça merveilleusement bien avec le père de Miles, qui lui est policier. De ce fait, le film aborde pas mal le thème de la figure paternelle, une des problématiques récurrentes dans l'univers Spiderman.


J'ai pas envie de spoiler, mais le film se permet tellement de choses au niveau du scénario, et ce, dès le début. Il part dans des directions tellement improbables et jamais vu, que le film est rafraîchissant comme c'est pas possible.


Et ils ont écrit à un bon méchant ! Kingpin alias Wilson Fisk est juste un putain de bon méchant. On retrouve ce côté humain qu'on avait perdu depuis les films de Raimi. Avant d'être une raclure monstrueuse, Kingpin est un homme meurtri qui cherche à racheter ses fautes, et ça marche bon sang ! Son plan, c'est pas un plan de méchant qui veut dominer le monde juste pour être méchant. Ses objectifs, comme c'était le cas pour le Bouffon Vert, Dock Ock ou Flint Marko dans les films de Raimi sont louables et compréhensibles. On finit par ressentir de la compassion pour ces méchants et c'est pour ça que ça marche !


Bon après, les autres méchants, je dois bien admettre que c'est pas folichon. J'avoue avoir été agréablement surpris par cette nouvelle version de Dock Ock, mais ses objectifs ne sont jamais précisés. Pareil pour le Bouffon Vert, Scorpion ou le Rôdeur qui sont des personnages pas vraiment exploités. Ils sont juste là parce que c'est cool. C'est un peu gratuit, mais en même temps, on avait jamais vu un Bouffon Vert comme ça au cinéma donc ça me dérange pas tant que ça.


Tant qu'on est dans les quelques défauts, il y a des incohérences. Ceci dit, avec une histoire aussi complexe, c'était assez inévitable. Je spoile un peu, mais par exemple, SpiderGwen se trouve dans la dimension de Miles Morales avant même que Kingpin n'active sa machine bizarre. Du coup, comment ça se fait qu'elle soit là avant tout les autres Spiderman des autres dimensions ?


Mais sinon, ce film est juste une bombe ! Un divertissement foutrement bon, drôle, épique, visuellement époustouflant. Une adaptation audacieuse du comics qui s'amuse à brouiller les pistes, avec parfois des moments sacrément tragiques et des personnages complexes. Sérieusement, ce film est... le meilleur film de l'année. J'ai jamais autant pris mon pied devant Spiderman depuis ceux de Raimi, c'est à la fois agréable à regarder avec un scénario assez fouillé pour qu'on s'attache aux (nombreux) personnages et aux enjeux du film.


Donc si je ne devais garder qu'un seul mot pour ce spin off de Spiderman, c'est « audacieux » et bordel que c'est rare en ce moment.

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 346 fois

4
2

D'autres avis sur Spider-Man : New Generation

Spider-Man : New Generation
Velvetman
8

Spiderman Connection

La douce litanie qui consiste à dire que les films de super-héros se ressemblent tous, ou qu’ils oublient leurs fondamentaux au profit d’une spectacularité inféconde et numérisée, vient d’être mise à...

le 14 déc. 2018

129 j'aime

8

Spider-Man : New Generation
Sergent_Pepper
8

Comic strip tease

A posteriori, ça parait pourtant évident : alors qu’on nous inonde d’adaptations de comics depuis plus d’une décennie, la majorité des films ont toujours pris soin de gommer la spécificité de l’œuvre...

le 1 janv. 2019

110 j'aime

8

Spider-Man : New Generation
Larrire_Cuisine
5

[Ciné Club Sandwich] On aurait bien aimé en dire du mal pour se démarquer. Mais non c'est super bien

DISCLAIMER : La note de 5 est une note par défaut, une note "neutre". Nous mettons la même note à tous les films car nous ne sommes pas forcément favorable à un système de notation. Seule la critique...

le 2 janv. 2019

70 j'aime

9

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

53 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

52 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15