Nostalgie gentiment manipulatrice & portnawak sidérant

Bon, eh bien, c'était très, très moyen, comme prévu. Marvel aura décidément bien merdé, en cette année censée marquer le début d'une nouvelle ère, avec un Black Widow d'une fadeur que ne méritait certainement pas Scarlett, un Shang-chi à moitié ruiné par son dernier acte-pudding, et un Eternals mou du genou (appelons Loki son seul accomplissement positif de l'année, mais ce n'est pas du cinéma) (même si la frontière est de moins en moins claire). En gros...


On retrouve les défauts de la prod MCU standard, à commencer par la mise en scène de Watts, qui est archi-générique : rien ne dépasse, rien ne ressort. Sa fadeur saute d'autant plus aux yeux lors du combat entre Spider-Man et le Bouffon vert, où l'on regrette douloureusement que Sam Raimi ne soit pas derrière la caméra. Autre exemple, l'humour "American Pie", ici plus relou que vraiment drôle : on pouvait s'attendre à une quasi-overdose contractuelle de blagounettes, mais là, 90% font plouf, et pas seulement avec ce pauvre Ned. Le coup de la mémé asiat un peu énervée qui cause non-stop dans sa langue, ils nous l'ont fait combien de fois ? Et un des deux scénaristes, Chris McKenna, a écrit d'excellents épisodes de Community ?!


Puisqu'on parle de l'écriture, l'idée que le MONDE, pas le monde entier, je sais, mais ça en donne l'impression, se retourne contre Spider-Man en UNE manipulation, dans le monde du MCU, après tout ce qu'il a fait : désolé, ça marche avec Batman à la fin de TDK, ici, non. Plein de choses font soupirer. L'élément déclencheur de l'intrigue, Parker se transformant en Oui-oui voulant "sauver" des Méchants (et des MÊME PAS de sa putain de galaxie) au péril d'un paquet de vies, considérant leurs pouvoirs, et allant carrément jusqu'à se fighter contre Dr Strange (qui aurait dû le rétamer en cinq secondes mais le scénario n'en est pas à un bug près, nous le verrons), ce qui occasionne une scène où tout spectateur censé sera un peu comme ce dernier mais vis-à-vis des scénaristes ("WTF ?") : non. Le Spider-Man de Tobey Maguire suggèrera même, texto, que guérir les méchants, c'est ce que les superhéros font : encore une fois... non. Donner un pouvoir à Ned est une autre idée pourrie. D'une, l'acteur a le charisme d'un castor empaillé ; même en tant que sympathique sidekick, il est limite. De deux, peut-être le truc a-t-il son explication tirée par les cheveux dans le comic, m'en fous, que le type soit soudain capable de manier son pouvoir magique OKLM n'a aucun sens (l'effet Rey...). De trois, ça me fait penser au seul (mais considérable) problème que j'avais eu avec l'autrement brillant Into the Spider-Verse : si tout le monde se met à avoir des superpouvoirs, avoir des superpouvoirs ne veut plus rien dire...


Au rayon positif, le retour des précédents "Spider-Men" est sympa. Si l'on veut tirer du plaisir de ce retour, il faudra juste ignorer la supermassive incohérence qu'est le fait qu'ils n'ont pas tous la même tête, alors qu'ils ont le même nom et le même pouvoir (pas comme ça qu'un multiverse marche). Parce que leur retour est généreux (pas comme celui des trois anciens à la fin de Ghostbusters) et amusant, et que le retour super-méta des anciens personnages, bons comme méchants, est le SEUL argument de vente du film, j'ai malgré tout décidé d'ignorer cette incohérence, au nom du bon vieux temps (cette partie est VRAIMENT pour amadouer les trentenaires/quadragénaires nostalgiques). Andrew Garfield, probablement le meilleur acteur des trois, est aussi pour moi le meilleur élément du film (avec Willem Dafoe, bien sûr). Il fait passer plus de choses durant le temps qui lui est imparti que Tom Holland en deux heures. ET la scène où il sauve MJ était un très beau rappel de la mort de Gwen Stacy, autrement plus émouvant que la mort de tante May.


En fait, le film n'a d'original QUE sa convocation méta de la mythologie Marvel, et son exécution de bonne facture. Le reste est d'un conventionnel déprimant. Le final au sommet de la statue de la Liberté : euh, j'ai le premier X-Men, là, au téléphone, il a deux-trois mots à dire sur cette scène. Par ailleurs un foutoir numérique interminable, comme souvent dans les films du MCU (je parlais du dernier acte de Shang-Chi...). Et située dans une réalité où ni la police, ni l'armée n'existent, visiblement. Ou bien elles se déplacent en charrette et en barque.


J'ai gardé le meilleur pour la fin : la fin. La fin, la fin, la fin. Le dénouement, quoi. Que d'aucun appellerait le TWIST du film. Comment dire. Si twist il y a, c'est la révélation que les gars ont perdu la boule. Cette fin est d'un surréalisme limite transcendental. Top 10 des WTF scénaristiques de l'histoire des blockbusters ? Il y a tellement de choses qui ne marchent pas, d'un point de vue logique, dans cette anonymisation de Peter Parker, que "on s'en fout, c'est un film de superhéros" ne marchera pas, désolé. C'est à des kilomètres de marcher. J'étais là, euh... "toutes ces grandes personnes, elles ont vraiment tourné ces scènes sans se dire, à un moment, que c'était complètement surréaliste ? Non ? Non, d'accord". Rien que cette fin tire le film sous la moyenne. Désolé, film.


En fait, face à ce cinéma assez narcissique (pas une découverte, hein, le MCU en fait toujours des tonnes avec lui-même, mais là, plus), j'ai ressenti pour la première fois depuis très longtemps, bon public adulescent que je suis, que ces films sont avant tout destinés à un public de gamins. De cette génération qui a grandi avec eux, et font une MONTAGNE de tout ce qu'il s'y passe. Eux, ça les émotionnera, sans aucun doute. Pour le meilleur et pour le pire. Qui est de donner au film un beau 9/10 de moyenne (!!!) dans un accès de fanatisme incontrôlé.


Remarques diverses :
- Le dernier plan, où Spider-Man voltige entre les tours de New-York... je ne veux pas jouer mon vieux con, mais désolé, ça avait plus de gueule il y a vingt ans.
- "Euh, ils sont OÙ, les Avengers, pendant ce temps ?!", prise n°57458...
- En parlant d'interrogation métaphysique, euh, il est où, oncle Ben, dans ces Spider-Man-là ?
- J.K. Simmons gâché dans un rôle caricatural au possible, alors qu'il marchait si bien dans la première trilogie : dur.

ScaarAlexander
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le 23 déc. 2021

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Scaar_Alexander

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