Spree
5.6
Spree

Film de Eugene Kotlyarenko (2020)

Divertissant mais pas de leçon supplémentaire !

Je l'avoue, mon principal postulat quant au visionnage de ce film a été Joe Keery. J'ai vu l'affiche sur Shadowz, et ça m'a intrigué. Après lecture du synopsis, j'avais vraiment envie de voir Spree, et de plonger dans la spirale infernale des réseaux sociaux. Et ma foi, je n'ai pas trop été déçue. En tout cas, Joe Keery était excellent.


Ce n'était pas LE film de l'année 2020, j'ai même failli abandonner après les 20 premières minutes. La mise en bouche avec la présentation du personnage principal, Kurt, était sympathique. Sa présentation, non le bonhomme. Il tente des concepts plus ou moins ennuyeux, se sert de ses relations afin d'attirer les vues, mais rien ne fonctionne. Ce qui est malsain, c'est que nous, spectateurs, sommes tentés de le prendre en pitié même lorsqu'il amorce son plan machiavélique, sobrement surnommé #thelesson, la faute à un cocktail habile entre une sorte d'indulgence et de clichés sur pattes.


Toutes les victimes de Kurt sont ces clichés sur pattes. Et cela débute dès l'entrée du premier covoitureur, un fier américain fasciste pro-blanc qui tente de rallier Kurt à sa cause avant de finalement... le railler. J'avoue m'être posée la question de qui était le plus abjecte à bord de cette voiture. C'était beaucoup trop gros comme ficelle de la part de l'équipe du film, mais plutôt efficace. Et c'est cette grosse ficelle qui débute la jauge de folie grandissante en Kurt, qui n'était déjà pas bien net, mais qui, aux côtés de son premier passager, s'insurge d'entendre des propos racistes, pour finalement décider de se taper un petit strike dans une allée de tente de SDF après avoir échappé aux forces de l'ordre.


J'ai eu un peu de crainte après les premiers meurtres, sans réelles difficultés. Il faut dire que Kurt est un gosse d'Internet, livré à lui-même, et qu'il a eu tout le temps possible pour mettre en place son plan. Finalement, les choses se compliquent, tout comme Kurt lui-même face à la montée en puissance de ses statistiques de live qui nourrit son avidité de célébrité.


J'ai plutôt bien aimé le personnage de Jessie, intérêt bientôt principal de Kurt. Mais ce que j'ai le plus apprécié dans ce film, c'est son exécution : Ici, le found footage est multiple : téléphones, caméra de surveillance, dash cam, web cam, ou encore retransmission...


Ce qui fait sens, à la fin du film, puisque l'on comprend que c'est en réalité un best-of monté par un fan de Kurt.

La fin donne un sens au film, et à sa "morale". Ce n'en est pas une, plutôt un constat. Celui de notre génération, qui ne vit qu'à travers le regard des autres en étalant sa vie sur Internet. Celui aussi du voyeurisme malsain qui en découle, et qui devient un véritable divertissement en brouillant la frontière entre fiction et réalité (si vous regardez ce film, n'oubliez pas de lire également les tchats des différents livestream, si possible). Et justement, car il traite de ce sujet, Spree n'est en aucun cas un film original, étonnant. Pour autant, il se laisse regarder, alors n'hésitez pas à prendre une unique leçon.


Funfact creepy : il existe bien un r/thelesson, qui est toujours actif, et qui nourrit un autre constat apporté par Spree : la recherche de sensation à travers les contenus que nous consommons.

Astalea
6
Écrit par

Créée

le 26 juin 2023

Critique lue 45 fois

Astalea

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