Il est des gestes, au cinéma, d’une telle intensité, d’une telle force, qu’on ne peut rien faire devant sinon s’incliner, c’est par exemple ce qui caractérise la filmographie de Gaspar Noé (surtout Irréversible et Climax), et c’est ce qu’on retrouve dans Spring Breakers, un film qui traite en premier lieu de la pureté et de la perversion, et ce dès son casting, en débauchant une partie de l’écurie Disney Channel pour leur offrir un rôle tranchant radicalement avec les téléfilms Disney. Ici, tout est abus de sexe, de drogues, et de violence, pour un résultat visuellement sublime. Korine tord son image, il joue avec, pour en extraire toute la vie, toute la jouissance qu’il met en scène. Parce que Spring Breakers, c’est un film orgiaque, en particulier dans son premier tiers, filmé au sein du vrai spring break, et je retrouve ici ma comparaison avec Climax de Gaspar Noé. On a le même plaisir du groupe social organique, à l’unisson dans la jouissance, ce qui se résume dans le clip d’intro aguicheur au possible… Mais Spring Breakers va au-delà de ça, car il ne s’arrête pas à cela. On est là sur un film qui va déceler, derrière l’esthétique de la fête et de la vulgarité, une poésie mélancolique déchirante, incarnée par le personnage de Selena Gomez, présente sans vraiment l’être. Car c’est bien dans ces moments où il rompt le rythme, où il passe à quelque chose de plus introspectif qu’il est le plus beau, trouvant son paroxysme dans la scène où James Franco interprète du Britney Spears, qui contient toute la vulgarité et la douceur du film. Et c’est là qu’il diffère de Climax, puisque que contrairement au Noé, c’est un film plein d’espoir, extrêmement solaire, presque candide dans la façon dont il a de faire grandir ces jeunes en les pervertissant, sans jamais franchir la ligne réellement. Parce que comme le disent les filles à leur famille «On a vécu une expérience».

Leankon
9
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le 3 févr. 2022

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Leankon

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