En 1870, le journaliste Henry Morton Stanley est envoyé en Afrique de l'Est pour retrouver la trace du docteur David Livingstone, dont on est sans nouvelles depuis plusieurs années. Suite à la parution dans le London Globe d'un article rapportant la mort de ce médecin et explorateur écossais, le patron du New York Herald James Gordon Bennett Jr., doutant de la véracité de cette histoire, envoie son meilleur élément la vérifier sur place, en lui promettant « le plus grand reportage de tous les temps ». Flanqué de Jeff, qui fut son guide lors d'un précédent reportage chez les Indiens du Wyoming, Stanley débarque à Zanzibar, point de départ des caravanes européennes vers cette partie de l'Afrique alors terra incognita. Accueilli par Kingsley, représentant de l'autorité britannique sur l'île, et sa charmante fille Eve, il fait la connaissance du jeune Tyce, le leader de l'expédition britannique revenue avec la nouvelle de la mort de Livingstone, affaibli par la fièvre. Il y retrouve également Lord Tyce, père de ce dernier et éditeur du London Globe, avec qui il entretient des rapports houleux depuis leur rencontre sur le bateau. Une fois les porteurs et le matériel réunis, Stanley s'engage vers l'intérieur des terres, sur les traces d'un homme qu'aucun Blanc n'a vu depuis des années...


Il y a tout dans ce bel et grand film d'aventures, à commencer par un casting de premier ordre emmené par l'excellent Spencer Tracy, qui campe un Stanley sûr de lui et mû par son devoir de journaliste. On retrouve aussi de très bons seconds rôles : Walter Brennan, son compagnon d'aventure, assure comme d'habitude le côté humoristique du film ; Charles Coburn en vieux lord anglais obtus fait figure de rival moral ; la jolie Nancy Kelly, unique personnage féminin, sert de prétexte à une impossible romance à distance ; et enfin Sir Cedric Hardwicke interprète magnifiquement un Livingstone amoureux de l'Afrique et de ses habitants, profondément humain et inspirant. Derrière la caméra, le savoir-faire d'Henry King et les gros moyens de la 20th Century Fox mis à disposition par le producteur Darryl F. Zanuck font Stanley et Livingstone un film parfaitement maîtrisé, et tout à fait spectaculaire.


De l'étonnante scène d'ouverture dans les montagnes enneigées du Wyoming à la lente progression de Stanley et ses hommes dans la chaleur africaine, on en prend souvent plein les yeux. Tourné on location au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, le réalisateur nous régale de superbes scènes en extérieur, dans la savane et dans la jungle, avec tout ce qu'il faut comme lions, guépards, girafes, antilopes et autres hippos. On y croise aussi une caravane d'esclaves dans un passage bref mais touchant, dans lequel les Noirs enchaînés et fouettés par leurs nouveaux maîtres cheminent en psalmodiant une poignante méloppée. Juste après, Henry King nous offre avec brio une impressionnante scène de bataille entre les explorateurs et des guerriers d'une tribu locale, descendant par centaines les flancs d'une colline en hurlant et brandissant leurs sagaies !


Mais, après la rencontre tant attendue et les fameux mots prononcés par Stanley (« Doctor Livingstone, I presume? »), le côté spectaculaire s'efface devant l'étude de l'évolution psychologique du journaliste au contact du médecin. Volontiers violent et méprisant à l'encontre des autochtones, Stanley se transforme graduellement en disciple du vieil Écossais, soucieux du bien-être aussi bien spirituel que physique des siens. Tout cela est évidemment romancé et probablement déformé par rapport à la réalité historique, mais le message reste suffisamment subtil pour être convainquant. La seule chose qui manque, en définitive, dans ce passionnant film d'aventures, c'est un beau Technicolor qui claque !

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le 5 mars 2018

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The Maz

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