Des fois, au détour d’un site sur le cinéma douteux, on tombe sur une jaquette qui, allez savoir pourquoi, vous attire immédiatement l’œil. Par son visuel parfois, plutôt joli, et le thème que le film semble aborder. Et quand on est comme moi un amateur de mauvais films sympathiques, ça peut être uniquement parce qu’elle annonce un film aussi kitch qu’elle-même. Alors comme en plus j’apprécie particulièrement les space opera, il était tout à fait normal que je me jette sur ce Star Raiders: The Adventures of Saber Raine, qu’on nommera pour cette chronique tout simplement Star Raiders parce qu’il ne faut pas déconner non plus. A la vue de cette jaquette, je m’imaginais déjà des combats de vaisseaux foireux, des décors branlants, des filtres roses violacés dégueulasses pour changer la couleur du ciel, tout le tralala du space opera lowcost en somme, avec en plus ce pauvre Casper Van Diem qui décidément après Starship Troopers a fait les pires choix de carrière qui soient. Le talent sans doute. Et ô miracle ! Star Raiders est exactement comme je m’en doutais. Elle n’est pas belle la vie ? Non ? Mais si, mais si…


Star Raiders est l’œuvre de Mark Steven Grove, un touche-à-tout qui a aussi bien œuvré en tant que superviseur des cascades, des effets spéciaux, scénariste, acteur, producteur et donc réalisateur. Si son nom ne vous dit rien, c’est tout à fait normal, il n’a participé qu’à ce cinéma qu’on qualifiera péjorativement de 2ème voire 3ème zone qui n’est jamais arrivé chez nous (à part peut-être Les 3 Ninjas se Déchainent, youhou, prestige !). C’est en toute logique que, pour arriver à finir de produire ce star Raiders qui lui tenait à cœur, il passe par la case Kickstarter et son financement participatif. Ça marche puisqu’en à peine quelques jours le projet est bouclé. Et c’est ainsi qu’il sort en 2017 sans crier gare directement en DTV car oui, il ne faut pas déconner, ça ne vaut guère plus.
Grand fan de Space Opera, Mark Steven Grove a clairement voulu rendre hommage à ces films de SF/Fantasy des années 80 qui semblent avoir bercé sa jeunesse tels que Star Wars, bien entendu, mais également The Ice Pirates (1984), Spacehunter (1983) et autres Battle Beyond the Stars (1980). Sauf que quand on n’a pas de pognon, on ne se lance pas dans ce genre de projet qui demande un minimum de ronds pour paraitre crédible, on fait dans le film de zombie ou de requin, voire de requin zombie (ah non, on me dit que ca a déjà été fait), sous peine de tomber dans le kitchos de bas étage. Et là tout est dit. Star Raiders ressemble à un pilote de série TV du genre Hercules ou Xena la Guerrière, mais futuriste, ce genre de série que les ados et jeunes adultes des années 90 regardaient d’un œil en se moquant mais en rigolant malgré tout parce que c’est fun. Et quand les méchants arrivent, on se dit que, oh bordel, le réalisateur a été également marqué dans sa jeunesse par la série Power Rangers avec tout ce que cela comporte de maquillage rigolo, de latex et de voix moisies.


Oui, je vous accorde que tout cela ne donne pas envie et Star Raiders aurait sans doute été plus viable à la même époque que les Xena et Hercules précédemment cités. Mais que voulez-vous, ça m’attriste de voir Casper Van Diem ici. Je suis un sentimental moi, et rien que pour rendre hommage à Rico de Starship Troopers et Brom Van Brunt de Sleepy Hollow, je suis obligé de regarder des films tels que Avenger Grimm, Sharktopus vs Whalewolf et donc Star Raiders. Non, ce n’est pas vrai, je n’essaie pas de justifier le fait que ça m’amuse de regarder des films tous moisis jusqu’à la couenne ! Bande de médisants va ! Et puis en plus, il y a Cynthia Rothrock ! Bon, dans un micro rôle mais pour quelqu’un ayant suivi sa carrière dans les années 80 et 90, ça fait toujours plaisir de la voir même si elle nous prouve que la chirurgie esthétique n’est pas toujours efficace et qu’elle a donné naissance à un sacré paquet de femmes poissons.
Mais revenons à nos poissons… à nos moutons pardon. Casper « Rico » Van Diem incarne une sorte de mercenaire / pirate de l’espace distribuant à la chaine des punchline plus ou moins moisies -surtout plus dans son cas-, vêtu de sa veste noire ouverte laissant apparaitre un haut blanc tout en étant armé de son pistolet et sensible au charme des demoiselles en détresse. Non non, n’y voyez pas un hommage / pompage / clin d’œil au personnage de Han Solo, tout ceci n’est qu’une pure coïncidence ! Et ce n’est qu’un des personnages pittoresques de cette petite production fauchée. Comment ? Vous en voulez d’autres ? Mais avec plaisir ! Citons en vrac un allié façon The Punicher Judge Dread et D’Artagnan, un grand méchant qui serait un Dark Vador sorti d’un kabuki, des sbires semblant sortir d’un shaker dans lequel on aurait mis Palpatine de Star Wars et Skeletor des Maitres de l’Univers, une bonasse mi wonder woman mi princesse hindi, un asiatique aux yeux rouges qui fait des arts martiaux parce qu’il est asiatique (clichééééééééééé) ou, le must du must, et là je parle du must top niveau, un humanoïde mi poisson, mi fourni, et re mi poisson derrière. Je savais que je vous ferais rêver.


Et alors que j’attaque le 4ème paragraphe de cette chronique sans intérêt d’un film qui l’est tout autant, je me rends compte que je n’ai pas réellement parlé du film susnommé ! Sacrilège ! Alors, une chose que Star Raiders a pour lui, c’est qu’en termes d’effets spéciaux, on reste bien au-dessus des autres productions du genre qu’auraient pu pondre ces opportunistes de SyFy / The Asylum. Alors soyons clairs, on reste malgré tout dans quelque chose qui aurait pu sortir d’un devoir de fin d’année d’un élève en deuxième année d’école d’infographie, mais on a moins l’impression de se faire prendre par derrière avec du verre pilé que sur un 3-Headed Shark Attack ou un Planet of the Shark. Concrètement, certains maquillages et masques latex sont plutôt bien faits. Problème, les acteurs ont du mal à parler avec tant le masque semble rigide. On voit bien la bouche de l’acteur qui gesticule derrière quand il parle mais la bouche du masque elle reste quasi immobile. Après, il serait de bon ton de préciser, même si on s’en doute un peu à la vue des captures d’écran illustrant ce texte, le jeu d’acteur est du niveau du reste et démontre même qu’il est possible de mal jouer même avec un masque intégral en latex. Certains s’en sortent malgré tout, semblant même croire à ce qu’ils font, mais pour d’autres, c’est cataclysmique, …
Mais il faut les comprendre. Comment arriver à s’impliquer dans un film qui pourrait se retrouver dans les colonnes de Nanarland ou tout équivalent ricain ? Lorsque les lieux de tournage se résument à une forêt parce que ça ne coûte pas cher, à des pièces sombres histoire qu’on ne puisse pas voir que cette pièce sera réutilisée dans plusieurs autres scènes en rajoutant trois pauvres meubles foireux ou décors de synthèse … Lorsque les gunfights sont parmi les plus monotones qu’on ait pu voir, se contentant d’alterner les plans où les méchants tirent sur les gentils dans un monolithisme inébranlable. Plan 1, les méchants tirent. Plan 2, les gentils tirent. Plan 3, les méchants tirent. Plan 4, les gentils tirent. « Et ça continue encore et encore, et c’est tout pourri d’accord d’accord… » comme le dirait le célèbre poète contemporain Francis Cabrel.


Malgré une démarche qui semble très sincère, Star Raiders : The Adventures of Saber Raine est un film bien daubé du cul. Oui c’est tout moisi, mais malgré tout, il possède un côté fun inexplicable qui fait que je surveillerai la sortie de sa suite puisque le film a été étudié comme un diptyque.


Critique avec moult images et trailer ici :
http://www.darksidereviews.com/chronique_cons/film-star-raiders-the-adventures-of-saber-raine/

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le 26 juil. 2018

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