"The needs of the many outweigh the needs of the few, or the one." Cette phrase mythique tirée de Star Trek II rappellera avec nostalgie et émotion cette magnifique scène d'amitié entre Spock et Kirk lors du sacrifice du Vulcain. Un épisode qui pour beaucoup reste l'un des plus réussis de la saga, grâce à cette scène ou encore grâce au personnage de Khan interprété à l'époque par Ricardo Montalban. Malgré tout, selon moi, il était loin d'être représentatif du potentiel de la série et se contentait de ne proposer qu'une bataille navale spatiale.

Peut-être le trio de scénaristes responsable de ce nouvel épisode est-il fan de cet épisode, que sais-je, tout ce que je vois, c'est que J.J Abrams est incapable de se débarasser de sa troupe, ici, le sempiternel Damon Lindelof et aussi deux autres un peu moins médiatisés, Alex Kurtzman et Roberto Orci. Ces deux derniers étant responsables aussi du reboot de la franchise, ainsi que de nombreuses autres choses, allant du pire au plus ou moins agréable. Il n'a donc pas fallu grand chose pour foutre en l'air tout espoir d'une saga qui pourrait pourtant, surtout à notre époque contemporaine, avoir un vrai message à passer, réussir à faire réfléchir le spectateur sur son statut en tant qu'humain et j'en passe. Il faut quand même savoir que Star Trek est à la base une série réflexive s'inspirant de l'époque, de l'actualité, qui en l'utilisant à son avantage, arrive à établir des idées.
Pourquoi donc ne pas chercher à s'inspirer de l'écologie ? Quand on voit à quel point le sujet est présent ces temps-ci à Hollywood, j'en veux pour cause After Earth, Oblivion ou encore Promised Land, il n'était pas difficile d'établir un vrai blockbuster intelligent. C'est d'autant plus révoltant quand Leonard Nimoy himself à réalisé dans les années 80 Star Trek III & IV, qui étaient profondément ancrés dans l'écologie et le message informatif de masse.

Into Darkness - qui ne possède de ténébreux que son nom - n'est donc au final qu'un remix éhonté et bourré de références fanboys à la série, et notamment donc, Star Trek II. Soyons d'ailleurs très clair, le trio de scénaristes ne sait aucunement écrire, ni approfondir un tant soit peu ses personnages. Il n'y aura donc pratiquement aucune évolution. Leurs scénario ne se contentant que d'enchaîner révélations sur révélations jusqu'à l'écoeurement (sérieusement, arrêtez avec vos cliffhangers, on est au cinéma, pas à la télévision), ainsi que répliques déjà utlisées dans la saga ou encore pire, scènes totalement repompées, se contentant seulement d'échanger les personnages. N'oubliant pas non plus le retour de Khan, qui est annoncé dans le film comme une révélation totalement folle envers le fan alors qu'au final on s'en branle complètement... Concrètement, cet épisode est si mal écrit et si peu pertinent qu'on se demande comment il est possible d'en écrire autant et d'en faire un long-métrage de 2h10. Seul point positif au tableau, un Khan bien plus profond, plus ténébreux et réellement intriguant et inquiétant comparé au précédent, que Benedict Cumberbatch interprète très bien. Problème, son personnage est si imposant, si énorme comparé au reste du casting et au fait que le scénario n'est qu'une coquille vide qu'au final celui-ci est incapable de s'y insérer.

Reste donc un film plutôt bien réalisé à première vue mais qui là aussi ne peut sortir du carcan de la télévision, donnant sans cesse l'impression d'avoir un épisode de série grandiloquent. Il suffit de voir les constants gros plans, les champs/contrechamps incessants ou ce sempiternel besoin d'indiquer au spectateur ou les personnages se trouvent pour comprendre qu'on à face à nous un réalisateur de télévision, et non de cinéma. Abrams n'osera le plan large ou les séquences "inventives" que lors de séquences fortes en tensions ou d'exposition. Alors en termes d'effets spéciaux et de blockbuster spatial c'est très impressionnant et ça à même vraiment de la gueule sur certains points, mais on ne peut s'empêcher de voir un film complètement creux, un ersatz de Star Wars. Signalons aussi ces putains de lens-flares dont Abrams est incapable de se séparer. rendant le tout presque irregardable, ceux-là allant juqu'à prendre la moitié de l'écran ! Quand on sait que ce Star Trek servait justement de test pour Star Wars aux yeux du public, on est en droit d'être craintifs.

Bref cet Into Darkness est bien loin du film sombre qu'on nous promettait - les séquences "noires" s'élevant au nombre de trois - mais il est surtout un mollard bien gras craché au visage des fans ou même des amateurs de science-fiction. Ecrit n'importe comment, tombant dans les clichés, ultra référencé au point d'en devenir insultant, oubliant complètement son support de base, cet épisode de Star Trek est à oublier au plus vite, préférant proposer du divertissement de masse sur montagnes russes pour ados plutôt qu'un film intelligent apportant une problématique. Se basant presque entièrement sur le personnage de Khan qui, grâce à son rôle dans Sherlock, rameutera beaucoup de monde dans les salles, cet épisode oublie qu'il est là pour nous raconter quelque chose et pas nous abrutir avec des enjeux complètement creux qu'on devinera très vite. N'oubliant pas non plus un humour très limité et un peu de cul, ce film est à placer dans la benne et ne sera qu'une substitution pour le jeune de 14-15 ans qui n'aura pas eu la chance de voir Star Wars au cinéma.

Créée

le 14 juin 2013

Modifiée

le 18 juin 2013

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Florian Bodin

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