Même si la 1ere trilogie aura marqué mon cœur d’ado, la seconde est clairement celle que je préfère. Plus amère, sombre, dramatique, illustrant bien plus pédagogiquement la perdition d’un héros et d’un monde, la réalité politique, psychologique et douloureuse, j’ai parfois l’impression qu’elle s’adresse aux mêmes anciens gamins devenus adultes qui regardaient autrefois la 1ère trilogie. Plus pensés pour durer, les thèmes ont heureusement eu l’intelligence d’être intemporels et les évolutions des personnages plus profondes, bien sûr en restant dans un cadre de space-opéra destiné à la jeunesse, dans un style malheureusement bien plus télévisuel.
Mis à part une ou deux énormités, la cohérence de la saga est entière. La tragédie familiale reste la charpente de l’histoire, de laquelle dépendra le sort de l’univers gouvernable, les aboutissements des enjeux vers la 1ère trilogie sont respectés, l’harmonie scénaristique des personnages aussi, ainsi que les conditions spatiales, militaires, technologiques. L’art Jedi reste intègre, quant à l’apprentissage et aux limites de la Force, avec en prime une actualisation bienvenue de l’esthétique et de la voltige. On retrouve les cérémoniaux scéniques, les petites phrases, l’explosion finale, et même l‘incompréhensible choix de minets blonds sans charisme pour jouer le jeune héros.
Mais le meilleur se révèle derrière son scenario propre, dans sa brillante pédagogie adressée aux enfants comme aux adultes. Politique d’abord, avec l’enseignement simplifié de la mise en place classique d’une dictature. Un, une montée organisée de troubles et de révoltes conduit à une dangereuse instabilité. Deux, la création d’une armée devient légitime, avec toute la gouvernance et l’esprit qui va avec. Trois, après des années de guerre, de souffrance et de revanches où personne ne sait plus où il en est, le besoin d’ordre exige l‘arrivée d’un pouvoir despotique sous les applaudissements des foules.
Humaine à présent. Car c’est de l’étincelle intime que naissent les incendies d’une vie. La peur, handicap fondamental de l’homme, imbibe un héros doué d’une excellence potentielle mais au passé pollué par les tourments de l’esclavage, du puçage électronique et de la mort de sa mère. Exploitée par Dark Sidious, véritable et machiavélique chef d’orchestre de la trilogie, sa phobie de perdre celle qu’il aime en fait un être torturé et impatient, affamé de pouvoir préventif, dont ses actes et pensées, créatrices, engendrent finalement le drame redouté et induit le suicide de sa propre humanité.

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le 21 mars 2018

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etiosoko

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