Star Wars : L'Ascension de Skywalker est le 9ème et dernier film de la célèbre saga La Guerre des étoiles créée par George Lucas. Enfin, le dernier concernant la famille éponyme du titre de cet opus, les Skywalker. Mais ne doutez pas que Disney persévèrera dans l'exploitation de cette bien trop lucrative licence. Après un Réveil de la Force en 2015 jouant à fond sur la fibre nostalgique et n’hésitant pas à reprendre de larges pans du scénario de l'original. Mais qui parvenait tout de même à introduire de nouveaux personnages forts attachants. Nous avons eu droit à la révolution Des derniers Jedi en 2017, qui bousculait des codes bien établis de la saga. Le choc a été rude pour de nombreux fans tant ce film réalisait un coup de pied dans la fourmilière. Malgré son esthétique savoureuse et ses références au cinéma asiatique, le film a fait l'objet d'un véritable refus de la frange la plus radicale des fans.


Rian Johnson, l'auteur de l'épisode 8 était donc voué aux gémonies par une partie des fans et adulé par une autre. Devant cette pression, Disney a rappelé l'auteur du consensuel épisode 7, à savoir JJ Abrams... Et le résultat est pire que les craintes légitimes que l'on pouvait avoir au vu de ce choix. Il n'a pas persévéré dans le sillon de Rian Johnson, au contraire, il est revenu dans le confort du passé, afin d'avoir le plus de garanties de faire plaisir aux fans aigris et ce, au détriment de l'originalité.



Une écriture paresseuse



Le scénario de ce film est sa plus grande faiblesse. JJ Abrams s'est adjoint les "talents" de Chris Terrio pour rédiger le script. Scénariste oscarisé pour Argo mais aussi connu pour les décriés Justice League et Batman VS Superman. On sent un film malade, écrit dans la panique. Le contexte n'était pas propice de part l'attente des fans mais aussi le renvoi du premier réalisateur prévu, Colin Trevorrow. Le résultat est un enchaînement de scènes sans queue ni tête, abusant de mcguffin, à savoir d'objet à aller chercher de part et d'autre de la galaxie. On se croirait davantage dans un jeu vidéo d'aventure où les personnages doivent effectuer des missions, que dans un film qui doit avant tout raconter une histoire. Problème de montage également où l'on sent que des coupes sauvages ont été réalisées. Cela a une influence sur le rythme qui est beaucoup trop soutenu pour supporter une quelconque narration. Les rebondissements stupides s’enchaînent, dont le premier, éventé dès le texte introductif révélant que l'empereur Palpatine a survécu à sa mort à la fin du Retour du Jedi. Ramener ce personnage était la pire chose à faire et cela s'est confirmé dans le récit tant la redite avec l'épisode 6 était patente. Mais pire encore, le film en plus de contredire l'épisode 8 sur certains points, se contredit lui-même continuellement. Les actions des personnages n'ont jamais aucune conséquence. Leurs choix peuvent être radicalement opposés, le résultat sera toujours le même. Cela rend très difficile l'implication du spectateur. Ainsi, comme le montre l'exemple du personnage de l'empereur, la mort devient une notion très relative.



La redondance



Les citations des opus précédents sont innombrables et deviennent clairement indigestes tant les réitérations sont grossières. Du fan service à l'état pur qui ne se limite plus au clin d’œil. En effet, des répliques des épisodes précédents reviennent mot à mot dans la bouche des mêmes personnages. Des scènes reviennent plan par plan, avec la même musique. Mais le pire, c'est que JJ Abrams a l'indélicatesse de citer son propre épisode 7 en en rejouant une des scènes les plus intenses ! Cette totale absence de nouveauté occasionne une immense frustration tant The Last Jedi avait innové en la matière. A trop vouloir faire plaisir aux fans, on finit par ne plus contenter personnes et surtout, on se limite à cocher des cases, sans se soucier de cinéma.



Un propos simpliste



On en revient à la sempiternelle bataille du bien contre le mal, des Jedi contre les Siths, sans aucune prise de recul. Sans aucun message à transmettre. Tout ce dont se soucient les auteurs, c'est le plaisir immédiat du spectateur qui aura oublié les trois quarts du film dans l'heure qui suivra la projection. Pour l'encourager sans doute à revenir. Il en ressort un film qui semble avoir été écrit par des ados attardés ayant passé trop de temps à faire la synthèse des théories de fans sur internet au lieu de faire fonctionner leur imagination. Le propos du film est tellement affligeant que le spectateur peut parfois se sentir insulté dans son intelligence. Tant et si bien que certaines scènes se voulant tragiques vont occasionner à coup sur le rire...



Des bons points malgré tout



Certaines séquences fonctionnent quand même ! Ou comme lors d'une fuite intense, le film se mue en western avec une caméra grand angle filmant un duel de Force entre Kylo Ren et Rey. Ou le traitement certains personnage, plus précisément C3PO interprété par l'inoxydable Anthony Daniels, seul comédien à avoir joué dans les neuf films de la saga ! Et plus globalement, le casting demeure merveilleux avec en tête l'immense Adam Driver qui parvient à livrer une grande performance malgré un rôle moins bien écrit que dans les opus précédents. Daisy Ridley est toujours aussi délicieuse en héroïne jedi au grand cœur et à la puissance proportionnelle à sa bonté. On regrettera que John Boyaga en Finn passe son temps à courir derrière Rey en criant son nom dans des situations plus stupides les unes que les autres.



Conclusion



On a donc le droit à un film malade qui ponctue une trilogie malade. Avec malgré tout de bons moments dont on ne peut se satisfaire tant les auteurs ont écrit le scénario avec désinvolture. A trop écouter les fans et vouloir leur plaire, on s'éloigne de l'essence du cinéma qui est quand même de raconter des histoires... Et si ces histoires peuvent être un peu nouvelles, inattendues et excitantes, cela n'enlève rien. Se contenter de reprendre un best of des meilleures séquences des autres films frôle l'escroquerie. Mais apparemment, c'est ce que les fans aiment. C'est ce que les fans voulaient. Ils ont eu alors le films qu'ils méritaient. La fanzone est un écueil mortel pour le cinéma et pour l'art en général. Et c'est le premier pas vers la dictature.

Andika
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le 22 déc. 2019

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