STAR WARS EPISODE VII : Le fac-similé de la Force

STAR WARS EPISODE VII


Ou quand JJ Abrams nous massacre un héritage...


Ah que voilà l'exercice périlleux : donner un avis neutre, posé et calme sur un monument cinématographique aussi populaire que le Star Wars VII !


En effet, plus une part de ton enfance avec une saga du grand écran se confond, plus difficile de donner ton avis c'est.


Mais force est de constater que le sauveur de Star Trek, celui-là même que les plus grands du grand écran ont adoubé pour avoir ressuscité (avec brio et panache, il faut l'avouer) une mythologie moribonde, n'est pas celui qui allait remettre Star Wars sur de bons rails intergalactiques.


Que les choses soient claires, essayons de ne pas entrer trop dans les détails de la galaxie SW, en lançant des querelles de chapelles intergalactiques dignes d'un sénat vérolé.
Le but ici est surtout de savoir, avec un peu de recul à présent, si ce film est un digne objet cinématographique, et s'il s'insère bien dans la saga.
On va malheureusement constater que c'est loin d'être le cas, vu le nombre d'incohérences et de manque de sérieux de cet opus.


Evidemment, dès le premier effet d'annonce, tout sentait bon le revival. Déjà, tous les fans ont crié au génie quand JJ Abrams le sus-nommé avait annoncé refaire la nouvelle trilogie SW avec la plupart du casting originel et surtout en pelloche, plutôt qu'en digital, ce qui avait été la terrible erreur stratégique d'oncle Lucas sur la deuxième trilogie.


Mais pour autant, la forme n'est pas cantonnée à la technologie. Il y a aussi la façon de filmer et de raconter une histoire. Tout le monde sait l'importance de la forme sur le fond.
Et là, pour le coup, dès les premiers trailers, on a vite compris ce qui nous attendait : fini les longs plans séquences en plan large, tels de longues illustrations qui donnaient un charme suranné à chacun des films supervisés par ce bon vieux George. Certes, c'était une façon de raconter un peu à l'ancienne et d'aucuns diront que c'était une manière de masquer un réel manque de talent de réalisateur, et c'est clair, George Lucas est loin d'être le Orson Welles des temps modernes... Mais ça donnait le ton, et ces 'enluminures cinémascopiques' semblaient sorties d'un livre de contes animé, ce qui a permis à ces films de se démarquer clairement des autres productions spatiales.


Ce choix formel permettait également d'admirer un plan général d'une planète ici, un combat spatial dans son intégralité là, bref, tout ça favorisait une immersion plus générale et un recul plutôt méditatif, qui cadrait parfaitement avec le message, presque spirituel, des enjeux de la Force.


Or, mis à part les premiers très beaux plans où l’héroïne cherche des droïds entre les carcasses de vaisseaux bien connus de la première trilogie, échoués là comme prisonniers d'un décor digne d'une couverture des romans Dune de Herbert, JJ Abrams fait voler ce style si particulier en filmant au plus près des personnages, en les suivant, caméra à l'épaule, en faisant des zooms (affreux) sur le Faucon Millenium, ... Et d'avoir gardé les transitions en volet « à l'ancienne » n'y feront rien : on a bel et bien changé de registre formel. Certains diront que les scènes d'actions y gagnent considérablement en force. D'autres trouveront que sur ce plan, on ne voit plus trop la différence entre le film et ses jeux vidéo dérivés, qui ces dernières années, ont évolué au point de proposer des cinématiques et des plateforme de jeux assez bluffantes.


En fait, pour donner mon ressenti, je dirai que c'est presque un peu comme si quelqu'un s'était glissé subrepticement dans ma chambre d'enfant, pour y voler mon livre de contes SW préférés et en faire une BD, certes jolies, mais poussive et sans queue ni tête, avec des plans qui se suivent mais qui manquent de force.
Je ne suis pas contre le fait de moderniser un conte... mais encore faut-il savoir s'y prendre, pour donner du sens à chaque plan, ou du moins un sens qui va dans le sens de l'histoire.


Prenons le premier plan, par exemple. Il est à lui tout seul, symptomatique de tout le film. On voit tout d'abord de superbes planètes bleutées, dans un infini étoilé. Puis, un énorme croiseur de l'Empire vient les masquer complètement de son énorme silhouette noire opaque.


Quel plan étrange. Je me suis demandé pourquoi le fait de le voir m'avait tellement dérangé. Ce n'est que bien après que je me suis rendu compte de la rupture avec Maître George.
Alors que dans la première trilogie, et même dans les trois films suivants, le charme de SW était dans le « tout montrer » (ce qu'on lui a souvent reproché), on se retrouve soudain avec un film en clair obscur, sans pour autant que ce soit un élément constructif. On verra plus tard que le même problème se pose avec la non présence du « grand méchant », à la fois là, et en même temps totalement occulté par la technologie.
C'est donc bel et bien un énorme bazar plein d'effets spéciaux qui vient occulter l'aspect spontané et la fraicheur de la cosmologie SW.


Au niveau narratif d'ailleurs, l'impression générale est que JJ Abrams semble avoir pioché honteusement dans les volets 3, 4 et 5 de la saga. Un peu comme un bon élève à qui on a dû dire « regarde, personne n'ose critiquer les trois premiers volets, alors, vas-y , ne te gêne pas, repique de ci de là, c'est du bon matos approuvé et ça fera plaisir aux fans ».


Les exemples sont légions, durant tout le film. Un spectateur de la première heure ayant encore bien en mémoire ces premiers films, verra réapparaitre le thème central de la filiation père/fils, les mêmes rapports conflictuels entre les personnages, les mêmes décors, la même taverne cosmopolite mal fréquentée, les mêmes dunes, la même planète glaciale, le même type d'arme ultime pour détruire les planètes, soit-dit en passant, un énorme clin d'oeil à l'Etoile de la Mort, en plus énorme et en beaucoup moins subtil ...même l'approche de cette base ennemie, avec diversion pour attaquer son point faible, pendant que la flotte des rebelles attend pour attaquer, ...ça vous fait penser à quelque chose ? Mais oui, c'est le but. Bref... on assiste à un énorme remix de ce qui a déjà fait et éprouvé, comme si nous étions des neuneus du niveau première plasticine prêts à gober du réchauffé.


C'est tellement vrai qu'on pourrait se demander où se situe le facteur 'audace' de ce 'nouveau' volet, tant tout cela ressemble à un montage Lego avec les éléments qui ont fait la gloire de la première trilogie ? Qu'y a-t-il de vraiment neuf dans ce nouvel opus, au fond ?


Par exemple, comment justifier que les vaisseaux (et leur technologie) n'aient pas évolué depuis le volet 3, alors que bien des années ont passé, comme le laissent supposer ces plans sur des croiseurs interstellaires ou des ATAT échoués dans les dunes, au début du film, semblant souligner que tout ceci fait partie d'une époque révolue, à l'instar de la légende de Luke Skywalker ?
Pourtant, on retrouve très vite ces mêmes croiseurs, on retrouve les TIE-Fighters, et les fameux X-wings. On leur a fichu deux trois coups de peinture pour donner le change, et hop, c'est bon ?
L'armée de l'Empire elle-même n'a pas bougé d'un iota : les stromtroopers ont toujours la même dégaine, les pilotes portent les mêmes uniformes, etc...
La seule nouveauté vient sans doute de la nouvelle arme suprême, la fameuse base Starkiller, qui, comme son nom l'indique, fait le même travail que l'Etoile de la Mort, mais en diffractant son faisceau, le scindant en trois, réussissant à détruire plusieurs planètes quasi simultanément.
Le dispositif a de quoi faire sourire un fan Star Wars, et même Han Solo le fait remarquer : « Ben, c'est juste une Etoile de la Mort, mais en plus gros, non ? ». Eh oui. En plus gros à tous niveaux, puisque cette base inclus à présent une planète toute entière. Et qu'on se demande bien comment on peut arriver à déplacer une planète à droite à gauche dans l'Univers, et comment on arrive également à scinder un rayon mortel de façon hyper précise en pleine émission.
Mais bon, voilà une nouvelle couleuvre galactique, que même les plus gentils spectateurs auront difficile à avaler, même avec un classique « mais c'est pas de la science hein, c'est de la science fictiooonheuuu ».


Sans doute, alors que les volets 1-2-3 de la saga ont lassé les fans avec leur opulence de vaisseaux flambants neufs, tous plus rutilants et colorés les uns que les autres, Mr. Abrams a voulu jouer la carte de la sobriété. Et si ça fonctionne très bien quant à l'aspect usé et fatigué des vaisseaux, qu'on avait tant apprécié dans les premiers films et perdu ensuite dans la déferlante digitale bien trop lisse, on assiste ici à une absence totale de nouveauté. Pire, on perd même certains éléments pourtant typiques de la saga.


Par exemple : mis à part les personnages principaux, regardons du côté des monstres et en général les personnages moins humanoïdes. Ils ont toujours tenu une place prépondérante dans l'univers SW et on leur avait toujours accordé un soin particulier, parce que Lucas avait compris que c'étaient eux qui donnaient une vraie crédibilité à un univers lointain et mystérieux. Que ce soit les personnages secondaires charismatiques, tels que Jabba, avec sa meute hétéroclite : son homme de main métissé avec un serpent, ses gardes à tête de sanglier, et toute sa cour digne d'un cirque de freaks extraterrestres, son monstre-champion, le Rancor... ou même le monstre du Sarlac, bouches béante ouverte dans les dunes, ou les Ewoks. On était face à de vrais êtres difformes ou mignons, ou charismatiques. De vrais personnages.


Ici, rien, nada. Juste deux trois monstres capturés par Han Solo et tellement mal fichus (en gros une bouche, un truc graisseux et des tentacules) qu'on ose à peine nous les montrer (d'ailleurs, c'est pareil avec les chasseurs de prime qui viennent pour tirer les oreilles du flibustier de l'espace jamais à court de dettes : on les voit à peine dans une scènes digne d'un West Side Story fauché, et hop, ils se font bouffer avant même qu'on ait eu le temps d'admirer leur style). Ah il est bien loin le temps d'un Bobba Fett qui avait trop la classe avec ses gadgets mortels.
Et ce n'est pas l'espèce de gros mamouth-cochon qu'on aperçoit 5min penché sur son abreuvoir, qui arriverait à la cheville d'un Tauntaun, cet animal que Luke chevauchait dans les neiges de Hott, et qui, lui au moins, faisait pleinement partie de l'histoire.


Pire, le même écueil se remarque du côté d'un personnage pourtant très visible tout le long du film : le petit robot-gadget qui roule sur lui-même (un très méchant critique de la blogosphère l'a même très justement surnommé « le R2D2 brésilien », c'est dire).
Difficile en effet de ne pas le comparer à son homologue robotique. Mais la comparaison s'arrêtera au fait que c'est lui aussi un robot. Parce que là où, avec R2D2, le spectateur d'antan avait droit à un robot calculateur, un stratège, un messager, un mitrailleur X-wing, bref... à un compagnon d'aventure ; aujourd'hui, les gamins se retrouvent avec un robot qui roule et qui porte un message. Point.
Exit les sautes d'humeur du robot blanc à roulettes, et cette réussite qui tenait pourtant du tour de force : rendre 'chaleureux' un tas de ferraille avec des lupiotes et des bipbip.
Ici d'ailleurs, on se demande bien pourquoi la jeune Rey s'encombre de ce robot qui pourrait pourtant lui rapporter le quadruple de sa ration de bouffe quotidienne, alors que son passe temps est justement de refourguer ce genre de gadgets...


L'un des éléments les plus désolants aussi, côté personnages, tient en l'absence de vrai duo. Et de « duos spirituels » comme j'aime les appeler.
Par exemple, R2D2 ne serait pas ce qu'il est sans son compère de toujours, C-3PO. L'aspect humoristique d'un duo venant du fait qu'on rassemble deux contraires et qu'on les force à fonctionner ensemble : le robot calculateur et muet avec le robot traducteur et verbeux, le flibustier bogoss et une grosse boule de poil asexuée, ou ce même Han Solo, imbu de lui-même et désabusé, en duo avec Luke, jeune, impulsif mais humble, ou même la tension très sexuée avec Leïa qui lui tient tête.


Ici, on a vu que le seul robot-héros du nouvel opus est solitaire et peu évolué... on voit aussi, au début du film, une esquisse de duo qui aurait pu être, si pas comique, du moins très intéressante : Poe, le pilote X-wing rebelle et déterminé capturé par l'infâme Kylo, et Finn, le stormtrooper émotif. Pendant quelques minutes, ils semblent s'apprécier, se chamailler, bref, une belle amitié virile en vue.
Mais cette combinaison fait long feu. A peine le soldat de l'Empire arrive à aider le pilote à s'enfuir de la base ennemie (via une séquence qui se voulait sans doute cocasse mais plombée par un véritable manque d'humour), et paf, voilà le pilote qui disparaît dans les sables, laissant Finn seul face à son destin : reprendre la lourde tâche du rebelle (toute cette partie est tellement rapide et bâclée que pas un instant on croit en la disparition définitive de ce personnage, encore une preuve du manque d'intérêt de JJA pour ses personnages).
On notera donc au passage que, même si l'humour n'était pas le fort de la saga, il y avait malgré tout quelques éclats de sourires arrachés par des personnages hauts en couleurs. Mais JJA ne semble pas vouloir emprunter cette voie là non plus... #EpicFail.


Si l'on se penche sur les personnages secondaires, individuellement, on est frappé également par quelque chose qui est propre à tous les grands mauvais films, à savoir : les personnages monofonction, voire inutiles.
Ce sont ceux que l'on peut retirer de l'intrigue après qu'ils eut rempli leur fonction, sans que l'histoire n'en souffre particulièrement.
Et ici, c'est plutôt un constat dramatique :
On a déjà remarqué que le petit robot-ballon-de-foot ne sert qu'à transporter un message (ce que ferait n'importe quel tas de ferraille), en réfléchissant un peu, on peut aussi se dire que le pourtant assez charismatique pilote Poe ne sert qu'à passer la main à Finn (même s'il dirige l'attaque de fin, c'aurait pu être n'importe qui d'autre, du reste le manque de mise en scène de son retour à l'écran frise le désintérêt pour ce personnage, pourtant héroïque), de même on se demande bien ce que vient faire un acteur de la trempe de Max Von Sydow si c'est juste pour palabrer avec un accent portugais (en français dans le film) puis se faire choper 5min plus tard. De même, à part pour ranimer la nostalgie des fans, C-3PO ne sert strictement à rien, R2D2, dont on a vu pourtant l'importance dans les volets précédents, n'est tiré de sa léthargie que pour filer le reste de la carte manquant (merci, aurevoir), et, bien pire, on nous inflige les ravages du temps avec une LeIa Organa babacool (Carrie Fisher, défigurée par la chirurgie esthétique californienne) très passable en chef des super-re-rebelles.


Du côté des personnages principaux, le constat n'est guère plus réjouissant : la petite Rey (une très fraiche Daisy Ridley, mix gentillet entre une Natalie Portman blafarde et une Keira Knightley grimaçante), est un personnage athlétique qui court, saute, se bat (et grimace beaucoup), tout ça alors que, sortie de nulle part et vivant sur la très peu accueillante Jakku, elle semble galérer sec pour trouver à peine de quoi se nourrir chaque jour en fouillant les épaves. Un personnage qui devrait donc être sale, famélique et au moins aussi garçonne qu'une Sarah Connor, et qui est pourtant campée par une post ado gravure de mode, sautillante, sensée découvrir la Force cachée en elle en moins d'une heure de film, alors qu'on s'en souvient bien, Luke en avait bavé des jours durant sur Dagoba, dans la boue et la sueur, à se taper les phrases sibyllines d'un Yoda pas vraiment des plus coopératif. Mouai. Si au moins elle avait été « fermière de l'espace » comme l'était Luke dès le premier script imaginé par Lucas, on aurait eu une explication à sa bonne santé, et sa condition physique irréprochable. Mais bon, une petite théorie de fans sauvera bien ce point là également, à voir un peu plus loin...


En attendant, son tempérament impulsif et parfois même un peu typé 'post-ado capricieuse', ne vaut pas mieux que celui des deux autres protagonistes principaux : d'un côté, Finn l'improbable Stromtrooper sentimental (dur à avaler quand on sait que le Stormtrooper est l'élite de l'Armée Impériale/Ordre Nouveau, et qu'il est entrainé et endoctriné depuis son enfance. Le « simple massacre » d'un village lambda ne devrait donc pas causer autant d'émoi chez ce personnage, et pourtant... On passera évidemment aussi sur le fait qu'il apprenne aussi vite à viser avec une mitraillette laser dans le Faucon, et à manier un sabre Jedi), et de l'autre, Kylo Ren, un redoutable Jedi raté et Chevalier de Ren de pacotille.


Ce dernier personnage mériterait d'ailleurs un article à lui tout seul à la fois dans Les Cahiers du Cinéma et dans Psychologie Magazine, tellement il est narrativement bancal et assez pathétique tout en ayant pourtant un rôle prépondérant au sein de la nouvelle trilogie, et pour cause :
c'est un personnage « caméo », puisque, indirectement, il représente JJ Abrams et son désir de se hisser à la hauteur de George Lucas.
En effet, à l'instar du réalisateur, il idolâtre un « Maître » (ici Dark Vador, dont il a gardé le masque tout fondu, on se demande bien comment, puisque toute l'armure a soit fondu durant le bucher qui a vu brûler Vador/Anakin sur Endor, ou a dû exploser avec l'Etoile de la Mort peu avant), tellement qu'il va jusqu'à se costumer comme lui (l'Ordre des Siths ayant disparu depuis longtemps, on découvre donc un personnage anachronique et nostalgique (sorte de neo nazi intersidéral) qui s'habille de noir, avec une jolie cape et un masque tout laid) et que, comme Rey le formule clairement en lisant dans son esprit : « Vous avez peur de ne pas être à la hauteur de George Luc... pardon, de Dark Vador ! ».
C'est même tellement criant que le personnage lui-même rappelle qu'il est là pour « terminer ce que Vador a commencé ». Quand on sait que JJ Abrams s'est frité avec Lucas (ou l'inverse, mais bon, on comprend vite pourquoi rien qu'à découvrir le film final)... on se retrouve avec la même configuration : un apprenti Jedi qui n'a pas terminé sa formation et qui rêverait d'être aussi fort qu'une figure paternelle et professionnelle de laquelle il a du mal à s'affranchir. La messe est dite.


Petite aparté sur le port du casque qui semble bien ridiculisé dans ce film : non seulement, ce Kylo porte un masque (relativement laid d'ailleurs, comparé au design général de l'univers SW) qui ne lui sert à rien, vu qu'il le relève à sa guise (rappelons que Dark Vador avait besoin de son masque pour respirer), mais c'est pareil pour le personnage de Finn : en tant que Stormtrooper, tu n'enlèves JAMAIS ton masque en public. Or ici, il sue comme un bœuf, l'enlève à tout bout de champ. Bref... au même titre que pour Rey et sa condition physique exceptionnelle, on se demande ce que vient faire là un soldat un peu trop massif pour son armure. Un masque qui, d'ailleurs, semble bien futile, puisqu'on apprend entre autre que celui des Stormtroopers peut les protéger des gaz mais pas des émanations toxiques. Wtf ?


Tout ça fait presque penser à la célèbre parodie de Star Wars : le désopilant « Spaceballs » de Mel Brooks, où le Dark Vador pathétique campé par Harold Ramis, n'arrêtait pas d'ouvrir et fermer son masque. JJA serait-il donc en train de ridiculiser SW ? On peut se le demander.


Pour terminer sur Kylo... comment comprendre qu'un ancien Jedi qui, certes, n'a pas terminé sa formation, mais qui a quand même été formé au sein de la Jedi Academy de Skywalker (qu'il a quitté en organisant un massacre généralisé des autres padawans)... se retrouve à singer Dark Vador avec un masque et un sabre laser gadgets, et à se soumettre à un obscur seigneur du Nouvel Ordre (alors qu'il est même pas capable de se retenir de tout casser comme une rockstar capricieuse à la moindre mauvaise nouvelle) ?
Il déboule avec un look de Sith sur le retour, et pourtant possède le don de retourner les tirs laser (s'il vous plait, c'est bien pratique, scénaristiquement parlant). Malgré ça, il n'est même pas fichu de soutirer des informations capitales de Poe sans le torturer (longuement, semble-t-il) et pire, se retrouve comme un petit bleu au combat de sabre face à cette Rey, décidément bien douée pour une fille qui ne devrait savoir ni manier un sabre, ni piloter un Faucon Millenium.
Rey qui, dans une scène bien pratique pour les scénaristes mais totalement fausse dans l'esprit Star Wars, nous refait le coup d'Obi-Wan-Sir-Alec dans l'Episode IV : elle arrive à manipuler l'esprit de son geôlier pour l'obliger à la libérer. Passons sur l'aspect factice de cette séquence (aucun Jedi n'avait découvert lui-même sa propre Force, il y avait toujours eu formation ou au moins, présence d'un maître à la base)... Le soucis est que là aussi, JJ Abrams loupe le coche.
Dans le premier film, où Alec Guinness parle au soldat, il ne leur intime pas un ordre, il leur fait de l' « inception », il pense à sa place, et le soldat répète ses mots : « Laissez-les circuler, ce ne sont pas les droïds que nous cherchons ».
Mais ici, Rey donne un ordre : « Vous allez me libérer », et le garde de répondre « je vais vous libérer ». C'est un détail, certes, mais c'est ce qu'on appelle communément le « lost in translation », ce qu'on perd peu à peu de la logique Star Wars, parce que l'univers est redéployé par quelqu'un qui semble s'en ficher un peu.


D'ailleurs, si l'on regarde ces deux personnages à la lumière de la Force telle qu'on la connait, on remarque plein de maladresses.


Par exemple, le fait que Rey évolue sans Maître et que Kylo ne soit en contact avec le sien que par conversation Skype holographique, fragilise la crédibilité de ces personnages.
Dans les histoires précédentes, l'accent était particulièrement mis sur la relation Maître / Apprenti. Or, dans le cas de Kylo, on a une première vision très désincarnée de sa relation avec son maître, le très flou Snoke. Ceci est tellement flou dans le film, que le personnage lui-même est réalisé en 3D, présenté en visioconférence, en contre-jour !
C'est une fois de plus une erreur de construction de personnage pour ce genre de film, même si, d'une certaine façon et sans doute de façon inconsciente, ça illustre bien le rapport de la jeunesse actuelle avec la réalité et l’apprentissage de la vie : sans maître, ni références, totalement désincarné.


En effet, les grands méchants SW, même cachés par leur toge (l'Empereur Palpatine) ou derrière un tatouage facial (Dark Maul) ou un masque (Dark Vador), ont toujours eu une présence physique indéniable, une réalité. Et jamais il ne serait venu à l'esprit de Lucas, malgré ses propres erreurs passées d'orgies numériques avec Jabba ou JarJar par exemple, de confier le rôle d'un grand mauvais à un personnage de synthèse. Qui plus est en clair obscur et en hologramme pour sa première apparition.


JJ Abrams semble donc avoir fait l'impasse sur le célèbre adage Hitchockien « Meilleur est le grand méchant, meilleur est le film ».


Les incohérences sont tellement légions que les spéculations vont bon train chez les fans-furieux de Star Wars.
Et c'est bien là de soucis : donne un os à ronger à un ultra fan, après des années de disette, et il ira imaginer tout le gibier qui recouvrait l'os.
Certains imaginent des théories tordues pour pallier à tous ces manques flagrant de narration. Certains disent que Rey serait en fait une des apprenties Jedi de Luke, et qui aurait perdu la mémoire durant ce fameux massacre, et qu'on aurait placé sur Jakku pour la protéger de Kylo justement... puis on entend parler d'immaculée conception (eh oui mais bon, forcément, puisque la deuxième trilogie a lancé la mode avec un Anakin sorti de nulle part et des théorie pseudo scientifiques sur le sang des Jedi)... évidemment, tout cela n'a plus rien à voir avec un débat cinéma.
Mais pourquoi ne pas laisser libre cours à son imagination alors ?
Ainsi, sachant que l'armée du Nouvel Ordre est, telle l'armée de l'Empire vers la fin, approvisionnée par des enfants orphelins, pourquoi ne pas imaginer que Finn est aussi un rejeton de Jedi ?
En fait, tout est possible, tant rien n'est affirmé dans cet opus aux contours flous.


Impossible de le nier, sauf si l'on aime remplir les trous et étoffer les personnages à la place d'un scénariste, ce qui n'est pas vraiment l'activité de vrais cinéphiles.
Ce Réveil de la Force ressemble donc à un épisode annexe, une sorte de reboot improbable, un exercice de style pour JJ. Abrams qui s'est essayé là à l'univers Star Wars sans apporter la moindre pierre de taille à l'édifice, juste en déplaçant les blocs, en les reposant de ci de là avec une armée d'illogismes, de contradictions et de personnages très brouillons.
On pourrait même aller jusqu'à affirmer que Disney a 'zombifié' l'esprit SW, en créant une nouvelle série de films « pirates » qui, s'ils continuent sur cette lancée, ne seront plus que de belles coquilles vides de sens d'ici les films suivants.


Tout le monde pourra alors s'extasier sur la technique et la pelloche, trouver du plaisir à revoir les anciens personnages de la saga, le reste s'apparentera plus à une bonne copie « à la chinoise » d'un sac Vuitton, ...mais vendu comme l'original et au même prix.

MarcMoc
3
Écrit par

Créée

le 15 déc. 2016

Critique lue 394 fois

MarcMoc

Écrit par

Critique lue 394 fois

D'autres avis sur Star Wars - Le Réveil de la Force

Star Wars - Le Réveil de la Force
Samu-L
6

Star Wars Episode VII: A New Hope Strikes Back

Divulgâchage épique dans ce billet!!! Au départ, j'avais décidé de pas intervenir. Je m'étais dis: " mon petit Sam, est-ce que ça vaut vraiment la peine de t'embarquer là dedans? Parce que tu sais...

le 18 déc. 2015

286 j'aime

97

Star Wars - Le Réveil de la Force
Palplathune
4

La force a la gueule de bois

Quand on critique quelque chose qui tient autant de l'affectif que Star Wars, il est bon de dire d'où l'on vient. En l'occurrence, je suis un (relativement) vieux fan de la trilogie originale. Cet...

le 20 déc. 2015

234 j'aime

37