Un bon SW ne fait pas nécessairement un bon film

Plutôt que de mettre toute la critique derrière un masque de spoil, je préfère prévenir de suite qu'il ne vaut mieux pas la lire si vous n'avez pas vu le film.

Déjà ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un fan particulier de la saga Star Wars. Même si elle a bercé mon enfance (y'avait rien d'autre de potable à voir en SF pour les gosses), avec un regard adulte on tend à n'y voir plus qu'un vide scénaristique et une foule de conneries irréelles qui ferait passer Armaggeddon pour un bouquin d'astrophysique de lycée.
Et Star Wars : The Force Awakens est dans la droite lignée de ses prédécesseurs.

[ Je vais vous faire grâce des innombrables aberrations physiques du film, je crois que pour l'univers Star-Wars on se passera du concept de science dans le mot science-fiction. J'y passerai la journée rien qu'à expliquer en quoi le film, au delà de vouloir suivre des lois physiques élémentaires comme l'absence de son dans l'espace, la vitesse effective de la lumière comme limite (donc que les tirs de quelque arme que ce soit ne puissent traverser des années lumières en 2 minutes), n'est lui-même pas cohérent dans sa construction (alors quoi l'arme vide une étoile complete pour tirer... puis recharge une seconde fois de la même étoile ? Quoi ça respawn une étoile ?!!) ou ses déclencheurs scénaristiques à fonctionnement unique (exemple de Han Solo qui repère le Faucon Millénium sans souci mais le Premier Ordre n'en est pas capable). ]

Bon globalement le film commence bien, on prend le temps de jubiler sur de nouveaux personnages mais surtout c'est du SWPorn avec des visuels à tomber, des sons parfaits et même améliorés, plus bruts et féroces, ou encore une photographie à tomber. Clairement pour ça JJ Abrams cartonne et nous donne ce qu'il sait faire de mieux. J'ai personnellement apprécié les plans des croiseurs échoués sur Jakku et cette façon qu'a JJ Abrams de les estomper pour leur donner une taille phénoménale.

Puis vient le moment où l'on commence à chercher où ça va nous mener, quel est le véritable matériau derrière cette superbe vitrine. Et là c'est le drame, dès lors tout s’enchaine... ou pas.
J'ai clairement eu l'impression de revoir la trilogie originale (IV, V et VI) condensée en 2 heures :

• on démarre par un message "post-mortem" laissé à un droïde pour la résistance (#Leia-RD2D #Poe-BB8);


• on rencontre un(e) jeune personnage doué pour le pilotage et le hacking qui va révéler des compétences dans la force modèle camp-des-gentils (#Anakin #Luke #Rey);


• on s'empêtre dans des méandres scénaristiques pour faire décoler les personnages de Jakku;


• on découvre un peu plus tard que le méchant est en fait le fils d'un gentil (#DarthV-Luke #DarthV-Leia-Kylo Ren) et qu'il lui faudra faire face à l'épreuve du père (#Luke #Kylo);


• on nous propose une toute nouvelle menace originale des méchants : une (encore) (plus) grosse boule qui peut tirer très fort pour détruire des pla-oh wait ! #EtoileNoire v3.0;


• on finira sur un méchant (encore) (plus) grand parce que (encore) (plus) méchant (bien que moins crédible).

J'en passe mais globalement je n'ai rien retenu de nouveau dans ce nouvel opus. Rien qui ne sorte de l'ordinaire (sinon ce charmant droïde mignon qui accompagne le... non en fait non, ça aussi c'était déjà vu). A la rigueur on notera que des persos qui n'ont pas la force sont plus importants qu'ils ne l'étaient dans les trilogies originelles et ne sont pas que des red shirts, notamment et surtout le Général Hux.

Beaucoup de questions restent sans réponse mais à voir la profondeur de l'univers présenté à l'écran je doute qu'elles soient closes dans les épisodes à venir ou alors ce sera avec des résolutions simplistes.

Le montage est aussi assez particulier avec des cuts à des moments qui ne sont ni des fins de scène à proprement parler ni des climax. Et quand on compare le début du film qui "prend son temps" (autant qu'un blockbuster sache prendre son temps) pour exposer le propos, la deuxième partie du film est une suite non-stop de séquences prévisibles (mort de Han Solo), téléphonées (destruction de l'inhibiteur en mode easy par le squadron), de tropes éculés (on se promène allègrement dans une base bourrée à craquer d'ennemis) et, pire encore, de Deus Ex Machina comme vous en avez déjà mangé des milliers de fois (exemple du duel final au sabre interrompu parce qu'il faut bien faire une suite avec les mêmes persos, la providence voulait que Chewie soit là juste à temps pour quitter une planète qui pète partout sauf là où se trouve ceux qui font partie du casting à suivre).
On terminera alors le film en 2 minutes sur l'enième victoire de la Résistance, la résolution qui tombe à pic de "l'énigme de la carte du space-trip de Luke" (j'éviterai de parler de cette partie scénaristique bidon au possible), un voyage qui aurait pu être l'objet de bien plus de mystère et d’émerveillement à l'autre bout de la galaxie baclé en 5 secondes puis un plan final de 40 secondes de Rey qui tend son sabre à Luke (parce qu'il fallait bien le placer dans le film vu que la production l'avait casté et en avait besoin pour le marketing).

Dans ce film, comme dans nombre de blockbusters, l'action n'est plus vecteur du scénario, résultante de la narration mais est juste un divertissement placé par-ci par-là en prévision des opérations marketing nécessaires (bande-annonces, attractions à Disneyland, figurines, modèles LEGO spéciaux, dessin-animés, jeux vidéos, etc).

J'ai clairement l'impression que JJ Abrams a donné aux fans de SW une resucée des précédentes trilogies... et que c'était aussi ce qui était attendu par ces mêmes fans. Le matériau de base et les compétences de JJ auraient tellement pu amener plus, mieux, mais on sent que la franchise est écrasée par la production ou le marketing et ne pourra en aucun cas sortir quelque chose de bon. C'est à se demander si je ne devrais pas me pencher sur les fan-fics pour y trouver mon compte.