Ce jour là, la Force s'est levée du pied gauche...

Cette critique est composée de trois parties, une pour chaque film de la postlogie. La note '1' est donc la note globale de la postlogie, partant du principe qu'on ne peut pas en juger les films comme des œuvres indépendantes.
Spoilers à l'horizon.


Lorsqu'en 2012, Georges Lucas refourguait l’œuvre de sa vie à Disney, les raisons de s'inquiéter étaient nombreuses. Mais il y a toujours un espoir, comme nous l'a appris un certain La Guerre des Étoiles. L'annonce de la production d'une nouvelle trilogie, des légendaires épisodes VII, VIII et IX de la saga Star Wars, était comme un rêve devenant réalité pour une large majorité de fans. D'autant plus que, d'après la rumeur, Lucas avait dans ses cartons des idées de "postlogie" qu'il n'avait pas pu mettre en pratique, tâche qui incombait désormais à Disney. En somme, il nous était permis d'avoir confiance.


En 2015, à la sortie du film et à l'entrée du cinéma, je trépignais d'impatience et n'arrivais pas encore à bien réaliser que j'allais voir l'épisode VII de Star Wars, après plus de vingt ans passés avec un compteur bloqué à VI. Quelques pubs plus tard, la musique de John Williams m'emportait pour un tout nouveau voyage dans un de mes univers favoris.


Le film commençait bien, aucun doute pour ça : l'entrée de Kylo Ren est impressionnante avec un pouvoir de la force jamais vu jusqu'alors; le personnage de Finn, stormtrooper renégat, est inédit dans la saga. Puis arrive les premières redites : Tatooine bis (mais avec des vaisseaux écrasés dessus), Luke Skywalker bis (mais avec trois chignons, Rey), R2 bis (mais en plus petit)... En fait, petit à petit, ce film devient un épisode IV bis. Qu'en est il de la trame principale à ce moment là ? C'est l'histoire d'un droïde recherché parce qu'il détient des plans supers importants et qui croise la route d'un personnage rêvant d'ailleurs. C'est fichtrement familier dîtes donc. A ce stade là, on commence à se poser des questions.


Ce n'est pas l'arrivée d'Han Solo qui va apaiser l'esprit commençant à bouillonner. Passé le moment "waaaah Harrison Ford !", on se rend compte que notre contrebandier préféré n'a pas grand chose à dire. C'est même pire, parce qu'il n'a pas non plus grand chose à faire. La péripétie avec les gros poulpes est l'un des passages les plus inintéressants, alors qu'il y avait des tas de choses plus importantes à développer : comment le Faucon Millenium s'est-il retrouvé sur Tatooine 2.0 ? Pourquoi Han Solo ne le retrouve-t-il que maintenant ? Et, bon sang de bonsoir, où est Leia et que sait Solo de Luke ? Pour répondre à toutes ces questions, veuillez vous référez aux produits dérivés, car en ce qui concerne le film, le personnage se contente de banalités absolues : "Hey, la Force existe, et les Jedi aussi ! Incroyable non ?"


Alors, ok, ça c'était une révélation importante dans le IV. Mais là, on est une trilogie plus tard. C'est pas comme si l'événement historique le plus récent dans la chronologie de Star Wars était littéralement l'apparition d'un nouveau Jedi pour défaire un régime tyrannique ! Ça fait même pas une cinquantaine d'années, comment c'est possible que ça puisse être "un mythe" ? Et puisqu'on parle d'Histoire, est-ce qu'on peut avoir un petit aperçu des conséquences de la chute de l'Empire ? A part dans le texte déroulant d'introduction ? Parce qu'à ce stade, l'entièreté de la trilogie originale a autant d'impact qu'un pet sur une toile cirée. Si le seul effet c'est juste d'avoir changé le nom des méchants en "Premier Ordre" et celui des gentils en "Résistance", c'est plutôt décevant.


A ce stade du film donc, il se pose un gros, très gros problème de contexte. On ne le remarque pas forcément la première fois car le rythme du film est calibré pour éviter de trop réfléchir à ce qu'on regarde, mais ça devient évident après un ou deux visionnages. D'une part, le scénario est calqué sur celui du IV (y a même l’Étoile de la mort 3.0), mais d'autre part, ce qui faisait que le scénario marchait manque à l'appel : Rey n'a aucune raison de suivre un type qu'elle a rencontré il y a juste trois minutes (dans le IV, Luke suivait Ben parce que sa famille venait de se faire massacrer par l'Empire !). Si encore il y avait un minimum d'exposition sur la situation de la galaxie, l'importance de la lutte entre Résistance et Premier Ordre pour ses habitants, etc. on comprendrait. Mais là non, grosso modo la seule et unique raison pour laquelle Rey suit Finn et Han Solo, c'est parce qu'elle n'a rien de mieux à faire. Peut-on avoir plus décevant et fragile comme motivation pour un personnage ?


Ces problèmes ne sont pas isolés et tirent leurs racines d'une faille plus profonde : le scénario est mal écrit. Il n'évolue pas de manière fluide, les actions des personnages ne sont pas dictées par des raisons intrinsèques à l'histoire mais par des besoins scénaristiques. Cette tare plane sur l'ensemble du film, et tous les moments qui pourraient bénéficier d'un tant soit peu d'investissement émotionnel de la part du spectateur en sont donc gâchés, parce qu'ils n'ont pas été justifiés d'une manière crédible. Pêle-mêle :



  • Finn qui s'attache à Rey et réciproquement.

  • Han Solo qui s'attache à Rey et réciproquement.

  • Leia qui réconforte Rey (et réciproquement...) après la mort de Han (alors qu'il y a CHEWIE juste à côté !).

  • La destruction de la Nouvelle République.


Mention spéciale pour ce dernier, où des spectateurs n'avaient même pas compris qu'il s'agissait de la Nouvelle République qui était détruite ! Comment peut-on rater ses enjeux à ce point là ?
Je passerai donc sur les facilités scénaristiques qui se succèdent (même si le coup du sabre d'Anakin qu'on retrouve miraculeusement vaut son pesant d'or... j'imagine la scène avec la main de Luke qui y est toujours attachée, ça me fait beaucoup rire) jusqu'à la fin du film, et faire un bilan de cette première partie.


Nous nous retrouvons donc ici avec un film bancal, qui tient essentiellement sur ses moments d'action, qui, il faut le reconnaître, sont réussis. Dès que l'on cherche à creuser, on se rend compte qu'il n'y a aucune profondeur. Il est assez évident que les idées originales de Lucas avaient été soigneusement écartées. Pourquoi c'est évident ? Eh bien, parce que précisément, il n'y a rien d'original dans ce film. Aucun des éléments qu'on pourrait considérer comme nouveaux ne sont développés (Snoke ? Mystère. Chevaliers de Ren ? Idem. Origine de Rey ? Pareil. La Nouvelle République ? Pareil. L'exil de Luke ? Même chose, ad nauseam.). Lorsque le film est sorti, on pouvait y voir deux explications, et j'avais, à l'époque, choisi la première : une volonté, poussée à l'extrême, de laisser le plus possible de zones d'ombre, pour faire durer le plaisir des révélations. Une bonne intention, à priori, mais qui faisait peser l'entrée dans la postérité du film sur ses successeurs (des révélations ratées auraient rendu le film sans intérêt).


La deuxième explication, que j'avais repoussée, donc, à l'époque (naïf que j'étais), était autrement plus navrante : il n'y avait tout simplement pas de révélation prévue. Aucun tracé, aucun schéma, aucun plan pour cette trilogie, juste des "on a qu'à mettre ça et puis on verra après". Une explication qui deviendra crédible avec la sortie de l'épisode VIII...

Quintino
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le 23 déc. 2019

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Quintino

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