Aller de l'avant.

ATTENTION CETTE CRITIQUE COMPORTE DES SPOILERS

Star Wars, c'est sacré. C'est comme une
sorte d'objet intouchable, sur lequel tout le monde voudrait poser son doigt. Un univers des plus riches, une histoire de famille... Difficile de ne pas avoir fantasmé depuis 2012 ce que l'ont souhaitait ou pas voir dans cette suite. En 2015 sort Star Wars 7. Au début, tout le monde s'accordait a dire que c'était génial. Et puis... Oui le film est par de nombreux aspects raté et c'était difficile, a partir de cette base instable et controversée, de rattrapper le tir. Alors il vaut quoi Star Wars 8?

Eh bien... C'est génial.
Comprenez moi : je suis un fan inconditionnel des Star Wars, j'ai grandit avec, et son univers fait complètement partie de mon imaginaire. Avec le 8, comme beaucoup, j'attendais que le film soit original, apporte des élements nouveaux, et réponde aux questions laissés salement en suspend dans le 7. Et autant vous dire... qu'il fait bien mieux que ça.
Mais abordons d'abord les défauts, si vous voulez bien ( parceque oui, difficile de passer a cote des nombreux defauts du film).
Commençons par le commencement : l'humour. L'humour est parfois mal venu et mal géré. Que ce soit les porg qui gachent les scènes de tension et n'apportent rien au récit, ou les nombreuses vannes comme la premiere scène, qui est invraisemblable et a la limite du gênant tellement le gag se répète et dure longtemps. Mais il est tout de même nécessaire de relativiser. D'une part, l'humour a toujours été de manière plus ou moins flagrante intégré dans Star Wars ( Yoda dans l'épisode 5 en est surement le meilleur exemple ou le duo burlesque C3-PO R2-D2). Je suis d'accord pour dire que dans le 8 c'est un peu lourd, mais de la a dire que c'est du Disney, que c'est pour les gosses, etc... Bon la ça va trop loin a mon sens.
Un des defauts majeurs est egalement la cohérence. En effet, de nombreux elements ne respectent soit pas la cohérence inhérente a la saga, soit la coherence meme du film. Par exemple Rey qui reste des jours sur l'ile de Luke, alors qu'il ne reste que 6 heures de carburant au vaisseau. D'ailleurs parlons en du carburant : ce nouvel element, sur lequel repose le film entier, apparait alors que rien ne precisait la presence de carburant dans les vaisseaux. Etrange. On peut egalement citer l'arc narratif de Finn qui par moment est completement inutile. Mais encore une fois, il est plus que nécessaire de nuancer. Parceque si cela peut paraitre inutile, la plupart des choix et des decisions de Finn amènent un nouvel element. Par exemple, lorsqu'ils décident d'aller sur la planete des vendeurs d'arme, ils rencontrent les jeunes manipulateurs de la force qui reviendront a la fin du récit. Cela permet aussi d'approfondir le personnage de Rose qui explique a travers les courses de chevaux son passé. Mais aussi, c'est en meme temps logique que tout ce qu'il a fait pour detruire ce qui permet a l'empire de suivre la Resistance dans l'hyper espace ne reussisse pas. Ce sont les elements naturels et humains qui se mettent en travers de sa route. C'est meme plus que cohérent et vraisemblable a mon sens. Reste qu'on est dans un film et que rien n'est censé etre gratuit, certes.
La force apparait dans un episode comme un Deus Ex Machina constant. Un peu ca va, mais beaucoup c'est genant. Par exemple lorsque Yoda invoque l'éclair qui detruit le dernier temple Jedi, c'est inutile, invraisemblable et lourd.
En fin de compte, je souhaite evoquer la question du Premier Ordre.
Tout le monde semble s'accorder a dire que la puissance du premier ordre n'a aucun sens vis a vis de la fin de l'épisode 6. Je trouve pour ma part que effectivement c'est discutable dans le 7. Difficile de comprendre comment ils ont pu réunir autant de moyens après la destruction de l'étoile de la mort. Mais en même temps si on se replace dans le contexte un moment, ce n'est pas tout a fait hors de propos. Car si l'étoile de la mort et l'empereur ont été anéantis, il reste tout de même un semblant de commandement puisque tous les vaisseaux de l'empire n'ont pas été détruits. De plus, l'empire s'est implanté sur la plupart des planètes de la galaxie, donc difficile de penser qu'ils finissent hors de ressources à la fin du conflit. Mais dans ce nouvel Opus c'est beaucoup moins discutable : Johnson met en place le système des contrebandiers, qui se font du beurre sur la vente d'arme. Cela explique les énormes ressources de l'empire et je ne vois pas en quoi c'est critiquable ici.
D'autres détails du récit sont parfois bancals et maladroits, comme l'utilisation de la force par Leia. Si la scène n'est pas aussi invraisemblable qu'on veuille nous le faire croire (on ne meurt pas instantanément dans l'espace), elle est pour autant assez mal réalisée sur le plan technique ce qui la rend confuse et gâche l'émotion.
MAIS mis à part tous ces défauts (ils sont nombreux je l'admet), le film ne fait pas ce qu'il n'aurait à la réflexion JAMAIS dû faire : combler les failles du 7. En effet, un film est selon moi une entité à part entière, qu'elle soit intégrée dans une saga ou non. Il est donc nécessaire qu'il réponde à ses propres caractéristiques inhérentes et sa propre homogénéité. Et si l'on en croit aux attentes et fantasmes des fans, le film était parti pour être tout sauf cela. On s'attendait effectivement à avoir un film "pansement", une sorte de placebo au 7 pour combler ses failles. Sauf que c'est exactement ce dans quoi il ne fallait pas tomber, et Johnson évite ce piège à la perfection. Il nous propose ici une nouvelle base plus stable et solide, prenant le contre point du 7 et ce des la seconde séquence du film, lorsque Luke jette le sabre dans le vide. Le réalisateur nous propose une nouvelle manière de voir les Jedi, rejetant les dogmes mis en place depuis des millénaires et bon dieu c'est agréable. Tout le propos du film réside dans le fait que les Jedi ne sont plus simplement une lignée héréditaire (ou les Midicloriens), mais que la Force vient à quiconque sait la trouver. C'est une nouveauté très intéressante, et nouvelle. Certes personnelle, mais novatrice. Et je préfère mille fois un film qui prend des risques et qui a des défauts, qu'un film pansement ou pire, un film ne prenant aucun risque, mais parfait sur le plan scénaristique.
Et tout cela sans compter sur le travail des acteurs : Mark Hamill toujours aussi juste, Carrie Fischer magnifique, Daisy Ridley qui a enfin une vraie direction, et Jason Boyega qui semble avoir pris de la graine de Detroit, et Adam Driver qui semble enfin trouver la justesse dans son personnage, et développe un vrai caractère.
Sans compter non plus les scènes magnifiques à couper le souffle : le bombardier du début du film, la destruction du vaisseau de Snoke, les retrouvailles entre Luke et Leïa, et en premier lieu la mort de Luke, un grand moment beau élégant, magnifique fin pour un grand personnage.
Sans compter non plus les combats à couper le souffle, la tension que réussit à émerger Johnson de chaque moment, la qualité graphique, l'omni-présence du rouge, les magnifiques décors...
Bref, j'ai rêvé, ai rigolé, parfois pleuré, et que Star Wars réussisse encore à me surprendre est pour moi signe de réussite.
Je souhaiterais conclure sur un concept plus large concernant la possibilité pour ce film de plaire à tout le monde. J'ai en parlant avec des fans autour de moi pu constater de quelque chose : on a tellement fantasmé cette trilogie, que tous, y compris moi, voulions voir quelque chose de différent. Je pense donc pour ma part qu'il était IMPOSSIBLE que le film ne divise pas. Il était obligatoire que le film serait imparfait, que ce soit parce qu'il ne répondrait pas aux attentes des fans, que parce qu'il serait incapable de corriger le tir du 7, ou enfin arriver à trouver un compromis avec la production et les mastodontes que sont les dirigeants de Disney. Je vois donc très difficilement comment il aurait pu être autrement meilleur. C'est évidemment mon point de vue et je vous invite à débattre en commentaire si le coeur vous en dit.
Sur ce, je vous remercie d'avoir pris le temps de lire cette critique jusqu'à la fin, et que la force soit avec vous.
Merci Rian Johnson pour ce film, et à bientôt.