Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

SPOILER


J’ai beaucoup pardonné à l’épisode 7.


La précipitation dans laquelle a été monté le projet et le talent somme toute relatif de J.J Abrahams expliquaient certainement les ratés et les errances du scenario (enfin, quand il s’agit de la saga la plus mythique et lucrative de l’histoire du ciné, on peut quand même se payer les meilleurs scénaristes, réalisateurs et producteurs quand même ! Non ? Bref …).


J’ai pardonné le casting raté de Finn et son interprétation proche de la mort cérébrale, me disant qu’avec une meilleure direction d’acteur et des péripéties trépidantes, il pourrait s’en sortir. J’ai pardonné que la philosophie jedi (morale et sagesse fondamentales à l’adn de la saga) ne soit pas présente. J’ai pardonné que le contexte géopolitique cher à Lucas soit expédié en une scène. J’ai pardonné les décors sans dépaysement. J’ai pardonné les créatures en images de synthèse dégueux, les batailles spatiales illisibles et sans intensité, le côté remake.
J’ai même pardonné que le scenario du Roi Lion fasse plus Star Wars. Et surtout, j’ai pardonné la trajectoire inepte de Rey, maitrisant la force sans entrainement, pilotant le Faucon sans expérience et battant un Kylo entrainé (et de lignée Skywalker) sans avoir jamais tenu de sabre laser. J’ai pardonné en me disant que tout trouverait une explication, un sens, une portée, une profondeur à la lumière de sa suite.


Et bien non. Pourtant j’y ai cru, grave même. « Cette fois, il ont du temps pour écrire une belle et profonde histoire, prête à ressusciter l’esprit de Star Wars, un conte moral touchant petits et grands ». « Cette fois, ils ont le réalisateur de Looper, un bon ». « Cette fois, ils sont allés voir les réactions des gens et vont corriger le tir » … La déception a été grande.


A FOND LA FORME


Alors parlons tout de suite de ce qui va : La réalisation est pro, la mise en scène inspirée et la Direction Artistique est globalement très belle (même si elle pêche à certains moments, elle nous réserve de très belles séquences). La musique également est beaucoup mieux, plus mémorable, plus épique. C’est du Star Wars.


L’humour est drôle … mais malheureusement pas du tout « Star Wars ». Un humour très « gardien de la galaxie », pas de bon ton dans l’univers, qui a toujours su garder un premier degré rafraîchissant. Ici les blagues décrédibilisent de façon terrible les personnages ou les menaces, faisant retomber dramatiquement la tension, le Caractère solennel de Star Wars.

L’humour Star Wars, ce n’est pas des gags de Marvel ; on ne rit pas « avec » les personnages mais « des » personnages, de leurs engueulades, de leurs échecs ! Même Jar Jar ne cherchait pas à nous faire rire. On riait DE lui et non pas AVEC lui. Les scénaristes ont complètement désacralisé le ton, faisant du film une parodie de Star Wars (Big Up au fer à repasser), plus proche du dessin animé que du film transgénérationnel à la portée universelle.


ANTI-MYTHES


Tout ce qui me vient à l’esprit c’est « Déception ». En ça m’attriste …


La plus grande déception du film est la fin de Luke. Le héros de toute une génération, l’élu de la force ! Tout ça, on en a rien à faire. Pourtant ce plan du vieux héros seul face à l’armée entière du premier ordre, prêt à mourir pour sa cause, prêt à boucler la boucle, m’a foutu des frissons. J’attendais un combat homérique, un départ avec les honneurs, Luke décimant toute la première ligne à lui tout seul, puis combattant Kylo Ren seul dans les flammes avant de se laisser disparaître, comme Ben son maître, ayant gagné assez de temps pour permettre à ses amis de s’enfuir. Déception.
Pas de combat, pas de duel, une vaste blague sous forme d’hologramme et une mort non justifiée, loin, pour rien
(ALORS QUE LE MEC DIT A KYLO « ON VA SE REVOIR » !! rien à foutre le mec, il meurt. Alors que le mec promet à Yoda d’apprendre à Rey ses erreurs. Rien à foutre ! Le mec il meurt !!!).
En réalité le principe de l'hologramme n'est pas une mauvaise idée en soit, mais quant on à la possibilité de faire un (tant attendu) combat avec "Luke Fucking Skywalker" c'est criminel de tout faire pour l'éviter.


Yoda, quant à lui, vient apporter, malgré une marionnette parfois étrange, la seule touche salvatrice de philosophie Jedi du film. Bon passage. Mais dont la portée symbolique est complètement annulée par le fait que Luke ait caché les livres Jedi dans le Faucon Millenium. Et puis, quel est ce traitement de l’apparition ? Jadis des visions éthérées, à la limite du fantôme, on a droit ici à un personnage qui se réincarne quasiment, se déplaçant, interagissant avec l’environnement et allant même jusqu’à frapper Luke à la tête, comme s’il était de chaire et de sang. La poésie s’effondre dans un triste matérialisme. Déception.


Le reste des anciens personnages en prend aussi pour son grade.
Une Leia sous exploitée, en figurante de luxe désœuvrée puis, au moment de mourir avec panache, utilisant la force d’une façon qui a dû faire se retourner Lucas dans son Ranch. Déception.
Un R2D2 sénile, oublié au milieu de l’histoire, C3po en second rôle oubliable. Déception.
Je n’ose même pas parler de l’amiral Akbar … Le pauvre est mort dans le plus grand OSEF. C’est lui qui aurait dû se sacrifier pour la flotte, belle fin pour un héros cher au cœur des fans. Il n’avait pas les cheveux roses de Laura Dern … pas assez fashion, le calamar, sans doute … D’ailleurs quelqu’un m’explique l’Amiral Holdo? Elle pique le rôle de Leia et le sacrifice d’Akbar tout en étant insupportable… et en plus, je suis désolé, mais on n’arrivera pas à me faire croire qu’elle DOIT rester pour piloter le vaisseau. Il n’y a pas de pilote automatique dans l’espace ??!!! Non mais sérieux. Déception.
( Quant à aborder cette scène, il aurait peut être fallut prendre le temps de nous expliquer de façon crédible, pourquoi cette technique n'as pas était utilisé dans le passé (pour détruire l'étoile noire par exemple) une réplique sur un nouveau réglage de saut dans l'hyper-espace aurait suffit).


OSEF IS THE NEW BLACK


Passons donc aux nouveaux personnages de cette saga. Car n’ayant pas réussi à respecter les mythes, peut-être que l’équipe de Disney se sent plus à l’aise avec des personnages modernes et vierges de toute attente ? Déception.


BB-8 reste drôle et frais, logique descendant de R2D2.Comme la plupart des créatures (Porgs, renards des glaces …), il est réussi. Malheureusement, la liste des réussites s’arrête là.


Kylo Ren est encore celui qui s’en sort le mieux. Fidèle à sa trajectoire émotionnelle de wannabe Vador en souffrance, son parcours reste cohérent et sa relation avec Rey plutôt bien troussée. C’est même plutôt appréciable qu’il tue Snoke et veuille tourner la page du passé pour partir sur de nouvelles bases avec elle. Malheureusement, tout est gâché par le fait que tous deux ne soient liés par rien, qu'ils ne remettent rien en question et qu'aucune vraie implication émotionnel ne pointe son nez. Déception.
Même sa deuxième ligne directrice, devenir le nouveau Leader Suprême, est atténué par la destruction de son casque, qu’il aurait pu remettre à la fin, pied de nez à Snoke, embrassant enfin ses ambitions et son destin : devenir Vador. Déception.


D'ailleurs si il peut être intéressant de le faire mourir si tôt pour surprendre, c'est impardonnable de ne pas énoncer AU MOINS les motivations d'un antagoniste qui intrigue autant les fans. C'est limite insultant. Pas sérieux. Déception.


Rey reste fraîche et juste, prouvant de Daisy Ridley a un charisme et une présence raccord à l’univers. Encore faudrait-il qu’elle soit servie par une direction d’acteur digne de ce nom et un scénario sérieux (elle erre comme un âme en peine sans but motivé, alors qu'elle aurait du être au coeur du récit, apprendre, douter, lutter, convaincre Luke ... pourquoi pas explorer les vieux temples Jedi ! Ne nous voilons pas la face, la seule histoire intéressante est entre elle et Kylo, les autres protagonistes sont des side-kick de luxe.
Evidemment, RIEN dans cet épisode ne vient justifier les aberrations de l’épisode 7. Idem avec les autres attentes. Oubliez les entraînements au sabre devant le soleil couchant, oubliez les longues heures de méditations pour maîtriser la force. L’entraînement de Jedi est une vaste blague. Deux jours passés sur l’île pour trois leçons dont elle n’en entendra que 2 avant de partir rapidos … Evidemment, pas plus préparée que la veille … Déception.
Luke aussi avait quitté l’enseignement trop tôt pour affronter son père sans le consentement de Yoda … résultat : une main coupée, une tentative de suicide, mentalement brisé par la révélation de Vador. Une morale somme toute simple pour la jeunesse : « attend d’être prêt, sage et mature avant de partir te la raconter, sinon tu prendras cher dans la vie ».
Rien de tel pour notre petite Rey toute puissante qui part non préparée, la fleur au fusil, pour affronter Snoke. Et qui s’en sort nickel, avec une égratignure à l’épaule. Moralité «  vas-y pas besoin d’apprendre des trucs avec les vieux cons, fonce gamine, sans expérience, sans maturité, de toute façon tu y arriveras, tu es trop magnifique, tu peu être un ange de la téléréalité ». Déception.
Au passage, elle apprend que ses parents sont des pouilleux des plaines qui l’ont vendue… elle est un peu triste (Bouhou). Après avoir vu pendant deux ans TOUS les fans débattre, chercher, enquêter sur les origines de Rey et de Snoke, voilà TOUT CE QU’ILS ONT PONDU autour de leur table de meilleurs scénaristes du monde ????!!! Sérieux les gars ? Un peu léger. Quoi ?
Ah oui : déception.
(pourtant les pistes ne manquées pas : La soeur de Kylo, son amoureuse, la petite fille de Obiwan, de luke, ou même de Palpatine...
Idée instantané : et si en fait c'était elle, enfant surpuissante de la force rongé par le coté obscure, qui aurait détruit le temple jedi, origine du désaccord entre Luke et Kylo? Luke lui aurait alors effacé la mémoire et coupé de la force puis déposer sur une planète perdu pour qu'elle grandisse protégé de sa nature dangereuse jusqu'au "Reveil de sa Force". Je sais pas moi, j'essaye de trouver des trucs ... par ce que là, de peur d'être prévisible, ils on décidé de rien faire, "comme ça personne y peu deviner hihihi" ...


Oscar Isaac fait ce qu’il peut mais Poe est oubliable, traité comme un gamin insupportable auquel ses supérieurs ne prennent même pas la peine d’expliquer leurs plans … ayant pour seul fonction de faire passer un message anti heroïsme classique. Je ne m’étendrai pas dessus.


Le pompon étant décerné à Finn, l’amibe des fonds marins, aussi ennuyant qu’inutile, ratant systématiquement tout ce qu’il entreprend :
Ramener le décrypteur : échec
Combattre Phasma : échec (il l’assomme par derrière quand même !)
MEME son suicide héroïque : échec !!
Le seul personnage plus inutile et chiant que Finn est sa copine Rose Tico, tentative maladroite de personnage de geekette « attachiante » tellement raté que Blizzard fait mieux en 10 minute dans son court métrage « l’Eveil ». DE-CEP-TION.


En plus elle nous prive d'un arc "buddy-movie" avec Finn et Poe, qui aurait peut-être pu sauver les deux personnages et l'arc calamiteux du casino.


LA FARANDOLE


A tous ces choix vaseux et tièdes vient malheureusement s’ajouter une construction bâtarde. Trop de sous-intrigues inutiles et brouillonnes, ça part dans tous les sens. On sent l’écriture à plusieurs mains, les requêtes de producteur/marketeux qui donnent une créature de Frankenstein au rythme incohérent.
Notamment un terrible « ventre mou » de milieu de film, la « course poursuite de 18h la plus molle de l’histoire du cinéma », complètement gâchée par une échappade d’une gratuité totale dans un casino (à la direction artistique plus proche d’un Luc Besson que d’un Georges Lucas) cassant toute urgence et tension dans la poursuite.
Du vrai Mad Max Fury Road…


Il est bien connu que Star Wars est fondé sur le mythe universel du Voyage du Héros, reflet du passage de l'innocence à l'âge adulte. Après lecture de "The art of Star Wars : The Last Jedi" (p16) il semblerait que l'idée de Rian Johnson concernant l'épisode VIII a été de déconstruire cette dynamique en se posant la question suivante : "Que se passe-t-il après le voyage du héros et le happy end ?" et d'y répondre : "Après, vient la désillusion, la perte, la mort" (réponse très personnelle ...).


Le problème c'est que Star Wars est une formule (celle universelle du voyage du hero) et que c'est ça que vient chercher le public. C'est pour cela qu'après avoir fait Bloodsport Van Damme a fait kickboxer, quasiment le même film, et que le public était là. C'est également pour ça que Piège en Haute Mer a accouché de Piège à Grande Vitesse. Idem pour Indiana Jones, malgré leur qualité variable tous les épisodes tentent de reproduire la formule et de rester fidèles à l'âme de la saga. Car c'est cela qu'on vient chercher, un univers, des personnages mais avant tout UNE SAVEUR.
Comme Mcdo, ils ont commencé avec le cheesburger et enchainé avec le Mcbacon, le BigMAc, etc ... Parce que si on vient chez Mcdo c'est pour un burger !


En fait Rian Johnson c'est le mec qui a été désigné cuisto de Mcdo et qui s'est posé la question : "Mais qu'est-ce qui vient après le fast-food ? L'obésité et la tristesse !". Alors il a remplacé tous les Burgers par des salades. Et comme le patron (Mme Kennedy) est vegan il a grave marqué des points. Pourquoi le patron de McDo est vegan ? Ca c'est une bonne question...
// Fin de la métaphore.


« Laissons mourir le passé » dit Kylo à Rey ... et c’est peut-être ce qu’ont voulu faire les marketeux de Disney … Laisser mourir les Fans d’avant. Laisser mourir les chevaliers jedi. Laisser mourir les valeurs avec lesquelles on a grandi, sur lesquelles on s'est construit. Laisser surtout mourir l’exigence de qualité et de profondeur pour nous formater gentiment à regarder du Star Wars façon Carrefour, rempli de revendications politiques et de Justice sociale, brandis maladroitement et sans talent. Nous ramenant constamment la réalité de notre monde au lieu nous emmener loin de tout ça, au dessus de tout ça, dans un conte universel, familiale et hors du temps.
Luke Skywalker a perdu, Ciryl Hannouna a gagné.
Tristement, on ressort du film abattu. Ayant suivi des jolies images sans âme, sans messages profonds, sans direction, manquant cruellement d’une trajectoire morale, émotionnelle cohérentes et puissantes. En un mot de Force. C’est un comble.


https://www.youtube.com/watch?v=y9TCON-BQDk

Cryver
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes STAR WARS Chronologie "univers Cannonique " et Ils ont rien respecté !!!

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le 14 déc. 2017

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Cryver

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