Portrait d’une femme moderne emprisonnée dans une quête de liberté, le nouveau film, Stars at Noon, de Claire Denis respire l’impudence et l’abnégation. De quoi éliminer les plus sensibles d’entre nous.

Mauvais démarrage à Cannes pour Stars at Noon, film ivre de chaleur dans un univers politiquement contemporain aux frontières du Nicaragua. Pourtant le long-métrage en compétition officielle marque par sa singularité et sa force de caractère, avec une Margaret Qualley qui détonne par son don de soi et une parfaite maîtrise de ses émotions.

Claire Denis aime raconter des histoires d’amour presque impossibles pour ses personnages, souvent tumultueux, fragiles ou amochés, leur écriture est toujours en dents de scie, jonglant entre leurs émois et leur beauté.

Avec Stars at Noon, et bien que l’histoire soit une adaptation, la réalisatrice n’a que faire de son intrigue passée au trois millième plan, ce qui l’intéresse c’est la romance entre nos deux jeunes protagonistes, s’épanouissant, s’haïssant dans une dynamique pleine de désir et d’insécurité. Une promenade désenchantée qui comme Bonnie and Clyde, devient de plus en plus étriquée à mesure que leur amour l’un pour l’autre l’emporte sur toute forme d’implication.

Les lois de l’attraction

Coûte que coûte et malgré l’importance d’échapper aux autorités, les deux amants reviennent inlassablement l’un vers l’autre, dans une expérience sensorielle à base de corps à corps, de pardon et de coup du sort.

Semblable aux thrillers érotiques des années 80, l’alchimie des héros se voit compromise quand à la fin du film, on se rend compte qu’en quête de liberté, tous les coups sont possibles.

La nouvelle œuvre de Claire Denis propose une lecture très personnelle d’une romance entre deux louveteaux très peu sûrs d’eux. L’approche est belle, Qualley est divine mais cette envie de trop bazarder le scénario laisse au public un sentiment d’inachevé.

Toutefois le film a sa place en compétition, de son tempérament de petit film de genre à la perplexité de son personnage féminin, il est bon de voir une œuvre proposer une escapade finement mise en scène, où le nu ne sera un déplaisir mais un art sublime et poétique.

murron
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le 3 juil. 2022

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