Critique 344: Quand un film devient une oeuvre émotionnel.

State of Grace est un film américain de Destin Creton sorti en 2014 et qui a obtenu beaucoup de récompenses à travers le monde grâce à son passage dans beaucoup de festival. Ce film est une comédie dramatique mettant en scène Brie Larson qui a obtenu depuis l’oscar de la meilleure actrice pour sa prestation dans le film Room. A ses côtés on retrouve J**oel Callager,** connu pour son rôle dans 10 Cloverfield Lane. Ce film raconte l’histoire de Grace, une jeune femme qui travaille dans un centre pour jeunes en difficultés. Son quotidien consiste à maintenir l’espoir de ces jeunes qui ont généralement vécu des traumatismes très graves. Mais un jour, une nouvelle venue dans le centre va bousculer le quotidien de Grace qui va voir son passé la rattraper, plus particulièrement son adolescence. Retour sur une des surprises de l’année 2014 et le film qui consacra Brie Larson sur la scène mondiale.

State of Grace est un film initiatique sur l’adolescence difficile. Il faut savoir que Destin Creton a tout d’abord réalisé un court-métrage de la même histoire avant de passer au long métrage. Autre choses importantes, les jeunes mises en scène dans le film sont bien des acteurs mais les histoires que chacun a vécu sont basées sur des faits réels, arrivant directement de l’expérience du réalisateur. C’est pour cela que je considère ce film comme un voyage initiatique. Le film traite d’un sujet difficile puisqu’il parle de jeunes qui ont généralement vécus des abus d’ordres physiques ou moraux voir sexuels pour certains. On a l’impression de voir un documentaire par moment. S’il n’y avait pas eu l’histoire personnelle du personnage de Grace racontée comme le fil conducteur du film, j’aurai pu penser que le film est un documentaire. D’ailleurs, c’est la grande force de State Of Grace : la simplicité. Il n’y a pas d’histoires surréalistes ou bien d’ajout trop fantasque ce qui permet au film de vivre dans une simplicité renversante propice au passage d’émotion et ce film en est rempli.

L’émotion est la marque de fabrique de State of Grace et on peut remercier les acteurs d’avoir été aussi excellents. Je ne sais pas vous, mais j’ai vraiment été touché par l’interprétation de l’ensemble du casting, de Brie Larson à l’interprète de Marcus dont le nom m’échappe, il n’y en a pas un seul qui joue mal. Cela permet une sorte de sublimation des différents sujets qu’abordent le film. Je me demande bien comment Destin Creton a réussi à obtenir un tel résultat mais c’est du grand cinéma, du grand art. Émotion, voilà le mot que j’utiliserai pour définir ce film qui m’a tiré quelques larmes sur certains passages. Et je parle de toutes les émotions, allant de la joie à la tristesse, tout paraît si naturel que j’ai oublié à des moments que je me trouvais face à un film. J’avais l’impression de découvrir des archives du centre dans lequel l’histoire se tient.

Finalement, l’histoire que Destin Creton a décidé de nous montrer peut paraître lente et sans intérêt, surtout avec l’avènement des films à gros budget nous proposons 2 heures 45 d’images de folie. Pourtant, je pense que ce film est important. Important pour le cinéma actuel, important pour la société actuelle, important pour l’avenir. Le film nous offre une belle leçon d’espoir, certes tragiques mais magnifiquement mise en scène. C’est ce genre de film qui me fait garder foi en l’humanité. Je me dis que des jeunes gens en difficulté trouveront toujours une épaule pour les soutenir, une main tendue qui les aidera à voir l’avenir. Ce film est un film à montrer au plus grand nombre.

Revenons sur des détails plus techniques. Je trouve que la caméra de Destin Creton est timide mais attention cela n’a rien de négatif. Il utilise toujours la même méthode pour filmer les scènes ce qui permet un déroulement parfaitement l’huilé. Ensuite, il me faut évidemment revenir sur la performance de Brie Larson. Incontestablement, l’actrice porte ce film au sommet du genre grâce à son interprétation fusionnelle de son personnage. Je n’avais pas l’impression de voir une actrice mais vraiment le personnage de Grace. Dans beaucoup de film, on retrouve souvent une distance normale entre le personnage joué et son interprète. Brie Larson en a décidé autrement s’abandonnant complètement en Grace ce qui permet une parfaite alchimie entre les personnages.

State of Grace est un beau film. On peut utiliser beaucoup d’adjectifs pour qualifier le film de Destin Creton comme splendide, magnifique, touchant, merveilleux, etc. Ce film est une leçon de cinéma simple. Il est la preuve que le cinéma ne nécessite pas forcément d’explosions, de monstres ou autres genres d’effets spéciaux pour exister. J’adore les blockbusters mais une touche de légèreté dans ce monde fou des effets spéciaux ne fait pas de mal et c’est ce que propose State of Grace. Si vous ne l’avez pas vu, n’hésitez pas à découvrir l’histoire de ce centre pour jeunes en difficultés, ce voyage ne vous laissera pas indifférent.