Récit initiatique aux allures de conte, Still the water a la beauté terrassante des œuvres intemporelles. Bercé par le vent des Îles Amami, le dernier film de Naomi Kawase est une merveille.

Kaito et Kyoko ont seize ans et s'interrogent. On assiste à leur éveil à la vie avec le sentiment de les accompagner. Ils sont nos enfants comme ils sont nous-mêmes. Confrontés aux questions fondamentales, ils avancent, réagissent et s'adaptent.

À ceux qui feraient au film un procès en naïveté, on parlera de candeur et de pureté. C'est en cela que Still the water résonne comme un conte. Le récit n'est jamais dans le cliché. Il puise dans l'observation du monde, la beauté de la nature comme de la ville, les réponses aux interrogations de ses héros. C'est une histoire qui nous enveloppe, des personnages qui nous accueillent, un film d'une profonde bienveillance.

On est évidemment dans une perception de la mort qui n'est pas celle du monde judeo-chrétien. Aux craintes de Kyoko, impuissante face à la maladie de sa mère et sa disparition prochaine, les réponses apportées n'occultent ni la douleur ni la peur, mais offrent une autre vision du cycle de la vie nourrie de transmission et de continuité.

Les relations entre les deux adolescents et leurs parents sont aussi délicates que profondes. L'amour des parents de Kyoko, la visite de Kaito à son père, sa révolte contre sa mère, tout est écrit, joué et filmé avec une évidence qui impose le respect. Cela donne lieu à des scènes bouleversantes, transcendées par le naturalisme d'une réalisation somptueuse qui travaille l'harmonie plutôt que l'opposition. Naomi Kawase filme avec la même intensité la mer déchaînée, la campagne ou le Tokyo nocturne.

À cela s'ajoutent le talent de comédiens dont la beauté est aussi un cadeau. Actrices et acteurs magnifiques, portés par une mise en scène inspirée et un travail sonore enivrant [prise de son et musique], Still the water nous enchante jusqu'à une séquence finale belle à pleurer.
pierreAfeu
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2014 • Film par film et Les meilleurs films de 2014

Créée

le 9 févr. 2015

Critique lue 385 fois

5 j'aime

pierreAfeu

Écrit par

Critique lue 385 fois

5

D'autres avis sur Still the Water

Still the Water
Sabri_Collignon
10

Still The Beauty!

Il y 'aurait tant à dire sur cet époustouflant hommage à la beauté plurielle,qui nous offre en à peine deux heures un concentré d'émotion rarement atteint ces dernières années.Naomie Kawase possède...

le 2 oct. 2014

20 j'aime

8

Still the Water
Marianne_Robiduc
7

Comme la fin d'une vague

On ne va pas voir ce film par hasard. On ne se fie pas à la bande annonce quand on connait Naomi Kawase. Et pourtant, j'ai plongé dans ce film en novice, captivée par le trailer. Pendant deux heures,...

le 12 oct. 2014

14 j'aime

6

Still the Water
mikeopuvty
2

"Hum" : la réponse à tout.

La Poésie est une affaire délicate, éthérée, une brise d'automne qui glisse entre les doigts. C'est le territoire des plus grands cinéastes qui de par le monde ont su la filmer où elle se trouvait.....

le 12 oct. 2014

12 j'aime

2

Du même critique

Nocturama
pierreAfeu
4

The bling ring

La première partie est une chorégraphie muette, un ballet de croisements et de trajectoires, d'attentes, de placements. C'est brillant, habilement construit, presque abstrait. Puis les personnages se...

le 7 sept. 2016

51 j'aime

7

L'Inconnu du lac
pierreAfeu
9

Critique de L'Inconnu du lac par pierreAfeu

On mesure la richesse d'un film à sa manière de vivre en nous et d'y créer des résonances. D'apparence limpide, évident et simple comme la nature qui l'abrite, L'inconnu du lac se révèle beaucoup...

le 5 juin 2013

51 j'aime

16

La Crème de la crème
pierreAfeu
1

La gerbe de la gerbe

Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des...

le 14 avr. 2014

41 j'aime

21