Stranded
Stranded

Film de Maria Lidon (2002)

Jamais distribué et totalement méconnu dans notre hexagone, Stranded, Náufragos de son titre original a pourtant obtenu un succès certain auprès des critiques de film européens. Produit avec un piètre budget de 5 millions de dollars, ridicule lorsque la comparaison se fait avec des films tels que Mission to Mars ou encore Planète Rouge, Stranded de María Lidón, scénarisé par le renommé Juan Miguel Aguilera, a pourtant remporté le Grand Prix d'Argent du Film fantastique européen tandis que Vincent Gallo et Maria de Medeiros ont été nommés meilleur(e) acteur (actrice) au Fantafestival de 2002 à Rome. Une question se pose donc alors : Pourquoi ce film, avec un tel potentiel, n'a t'il jamais été distribué en France ? Grande question en effet, d'autant qu'il s'avère extrêmement difficile de se procurer ce film par le biais des sites de commerce français ou encore des méthodes virtuelles illégales. La meilleure solution reste donc l'achat à l'étranger, pour une modique somme frais de ports inclus, à condition de se sentir d'attaque pour un visionnage en VO, sans sous-titres.


Dans les années 2020, une équipe d'astronautes envoyée en exploration sur Mars s'écrase sur la planète rouge. Alors qu'une équipe de secours est envoyée depuis la Terre, les survivants calculent combien de personnes doivent être sacrifiées pour permettre la survie des autres, avant l'arrivée potentielle des secours... Malgré l'incompréhension résultante d'une si piètre notoriété, il y a tout de même un sacré enthousiasme à éprouver pour un film autant primé à l'étranger. Avec un si petit budget, les effets spéciaux ne sont donc pas légion et laissent davantage d'importance à des cadrages serrées, au cœur du vaisseau crashé, dans lequel se mêlent échanges musclés quant à la survie des passagers. A noter que les décors intérieurs du vaisseau sont les mêmes que ceux utilisés pour le tournage de Space Cowboys de Clint Eastwood. A l'inverse, les séquences sur le sol martien sont d'une redoutable efficacité. Dénués d'effets numériques et privilégiant la simple contemplation, les plans larges cultivent un certain mysticisme, accentué par une bande originale aérienne saisissante. L'effet d'horizon rend infime chaque geste tenté par les protagonistes, rendant ainsi étouffant tout ce qui est inconnu de l'Homme. María Lidón excelle lorsqu'il s'agit de retranscrire chez le spectateur les sentiments éprouvés par les personnages du film et l'incite naturellement à suivre l'intrigue avec grande attention.


La faculté qu'a la réalisatrice à susciter l'attention du spectateur repose essentiellement sur ce désir de maintenir à tout prix un premier degré exigeant et omniprésent. Tout comme les meilleurs exemples de hard science-fiction, c'est l'aspect hypnotique des décors, la prestation des acteurs, la bande originale et un scénario retors qui priment. En somme, si tous ces éléments sont développés de manière à amplifier cette absorption par les sens et ce besoin de découverte chez le spectateur, ce dernier peut se retrouver face à n'importe quelle chute ou dénouement, sans ressentir une éventuelle déception. Stranded démontre bel et bien cette théorie puisqu'il acclimate progressivement le spectateur à la découverte de l'inconnu vaste et vide pour ensuite le confronter à un retournement de situation brutal et purement science-fictionnel, toujours en maintenant cette incontestable crédibilité, faisant ainsi de ce long-métrage un des plus ambitieux et abouti de son genre et de sa décennie.


Treize années après sa sortie, une question demeure toujours : Pourquoi une si faible réputation dans notre hexagone ? A croire qu'il faut être produit par une société de renom et budgétisé à foison pour espérer acquérir de la notoriété. Il y a toujours un espoir quant au fait qu'il soit distribué chez nous. Car si Stranded n'a absolument pas la notoriété qu'il mérite, il doit être l'un des films de science-fiction les plus accomplis et modestes de sa génération. Et puis mince, s'il n'y a aucun espoir, j'aurais au moins essayé de mon côté de prouver mon admiration aux yeux des lecteurs qui passeront par ici...

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le 29 oct. 2015

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langpier

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