40 ans après, «Straw Dogs» («Les chiens de paille» dans nos contrées) de Sam Peckinpah et sa campagne anglaise aussi verdoyante que dangereuse, c’est au tour de l’américain Rod Lurie de nous livrer son « Straw Dogs » (2011), une relecture qui prend corps au fin fond du Mississippi dans la bourgade de Blackwater. Le sud de l’Amérique dans toute sa ruralité, avec son mode de vie, ses traditions, ses religions, (l’église, le football et la chasse), nous est présenté d’emblée, en parfaite opposition avec le jeune couple beau et insouciant au volant de leur décapotable en ouverture du film. En lieu et place de Dustin Hoffman et Susan Georges, le couple Summer du film original, Rod Lurie convie deux caricatures de citadins «Bobo», à savoir, James Marsden (David) et Kate Bosworth (Amy). Native de Blackwater et ayant fui le sud pour une carrière d’actrice de TV, Amy est de retour après le décès de son père pour redonner vie à la maison familiale. En compagnie de David, son mari, scénariste, elle compte s’installer là pour quelque temps. Une petite parenthèse campagnarde loin des tumultes urbains. Mais l’arrivée du couple en ville va attiser la curiosité, puis la méfiance et raviver le désir et la convoitise, notamment en la personne de Charlie Venner (le sculptural et inquiétant Alexander Skarsgard). Le constat est dur et sans appel, cette version 2011 du chef d’œuvre de Peckinpah ne marquera pas les esprits comme ce fût le cas à l’époque. On a devant les yeux un festival de lieux communs et de clichés d’un certain cinéma d’horreur ou d’épouvante qui envahi nos écrans ces dernières années. L’arrivée dans la petite bourgade de «Ploucland» de deux jeunes et jolis citadins bien propres sur eux (Marsden et Bosworth en fond des tonnes) contraste avec la joyeuse bande de Rednecks avinés qui vit là à demeure. La bimbo en short et son gentil mari vont avoir fort à faire face à une bande de queutards énervés du slip mené par un James Wood qui fait peur à voir, seul Alexander Skarsgard s’en sort pas trop mal. Toute la tension psychologique allant crescendo qui faisait tout le sel de l’original est ici tuée dans l’œuf par un manque de crédibilité de tous les personnages et pour enfoncer le clou, le spectateur est même aiguillé vers une sous intrigue servant uniquement d’alibi pour un final violent mais sans surprise. A quand le remake de «Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia» avec Jonah Hill ou encore celui du «Convoi» avec Zack Efron ??

RAF43
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le 6 oct. 2018

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