Le cinéma d'exploitation japonais des 70's réserve toujours son lot de surprise : tu viens voir des jeunes délinquantes se bastonner à coups de schlass et tu te retrouves avec une dénonciation sociale du racisme anti-métis. Sex Hunter démarre pourtant dans l'exubérance attendue, avec une Meiko Kaji chef de bande au look proto-Femme Scorpion, qui, entre deux mauvais coup, rencontre un bourlingueur solitaire à la recherche de sa sœur dont il a été séparé dans son enfance.


Mais rapidement, le film bifurque vers les exactions d'un gang de voyous nationalistes bien décidés à restaurer l'honneur d'un Japon humilié en ratonnant les métis d'union américano-nippone, appelés les halfs, pour les contraindre à quitter la ville. La justification de protection des jeunes femmes locales révèle les fantasmes de domination sexuelle par l'occupant, si ce n'est par les donzelles elles-même alors en cours d’émancipation, et le vécu d'impuissance castrée des perdants (au sens propre du terme pour le charismatique chef de gang) dans une sorte de perpétuation trans-générationnelle des traumas de la défaite. Les contradictions de ces auto-proclamés patriotes sautent pourtant aux yeux alors qu'ils se nomment les Eagles, roulent en jeep, fréquentent des clubs et n'hésitent pas à commercer avec les Américains, jusqu'à démontrer leur propre médiocrité en prostituant leurs protégées à des expatriés US sans scrupule.


Sex Hunter offre donc au spectateur un casting bigarré assez rare, avec de nombreux métis dont plusieurs afro-américano-nippons (estimés à 20.000 pour 200.000 halfs selon Julien Sévéon dans son interview bonus), dont les rôles montrent les authentiques tourments que ceux-ci ont dû traverser. La musique yéyé psychédélique est produite par un véritable groupe de musique, les Golden Halfs, uniquement composé de métis qui ont droit à plusieurs séquences, et elle sied bien à l'ambiance 70's du film. Le réalisateur, Yasuaru Hasebe, déjà impliqué dans d'autre film de la série Straycat Rock, pousse la critique sociale jusqu'à un final quasi-nihiliste, bien éloigné des élans optimistes du flower power.

Créée

le 25 avr. 2021

Critique lue 156 fois

1 j'aime

Critique lue 156 fois

1

D'autres avis sur Stray Cat Rock: Sex Hunter

Stray Cat Rock: Sex Hunter
Pascoul_Relléguic
7

Critique de Stray Cat Rock: Sex Hunter par Pascoul Relléguic

Le cinéma d'exploitation japonais des 70's réserve toujours son lot de surprise : tu viens voir des jeunes délinquantes se bastonner à coups de schlass et tu te retrouves avec une dénonciation...

le 25 avr. 2021

1 j'aime

Du même critique

Miraculous - Le film
Pascoul_Relléguic
4

Critique de Miraculous - Le film par Pascoul Relléguic

Découvert avec ma fille en avant-première, le film s'avère rapidement déroutant avant de virer au décevant pour qui connait un tant soit peu la série originale : Miraculous the movie est en fait plus...

le 14 juin 2023

13 j'aime

The Dead Don't Die
Pascoul_Relléguic
2

Quand l'hommage vire à l'escroquerie

Au début, j'ai trouvé le film gentiment intrigant ; par la suite, j'ai ressenti ça comme sans intérêt ; à la fin, j'ai conclu à une détestable escroquerie. Jarmusch s'est contenté de fragmenter toute...

le 14 mai 2019

11 j'aime

Undone
Pascoul_Relléguic
9

La folie est parfois la meilleure manière de s'adapter à la réalité

Undone ne fait pas les grands titres et c'est bien dommage car voilà une série qui le mérite. Alma est meurtrie par la mort de son père durant son enfance et elle tente de se construire en tant...

le 19 avr. 2020

8 j'aime