Black Mass raconte l'ascension de Whitey Bulger au sommet de la pègre de Boston. Une ascension permise grâce aux servies de police corrompus qui, dans un premier temps, s'accomodaient volontiers de la domation du personnage interprété par Johnny Depp. Le tout basé sur une histoire vraie s'étant déroulée à Boston.


Une grosse partie de la promotion du film, en particulier sa bande-annonce, reposait sur la métamorphose de Johnny Depp, sorti un bref moment des plateaux de tournage de Tim Burton afin de changer de répertoire. Une idée fort plaisante sur papier, mais qui dans les faits s'avère assez décevante de par la réalisation du film.


Le défaux majeur du long-métrage est le temps qu'il consacre -ou non- à chaque facette de l'histoire. En réalité, l'essentiel de ce qui est montré concerne la relation entre la police et le gang du personnage principal, Whitey Bulger. Les seuls aspects de la vie criminelle qui nous sont montrés sont les différentes mises à mort des membres défaillants du gang (balances etc.). S'ajoutent à cela les quelques moments de la vie familliale de Bulger, qui semblent presque anecdotiques, à l'exception des ceux concernant son fils. On ne voit en réalité jamais quelles sont les activités du gang, son fonctionnement et jamais on apprend à connaître ses membres, à l'exception du personnage de Johnny Depp, autour duquel tout gravite à l'excès.


On peut par exemple comparer ce film avec un classique du genre: The Goodfellas (Les affranchis), de Martin Scorsese, qui est diamétralement opposé. Ce dernier s'attarde précisémment à montrer la vie quotidienne des personnages, leurs relations avec leurs famillies, leurs amis, et la façon dont ils sont montés au sommet de leur ville. Dans Black Mass, seul l'axe de la relation avec les services de police permet d'expliquer le succès du gang. Le résultat est l'impression de superficialité des criminels : on ne sait rien d'eux, à part qu'ils liquident les maillons faibles du groupe. Le reste est parfois dit, jamais montré.


Tout cela entraîne un autre problème: la ville de Boston est anecdotique dans le film. Bien que plusieurs scènes furent tournées sur les lieux où s'est réellement déroulé l'histoire, l'atmosphère de la ville, qui est au final très peu montrée, n'est absolument pas présente.


Alors oui, Johnny Depp joue très bien, il est méconnaissable et inspire vraiment la peur. Mais Black Mass s'appuye trop sur cette qualité, avec pour résultat un film qui manque de profondeur. Ce n'est pas déplaisant à regarder, on apprend des choses et certaines scènes sont réussies sur le plan de l'émotion, et l'oeuvre, qui manque d'originalité, n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Dommage !

Rom-
6
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le 3 mars 2016

Critique lue 148 fois

Rom-

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