Tranches de Vi(d)es

Surtout connu comme scénariste notamment pour Yves Boisset ( Le Prix du Danger - Dupont Lajoie) , Jean Curtelin ne sera sera essayé qu'une seule fois à la mise en scène, il est vrai sans grande réussite, avec Suivez Mon Regard en 1986. Un film totalement oublié dont le principal atout reste l'extraordinaire casting qu'il nous propose.

Suivez Mon Regard est un film à sketchs composé de courtes saynètes qui nous plonge dans les petits tracas de personnages différents mais réunis dans une même absurdité quotidienne de la vie.

Suivez Mon Regard est donc une suite de courtes scènes parfois reliées entre elles par un personnage ou totalement indépendantes les unes des autres qui donne la sensation de feuilleter une BD avec des histoires d'une, voir une demi page. Les séquences très courtes qui dépassent rarement les cinq minutes s'enchainent donc devant nos yeux comme autant de sketchs voir de blagues ou de simples gags. L'initiative est assez plaisante mais malheureusement le film n'est jamais vraiment drôle même si l'on sent chez Jean Curtelin un mélange d'absurdité, de poésie teinté d'une petite pointe d'acidité. Si dans ses thématiques le film ose s'amuser avec le handicap, le racisme, la faim dans le monde, la religion, la politique, les médias ou la publicité ; tout reste sur un registre assez aimable et finalement pas bien méchant (ce qui suffirait pourtant aujourd'hui à indigner certains et certaines). Je retiendrais surtout l'amusante séquence durant laquelle Michel Galabru en instituteur fustige devant toute la classe l'orthographe de la rédaction d'un malheureux gamin qui raconte que sa mère est morte d'un cancer. Jean Curtelin s'avère plus pertinent et attachant sur un registre plus absurde et poétique comme ses deux voisins qui se croisent en arrosant leurs antennes de télé ou ses deux sœurs âgées qui vivent de chaque côtés d'une même rue et ne se sont plus vue depuis dix ans car elles ne marchent pas assez vite pour traverser la rue avant que le feu tricolore ne repasse au vert. Dommage toutefois que la mise en scène assez plate n'accompagne pas de quelques audaces formelles ces quelques joyeux élans d'absurdité. On sourit donc souvent, c'est parfois un peu lourd comme cette sourde muette confessant un rapport sexuel face un un curé gêné, mais on zappe tellement vite d'un sketchs à l'autre que l'ennui n'a pas le temps de s'installer même si les occasions de vraiment rire sont franchement trop rares.

Alors bien sûr l'atout majeur du film reste son casting exceptionnel qui réuni tout de même Michel Galabru, Darry Cowl, Claude Chabrol, Tom Novembre, Zabou, Jean Claude Brialy, Jean Pierre Coffe, Macha Méril, Véronique Genest, Hyppolyte Girardot, Gerard Darmon, Jean Pierre Bacri, Andréa Féreol, Michel Duchaussoy, Richard Berry, Salik Keita, Charlélie Couture, Patrick Bruel, Farid Chopel, Macha Beranger, Stéphane Audran, Vincent Lindon, Sam Karman, Robin Rennuci, Jean Carmet, Jacques Weber, Pierre Arditi, Michel Peyrelon, Stéphane Audran, Riton Liebman, Brigitte Lahaie, Feodore Atkin, Julie Jézéquel, Dominique Pinon, Mort Schuman, Jean Pierre Bisson, Sophie Arthur, Artus de Penguern .... Visiblement Jean Curtelin avait un petit carnet d'adresses bien rempli. Le plus grand plaisir que procure Suivez Mon Regard reste donc ce réjouissant défilé de personnalités parfois à peine débutantes ou stars confirmés qui viennent s'amuser devant la caméra.

Suivez Mon Regard est donc un divertissement sympathique mais dispensable. Avec un peu plus de férocité, d'audace dans sa mise en image et surtout de rires francs le film aurait pu par sa rareté devenir culte. Il reste au bout du compte une petite comédie agréable porté par un casting XXL ce n'est déjà pas si mal.