Sangaïlé, jeune femme de 17 ans, s'ennuie. Sa maison est grande, il fait beau, mais elle n'a pas vraiment d'amis et ses parents sont quasiment invisibles (à l'écran, en tout cas). Mais elle fait la rencontre d'Austé, dont elle va tomber amoureuse.
Le pitch de Summer (qui porte, en vo, le prénom de la jeune fille), en lui-même, n'est pas particulièrement original c'est certain. Et scénaristiquement, le film passe par toutes les étapes évidentes : un personnage principal un peu fade qui rencontre une fille joyeusement délurée, un progressif jeu de séduction, d'abord hésitant puis passionnel (la métaphore du coquillage est d'ailleurs extrêmement lourde, rappelant le coup des huîtres dans La vie d'Adèle), la semi-rupture,...
C'est surtout dans la forme et le traitement de ces "étapes" que le film surprend, à commencer par une première scène dont l'intérêt paraît très obscur avant un bon tiers de film, et se révèle véritablement à sa fin. Une scène d'un avion tournoyant dans les airs, descendant puis remontant sans cesse, minuscule mais libre, gracieux. Symbole au final des montagnes russes émotionnelles de l'adolescence, de la liberté acquise par Sangaïlé à la fin par son courage de vaincre sa peur.
Le personnage de Sangaïlé est d'ailleurs assez étrange : la prestation de Julija Steponaityte rend le personnage peu attachant au début, assez neutre, et pourtant ses phobies comme ses prises de conscience touchent en plein coeur. Ainsi, le moment où elle se retrouve sur le toit puis part en pleurs à cause de son vertige est bouleversant, le moment où elle se laisse porter par le courant de la rivière magnifique, celui où Austé la prend en photo avec ses bras tailladés et le regard profond, d'une beauté morbide exceptionnelle.
Ces moments de grâce, le film en est rempli par la beauté de sa photographie, prenant les corps et visages en contre-jours face au soleil écrasant de l'été, saturant ses couleurs dans une chromaticité harmonieuse et douce. Les décors de natures "vivantes", les vêtements colorés, les travellings verticaux et vertigineux, la mise en scène toute entière donne au film une atmosphère de rêverie permanente, où les corps sont pudiques mais non moins sensuels.
La beauté du film vient également de la vision qu'elle donne de l'art. Un art créatif, cristallisant une beauté éphèmère ou profondément mélancolique. En ce sens, la scène où la mère de Sangaïlé écoute de la musique classique allongée, bougeant à peine les doigts en guise de nostalgie, prend instantanément aux tripes et rappelle ce qu'il y a de plus beau dans la vie, dans l'art.
Summer n'est pas tellement un film à voir pour son scénario, pour un traitement d'une relation amoureuse qui serait original ou intense en rebondissements. Le film est même légèrement décevant à ce niveau-là. Mais il possède un charme esthétique et émotionnel rare et surprenant, parfois même bouleversant.