Sunless Shadows
6.8
Sunless Shadows

Documentaire de Mehrdad Oskouei (2019)

Pas d'alternative au crime, face à une société patriarcale qui ne condamne pas les hommes violents ?

Trois ans après Des rêves sans étoiles (2016) où le réalisateur s’intéressait déjà à des détenues mineures au sein du centre de détention et de réhabilitation de Téhéran, Mehrdad Oskouei poursuit dans le même registre sauf que cette fois-ci, les adolescentes ont toutes pour point commun d’avoir commis un crime. A chaque fois il s’agissait d’un homme (leur père, frère, petit ami ou copain).


Les témoignages de ces filles font froid dans le dos puisqu’elles parlent de meurtre sans le moindre remord, voir même avec philosophie. Remettons-nous dans le contexte, elles vivent dans un monde régi par les hommes et où la place de la femme est quasi inexistante. Elles ont toutes été mariées de force à l’âge de 12ans et n’ont donc pas pu choisir la personne avec qui elles feraient leur vie et doivent en plus de ça, subir la violence de ces derniers.


Avec Sunless Shadows (2019), le réalisateur instaure un nouveau processus pour que les adolescentes puissent s’exprimer librement. Il y a installé une caméra que les jeunes filles peuvent déclencher quand elle le désire, leur permettant de s’exprimer aussi bien auprès du réalisateur qu’auprès des membres de leurs familles (à leurs mères, voir même aux pères qu’elles ont assassinés). Elles ont toutes plus ou moins le même profil, mariées trop jeune, confrontées à un mari ou père violent et surtout, à une société patriarcale qui ne condamne pas les hommes violents.


Si le film a le mérite de dénoncer le sort subit par les femmes en Iran (leur condition, le poids de la société ou encore les injonctions imposées par la religion), le film laisse cependant dubitatif concernant leur détention derrière les barreaux. L’image que cela renvoie détonne et laisse perplexe. En effet, ces dernières vivent en communauté, au sein d’un dortoir (on est loin des cellules exiguës de 9m²), l’une d’elle vit même avec son enfant, elles écoutent de la musique, ont un aquarium, chantent, jouent, reçoivent des visites extérieures avec lesquelles elles partagent des repas. Bref, quand on entend l’une d’elles (une ancienne prisonnière) dire qu’elle a passé (en prison) les meilleures années de sa vie et qu’elle préfère être ici (en prison) plutôt que dehors, ça laisse dubitatif.


A la fois on peut les comprendre, vu le contexte (la société iranienne), mais en même temps, cela renvoie une image idéalisée de la prison, comme une colonie de vacances. A telle point que, montrer ce film à des adolescent(e)s ne serait peut-être pas la meilleure des idées…


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

RENGER
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le 10 févr. 2022

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