Certains lui donnaient le trophée de meilleur film de l'année avant même sa sortie. Il faut dire que ce Super 8 est plein de promesses, à la réalisation, un J.J. Abrams adepte de science-fiction aussi bien sur grand que petit écran (Star Trek, LOST, Fringe...) qui tente de plaire à son producteur et maître spirituel, Steven Spielberg. Le scénario de ce Super 8 n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui d'E.T. l'extra-terrestre en mettant en scène cette bande de gamins qui vont filmer par inadvertance ce spectaculaire accident de train. Le film dégage une nostalgie des années 80 palpables avec quantité de clins d'œil et d'easter eggs, la marque de fabrique d'Abrams. Il veut même prouver que les recettes de l'époque peuvent encore fonctionner et ce pari aurait été pleinement réussi si le scénario ne se perdait pas durant le dernier tiers du film.

Le réalisateur espérait lier deux histoires au départ indépendantes, d'un côté, ces cinq gamins et leur caméra, mettant en boîte les séquences de leur film de zombies, de l'autre, un monstre d'origine inconnue dont Abrams va utiliser une mise en scène proche de la fumée noire de LOST durant la première partie du film. Pour arriver à ses fins, le réalisateur passe par plusieurs chemins, d'abord l'accident du train provoqué par leur prof' de sciences et qui va libérer ce qui n'est au départ qu'une ombre dans la nuit, le cube étrange conservé par Joe (le héros), les militaires qui quadrillent la ville pour retrouver ce qu'ils ont perdu, le père du gosse, adjoint du sheriff qui veut en savoir plus sur cet accident et surtout, la bande super 8 sur laquelle est enregistrée le film des enfants et cette forme sombre s'extirpant des décombres du train. Cette bande reviendra aussi plus tard dans le film, d'une autre manière, pour expliquer les causes de l'accident.
Ces liens sont à deux doigts de fonctionner, Abrams ne les a pas créé au hasard et il utilise tout son savoir-faire pour mettre en place l'ambiance des films des années 80, visages surexposés, plans d'ensemble, opposition entre le monde des adultes soucieux de leurs préoccupations personnelles et à la recherche de réponses au « pourquoi » et celui des enfants, qui travaille à la résolution des évènements en cherchant des réponses au « comment ». Mais la sauce qui avait pris sèche à la surface. Le scénario s'embourbe en abandonnant les personnages secondaires alors qu'il y avait matière, comme la relation entre Charles, l'apprenti cinéaste et son meilleur ami, Joe, s'effritant alors qu'ils éprouvent tous deux le même intérêt pour la jolie Alice. L'intrigue se divise rapidement en deux entre l'armée qui recherche le monstre et le jeune Joe qui tente de sauver Alice. Malgré cela, J.J. Abrams nous montre de belles séquences entre l'accident de train, l'attaque du bus militaire, la bourgade où les maisons s'effondrent sous les tirs de l'armée.

Ce qu'il faut retenir, c'est que Super 8 est d'abord le parcours initiatique de Joe Lamb qui doit se relever après la perte de sa mère. La séquence d'ouverture présentant la réception funéraire met particulièrement bien en place la situation du jeune homme, Joe reste à l'extérieur, seul sur sa balançoire, les pieds dans la neige. Son père emmenant le père d'Alice au commissariat durant la réception, les débuts d'un homme qui va laisser son travail le submerger pour oublier sa tristesse. Cette situation pleine d'émotions est alors vite endiguée par l'arrivée du monstre qui va apporter la touche de science-fiction. Le garçon reste pourtant l'objet du film, introverti et vouant une amitié aveugle pour Charles, au point d'accepter de détruire sa maquette de train pour les besoins du film d'horreur, il va devenir le chef de la bande. Cela commence lorsque qu'ils se verront confisquer la caméra par le père de Joe, les enfants ne sont plus passifs derrières leur objectif et deviennent les acteurs des évènements narrés. C'est scènes sont filmées avec brio par Abrams et le réalisateur atteint son maximum dans la relation entre Joe et Alice. Portée par son actrice, Elle Fanning dont le talent s'affirme tout au long du film, Alice est le graal de Joe, cette fille qui accepte presque miraculeusement de jouer dans leur film, subjuguant alors les autres gamins lors des répétitions de leur film, The Case, tantôt lorsqu'elle doit exprimer des sentiments, notamment l'amour, tantôt l'absence de sentiment après sa transformation en zombie. L'actrice dont le jeu est alors exagéré par le scénario écrit par Charles prouve son excellence lors des moments plus intimes entre elle et Joe, lors des séances de maquillage ou dans la chambre du garçon lorsque par erreur, une vidéo de lui et de sa mère est projetée à l'écran.

Finalement, le côté spectaculaire de Super 8 entache l'émotion créée et personne n'y trouve vraiment son compte. Les rebondissements paraissent peu crédibles, l'intrigue est décousue et la fin est maladroite. Si le tout est bien filmé et le jeu des acteurs, excellent, le plat préparé par J.J. Abrams, hommage aux films Amblin, laisse toutefois un léger goût amer dans la bouche.
pathfinding
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le 17 août 2011

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