Du Body Horror et des facilités (problèmes) d'écriture !

Difficile de noter ce Superdeep vu lors de l'édition virtuelle de Gerardmer 2021, car malgré d'évidents défauts, il a su me donner de quoi me sustenter !

Commençons par les "évidents défauts" :

Le scénario est rempli d'incohérences, voire de détails stupides. Comme souvent dans ce genre de productions vaguement "SF", certaines explications scientifiques ne tiennent pas du tout la route, voire sont contredites quelques instants après avoir été présentées au spectateur. De base, cela ne me dérange pas trop, n'étant pas moi-même scientifique et ne demandant pas au film d'être forcément rigoureux à ce sujet, ma suspension d'incrédulité pouvant se permettre quelques approximations. Mais là... J'ai beaucoup de mal à croire à cette épidemiologue qui rentre dans une pièce de toute évidence gravement contaminée par une infection inconnue sans aucune combinaison, et dont les seules précautions sont durant de longues minutes d'uniquement mettre des gants et son col au-dessus de sa bouche et de son nez, et même de laisser un soldat procéder à des prélèvements sans aucune protection... Ce genre de stupidités se produit à plusieurs reprises, et tous les "spécialistes" du film se montrent chacun à leur tour très étonnants dans leur façon d'exercer leur "spécialité".

Les personnages sont pour la plupart mal écrit, et tout particulièrement ce colonel (ou général ? je ne sais plus), véritable cliché sur pattes, et dont le sacrifice sorti de nulle part perd complètement en émotion de part son invraisemblance, et ne manquera pas de vous faire lever les yeux au ciel. Mention spéciale également au scientifique opportuniste, dont on se demande la raison de la présence durant tout le film jusqu'à sa trahison finale, et à cet ingénieur surtout présent pour faire deux trois blagues nulles et déjà vues. Bref, vous l'aurez compris ; la plupart des personnages secondaires se résument à une fonction / rôle à peu près unique, et ne sont donc pas d'authentiques protagonistes.

Je ne comprends pas très bien pourquoi Gerardmer nous a proposé une version redoublée en anglais, alors qu'une version russe existe, d'après mes recherches rapides. Forcément, ça ne colle pas, et ça n'aide pas à prendre les personnages / Dialogues au sérieux. Spoiler : une grande partie des lignes de dialogue telles qu'elles nous sont présentées ressemblent à des punchlines aléatoires de trailer, et, à nouveau, pour tout ce qui est discours scientifique / politique... ça ne fait ni crédible, ni sérieux.

Le film tombe dans à peu près tous les clichés de ce genre d'histoires (des soldats + des scientifiques coincés dans un genre de Bunker / Base souterraine + une menace surnaturelle inconnue), et tente de marcher sur les traces de ses illustres prédécesseurs, the Thing en tête, bien entendu. Même si j'arrêterai ici le rapprochement entre les deux.

Reste que j'ai globalement apprécié le film, même s'il est par conséquent difficile à noter, vu qu'il n'est objectivement pas "bon". Je l'ai apprécié pour ses séquences de Body Horror très réussies, cette créature cauchemardesque que j'aurai presque eu envie de voir plus, les hurlements de désespoir de ses victimes, devenues des morceaux d'elle à part entière. Elle dégage vraiment quelque chose d'effrayant, et c'est évidemment le vrai bon point du film. On aurait aimé avoir plus de scènes de Body Horror, tant celles-ci sont les plus réussies ; malheureusement, Superdeep les utilise avec parcimonie, et on aura trop souvent de longues séquences mal rythmées, alors qu'on aurait pu vraiment avoir un petit bijou de Body Horror, idiot mais visuellement impressionnant.

Pour finir, la réalisation est très aléatoire ; on passe de séquences mal rythmées, comme dit juste au-dessus, mal éclairées ou juste bancales à quelques fulgurances qui nous font regretter que tout le film ne soit pas du même acabit. La séquence durant laquelle notre héroïne doit aller récupérer la clé, même si ce "laboratoire à 200 degrés" et tout ce qui s'y rapporte sont parmi les pires conneries du film, avec cet éclairage, cette musique et ce ralenti des plus clichés m'ont néanmoins convaincus ! J'aurai aimé plus de tentatives de ce genre.

Enfin bref, je suis très mitigé, mais les séquences de Body Horror m'ont assez plu pour lui donner au moins la moyenne.

On verra si la note change après un éventuel revisionnage.

Azz