They can be a great people, Kal-El, they wish to be. They only lack the light to show the way.

Le premier. Le tout premier film de super-héros, il y a déjà 39 ans. Et bien sûr, il est symbolique que ce soit le Dernier Fils de Krypton, non seulement le premier mais également l’archétype du super-héros, qui soit au cœur de ce film. Et malgré son âge, le film reste toujours aussi frai, malgré ses défauts. Et on ne voit pas le temps passer dans cette « version longue » (celle de 143 minutes), tellement tout s’enchaîne avec fluidité.

Bien sûr, comme toute bonne origin story, le film prend bien le temps d’introduire son univers. La partie sur Krypton notamment, avec un rythme très posé malgré la panique qui menace, donne déjà une certaine grandeur au récit épique qui va suivre. On pourrait presque penser qu’on suit la naissance d’une divinité grecque, ce dont s’inspire Superman en un sens. Avoir Marlon Brando en Jor-El y contribue fortement d’ailleurs, les autres Kryptoniens faisant presque pâle figure, à l’exception d’un certain Terrence Stamp. La suite nous racontera la jeunesse de Clark à travers certains points clés (son arrivée sur Terre, la mort de Jonathan Kent, la découverte de son passé). On aurait presque aimé en voir plus, que ce soit plus approfondi, mais encore une fois le rythme est parfait.

Débute alors le cœur du film. Et c’est étrangement la partie que j’ai le moins apprécié. Peut-être parce que justement, à partir de ce niveau, le rythme du film sans se perdre. On a d’un côté un Clark qui rencontre Lois et tombe tout de suite amoureux sans qu’il n’y ait vraiment de raison apportée à cela, ou même un coup de foudre. Comme si tous deux se connaissaient déjà depuis plusieurs mois, voire années. Le final sera également vite expédié, dans le sens où on voit bien sûr Superman sauver Lois mais pas vraiment les conséquences de cet acte (parce que bon, la bombe a toujours explosé). Tout comme le personnage de Luthor qui fait des déductions presque trop rapidement, par prétexte (ok pour déduire que de la kryptonite est tombé sur Terre, mais comment il devine que c’est nocif pour Superman ?).

Bref, cette seconde partie du film symbolise absolument tout ce qu’est Superman, et Clark Kent, mais son principal souci c’est qu’elle va trop vite sur certains points ce qui fait qu’on a cette impression qu’il manque des morceaux de films (ce qui est vrai, puisqu’il existe une version de 3h). C’est dommage, car tout cet espoir qu’inspire Superman, le Lex Luthor machiavélique (même si j’ai moyennement apprécié cette version du personnage, qui fait plus vilain dans un James Bond des années 70 que Lex Luthor), la Lois Lane forte tête et mauvaise en orthographe, le Jimmy Olsen constamment émerveillé… Tout ça respire l’esprit même des comicbooks originaux.

Sur le casting, je n’ai pas grand-chose à dire en plus de ce qui a déjà été dit. Christopher Reeves reste toujours LA meilleure interprétation du personnage. Que ce soit pour Superman ou bien Clark Kent, il interprète avec brio les deux facettes de son personnage. Et là où il est le meilleur, c’est lorsque les deux se réunissent en un. Parce que oui, quoi qu’on dise, Superman est Clark Kent tout comme Clark Kent est Superman. Là où le Bruce Wayne public est un masque, Clark Kent est la personnalité humaine de Kal-El, ce pourquoi il défend Métropolis et la Terre contre ses ennemis. Et Reeves a parfaitement réussi à endosser cette subtilité. Gene Hackman est bien sûr brillant même si, comme je l’ai dit, je ne suis pas trop fan de sa version du personnage. Marlon Brando bien sûr impose son charisme, comme je l’ai déjà dit, et Margot Kidder apporte une véritable fraicheur dans son rôle de Lois. Elle peut paraître parfois un peu trop douce pour la réelle Lois, mais sa détermination et son naturel en fond une des meilleures interprétations du personnage.

D’un point de vue technique, le film est impressionnant. Outre la musique purement fantastique du génial John Williams, et qui reste encore et toujours selon moi la meilleure musique pour un film de super-héros (parce que non seulement elle illustre parfaitement le personnage, mais aussi symbolise tout ce que doit être une musique de super-héros) ; le film vieillit étonnamment bien. Alors certes bien sûr, certains passages et effets spéciaux peuvent paraître ridicule, la destruction de Krypton fait un peu pâlichon si on compare à Man of Steel, mais ça fonctionne toujours aussi bien. Et certaines transitions sont très efficace, ce qui est surprenant compte tenu du fait que Superman est sans doute le super-héros le plus difficile à adapter avec des moyens limités. Mais voilà, non seulement ça fonctionne mais en plus on y croit toujours autant, d’où le fait que le film vieillisse si bien.

Superman est donc bien un monument du genre. En étant le premier, il a ouvert la voie à un immense champ de possibilité, et même s’il a fallu plusieurs années pour que le genre décolle réellement, au final beaucoup des films actuels continuent d’y piocher. Ce qui, d’un côté, pourrait être la définition d’un film culte.