Afin de parfaire ma culture cinématographique, j’ai décidé de regarder Superman II… sans avoir vu le 1 (oui, c’est un concept). Mon dieu, ce choc !

Superman II fait clairement partie de ces films qui ont très mal vieilli. Tant du point de vue des effets spéciaux que du point de vue vestimentaire et capillaire, cette œuvre est une souffrance pour les rétines de notre époque. Ou une grande tranche de rigolade, au choix. Personnellement, je suis restée en balance entre la consternation, l’effarement et l’amusement. D’ailleurs, au moment de venir apposer ma note, j’étais toujours dans l’expectative (5 ? 4 ? 3 ?). Pas plus cependant.

En effet, au-delà de l’aspect visuel affreux (ou ridicule) de ce film, Superman II souffre aussi de bien d’autres tares. Tout d’abord, comme l’a souligné Rano84, qu’est-ce que ce générique est long ! Je sais qu’il fût un temps, les films américains se payaient des génériques si infinis qu’après un quart d’heure, il y avait toujours des noms qui apparaissaient à l’écran (non, je n’exagère pas du tout). Mais là… c’est… c’est au-delà du long. Surtout que chaque affichage de nom est entrecoupé de rappels de ce qu’il s’est passé dans l’épisode précédent (oui, comme une série télé… mais en film). De fait, j’ai pu ainsi voir que Loïs Lane avait un certain don pour se fourrer dans les pires traquenards.

Loïs Lane qui, justement, dans l’espoir de décrocher le prix Nobel (du journalisme ?) décide d’aller affronter seule, trois mecs qui menacent de faire sauter Paris à la bombe H (sa logique nous perdra tous). Pour ça, elle se glisse on ne sait trop comment sous un des ascenseurs de la célèbre dame de fer. Manque de bol, entre-temps les CRS complotent pour faire sauter les câbles du bazar et faire ainsi tomber plus vite la bombe sur le Champ de Mars. Fait étonnant, là où il fallait deux ascenseurs pour faire descendre les touristes – otages des terroristes – sur le plancher des vaches, l’ascenseur de Loïs n’a pas besoin d’étape pour faire sa chute libre. Ceci-dit, ne connaissant pas la structure de la Tour Eiffel, la chose est peut-être possible (ça reste tordu…). Mais bon, on s’en fiche puisque Superman arrive pour arrêter la cage, récupérer Loïs, faire remonter l’ascenseur, traverser la pointe de la Tour Eiffel (j’espère qu’on lui a envoyé la note pour dégradation de monument historique) et voler au-delà de la lune avec l’ascenseur à bout de bras afin qu’il explose dans l’espace (pourquoi il explose alors que la bombe n’est pas amorcée, qu’il n’y a ni oxygène, ni air, ni frottement… ? Mystère).

De toute façon, dans ce film, tout a une capacité d’explosion impressionnante. J’en veux pour preuve ce crochet de métal qui, chauffé à blanc par les lasers de Zod, explose. De même pour la dalle en béton que Zod envoie sur Superman. Les murs volent en éclat comme rien. Les plafonds et les planchers sont en pâte à crêpe. Les fenêtres, quant à elles, sont en sucre glace. Et je ne compte pas le nombre de bureaux et de tables qui se fendent en deux avec une simple pichenette. Bref, les mecs des effets spéciaux se sont amusés comme des petits fous à tout faire péter pour rien. Sûrement pour compenser cette maquette de première scène de toute beauté ou ces jeux de lumière particulièrement somptueux.

Mais, revenons à des critères de jugement moins subjectifs (oui, les effets spéciaux sont hideux mais nous sommes quand même dans les années 80, ça devait être révolutionnaire à l’époque…). Je parlais de Loïs et son sens de la logique implacable, je pourrais tout aussi bien enchaîner sur ses tendances suicidaires : elle se jette tout de même volontairement dans un torrent d’eau glacée (la scène se déroulant au Canada, la flotte ne doit pas être à 37°C) juste pour prouver que Clark Kent et Superman sont bien une seule et même personne. Et je passe le fait qu’elle ose affronter une nana capable de briser le bras d’un type et la table qui supportait leur concours de bras de fer (et qui, accessoirement, tire des lasers par les yeux). Je pourrais aussi évoquer le fait qu’elle considère Clark comme un ami tout juste bon à lui ramener des hot-dogs à neuf heures du matin, accompagnés d’un véritable jus d’oranges pressées, mais qu’elle est folle amoureuse de Superman (c’est pour ça que lorsqu’elle est réalise que son hypothèse était juste, elle tombe directement dans ses bras…). Mais, je vais surtout souligner son côté narcissique et hautain qui crève littéralement l’écran. La miss ne se prend pas pour de la bouse et ça se voit. Au point qu’on en vient à se demander ce que Clark lui trouve.

Bon, il faut dire que le père Kent est quand même très niais. Les moindres désirs de la demoiselle sont des ordres pour lui et il boit chaque mot qui tombe de sa bouche, un sourire béat sur les lèvres (pour arborer un air encore plus niais, il faut s’appeler Tobey Maguire et jouer Spiderman). Notez, c’est peut-être parce qu’il a un cerveau en shamallow. En effet, dès que quelqu’un lui parle, il a toujours vingt secondes de réflexion avant de réagir (le temps de bien prendre la pose devant la caméra). A contrario, ce qu’il a dans le falzar semble réfléchir plus vite que le reste (là, j’arrive au point qui justifie le titre de cette critique). En effet, en assistant au twist final, une question vient logiquement nous tarauder l’esprit : pourquoi ne l’a-t-il pas fait dès le début, dès que la vérité a éclaté à la face de Loïs ? Pourquoi avoir pris ce risque inconsidéré de mettre la planète en danger en perdant sciemment ses pouvoirs alors qu’il lui suffisait de lui rouler un patin pour tout mettre à plat ? Eh bien tout simplement pour mettre sa chère et tendre dans son plumard en toile argentée (qui ne doit pas être des plus confortables par ailleurs). A moins qu’il soit juste idiot (c’est aussi une possibilité).

Et à côté de ça, nous avons un Lex Luthor bondissant et maniéré qui s’évade de prison en montgolfière, et un trio de danseurs de disco venu de l’espace : le général Zod, stoïque, mégalomane et mono-expressif ; Ursa, sa fidèle suivante aux répliques… savoureuses, et Man (alias Sébastien Chabal), le rigolo de la bande qui a trois sous de jugeote et un larynx de baleineau pour s’exprimer (sur Krypton, il est d’ailleurs condamné à l’exil parce qu’il n’est pas capable d’articuler une phrase (l’offense suprême !)), mais des gros bras pour tout casser. Du méchant de haute catégorie. Les triplés se font d’ailleurs avoir sottement par Superman, aidé d’un technicien des effets spéciaux qui n’a pas réimplanté la cinématique de destruction des pouvoirs kryptoniens subie par Clark lorsque ce dernier utilise cette technique sur ses ennemis (forcément, ils n’ont rien vu venir puisqu’il ne leur est rien arrivé).

Un dernier point que j’aimerais aborder (pour ceux qui ont tout lu jusque là) : le ton du film. Encore à l’heure actuelle, je me demande si Superman II se voulait être parodique ou sérieux. Le fait que Loïs découvre la véritable identité de Clark, que celui-ci soit obligé de sacrifier ses pouvoirs pour vivre son amour, que Luthor s’évade et s’associe au trio de Kryptoniens qui prennent le contrôle de la planète via le bureau ovale (mais non, les Américains ne se prennent pas pour le centre du monde)… tout ça aurait pu aboutir sur un film tout ce qu’il y a de plus sérieux. Sauf que voilà, à côté de ça, les personnages déroulent des dialogues d’une absurdité confondante, dans des scènes qui le sont parfois tout autant (et là, il n’est pas question d’époque comme l’atteste cette arrivée dans la chambre d’hôtel rose Barbie où le groom jette les bagages au sol en récitant son texte d’un air blasé). Si quelqu’un a la réponse à cette question, je suis preneuse.
NicodemusLily
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le 11 sept. 2014

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