Une petite déception ...

Sal rencontre un jour Dean qui leur ouvre la porte entièrement nu. Ici commence la fascination de Sal pour Dean, personnage subversif qui n'a vraiment aucune limites. Il prend énormément sans jamais rendre beaucoup (étant capable de vous abandonner au beau milieu du Mexique alors que vous êtes sacrément fiévreux).

Les deux se rencontrent et détruisent quelque peu leur vie à partir d'un drame fondateur : Sal dont le père vient de mourir et Dean qui recherche son vieux père dans les rues de Denver. La volonté des deux est claire : prendre la route parce que, comme le dit la chanson "je ne suis jamais chez moi". Le monde est leur chez eux.

La première route est prise par Sal qui quitte sa mère et l'appartement où il s'était réfugié pour tenter d'écrire son livre. Le seul problème ? Il semblerait qu'il n'ai rien à y raconter. Et voilà que Dean débarque, le sujet est tout trouvé. Salles embarque donc à pied et en camion pour rejoindre Denver où Dean a déjà divorcé de Marylou, sa jeune femme de 16 ans (mais avec qui il couche toujours) pour jeter son dévolu sur Camille (Kirsten Dunst, belle surprise dans ce film) ce qui ne l'empêche pas d'enchainer les filles quand même.

Par la suite, les deux comparses (toujours accompagnés de Marylou) feront la route ensemble de New York à Mexico, en repassant par Denver. Mais les scènes de ces voyages sont très/trop répétitievs, reposant sur le même topos : départ/ on roule vite/ on baise/ on rencontre des gens qui font comme nous et paf on arrive et ça recommence.

Le film m'a donc déçu parce qu'encore une fois, l'engouement autour de cette adaptation du livre de Kerouac, à laquelle tous les plus grands noms du cinéma ont rêvé, n'est pas à la hauteur de mes espérances. Le film s'essouffle, parce que la fascination du cinéaste peine à se transmettre au spectateur, à moi tout du moins.

Ce qui m'a intéressé, c'est cette phrase que je retiens du film "Seuls les fous m'intéressent ...". Et c'est là que le film m'a transporté, en explorant cette figure de la folie, Dean est dingue, il n'agit jamais réellement, son corps est une sorte de volcan permanent, toujours en ébullition, sa tête lui sert à réfléchir à comment, demain, dans deux secondes se donner le plus de plaisir possible. Marylou est la seule qui perçoit réellement cette folie qu'elle aime mais qui la dérange en même temps, parce que dans sa rébellion elle voudrait tellement "une maison et un bébé". Dean finira par les avoir mais avec une autre et là encore, il est incapable de cesser de faire ce qu'il fait le mieux : se centrer sur lui, seulement sur lui-même.

Cette ancrage dans une forme de liberté, sur les routes, sans lois ni contraintes (sauf l'argent, Marylou et Dean vendent leurs corps pour de l'argent) est sûrement ce qui a fasciné. Sauf que ce n'est qu'une période, un temps éphémère et que tous finissent soit par se ranger, soit par mourir. Sal n'est finalement qu'un gamin qui avait besoin d'une expérience pour écrire. La seule qui reste finalement, à mes yeux fascinante, c'est Marylou et sa désinvolture, sa jeunesse, sa fraîcheur mais surtout son interprète qui surprend ici, Kirsten Stewart quand elle lance des regards de défis, des regards lascifs à la caméra nous montre tout ce que cette "beat" génération avait de subversif en elle, cette volonté de s'affranchir et de vivre les expériences les plus extrêmes possibles pour se sentir seulement vivant, sans confort, ni contrainte, à 200 à l'heure sur les routes. Une euphorie éphémère en tête mais des expériences qui marquent à jamais et où le sentiment de vie est le plus fort, le plus intense...
eloch

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