Avant tout, je précise que je n'ai pas vu le film original de 1977, donc ma critique s'éloignera de toutes comparaisons avec celui-ci. Et ça sera sans spoil (ou très légers).


"Suspiria" prend place dans un contexte historique difficile, dans un Berlin divisé en pleine Guerre Froide. C'est ici que se situe l'école de danse d'Helena Markos, reconnue mondialement et tenue secrètement par des sorcières. Patricia, une des élèves, disparait soudainement lorsque Suzie Bannion, jeune américaine, intègre l'école rapidement grâce à sa maitrise unique de la danse. Ou est-ce pour une autre raison ?


J'ai lu certaines critiques, où certains se plaignaient de sa longue durée et de sa lenteur. Et bien, au contraire, j'ai trouvé que le film (divisé en six actes et un épilogue) se servait de ces deux éléments pour apporter une tension, une peur, qui monte crescendo jusqu'à un final en apothéose, qui en refroidira plus d'un.


Le personnage du psychanalyste à la recherche de sa femme traquée pendant la 2de Guerre Mondiale, dont l'importance ne fait que grandir, apporte du drame à l'horreur, et vous fera même verser quelques larmes.


J'en profite pour dire que les scènes de danse sont incroyablement réalisées: envoûtantes, presque terrifiantes, elles rajoutent une tension innatendue. D'ailleurs Luca Guadagnino se fait plaisir en tournant quelques scènes plus expérimentales (tournées au ralenti, floues, ou encore avec une bande son décalée par rapport à l'image).


Soulignons le fait que Suspiria est accompagné d'une magnifique BO signée Thom Yorke, leader du groupe Radiohead et son morceau phare "Suspirium" ajoute une dimension presque irréelle à certaines scènes.


Etonnament, le contexte politique et géographique de l'époque prend une place importante au coeur du récit: ainsi, les luttes entre Pro-Blanc et Pro-Markos reflètent les tensions entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. L'usage de la violence graphique et le gore nous rappelle que le cauchemar est bien réel et non un rêve.


Le casting, presque entièrement féminin est un sans faute, avec une Tilda Swinton épatante comme toujours, suivie par Dakota Johnson, étonnante après ses rôles plutôt médiocres dans la saga "Cinquantes Nuances de Grey".


D'ailleurs le féminisme est un des grands points du film : les Hommes sont comparés aux Allemands de l'après-guerre, incapables de regarder en arrière et assumer leurs fautes.
Cependant beaucoup de questions sont laissées sans réponses, et laissent le spectateur analyser le film avec minutie, ou s'imaginer sa propre histoire.


Grâce à son cocktail surprenant de gore, de sorcières, de danse et d'Allemagne post-nazie, Suspiria s'impose donc comme l'un des meilleurs films de l'année. En un mot: envoûtant.
Mais je vois, à travers certains avis, que le film divise et divisera: certains lui reprocheront ses longueurs, son manque de tension et d'oppression, tandis que d'autres crieront au chef-d'oeuvre.


Et moi, je crie au chef-d'oeuvre.

_Elie_
9
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le 14 nov. 2018

Critique lue 443 fois

3 j'aime

_Elie_

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