Un deuxième long-métrage réussi qui fait le récit du destin d'une jeune femme, Suzanne, et les siens en pariant sur l'intelligence active du spectateur puisque la construction fonctionne par ellipses temporelles, charge pour ce dernier à remplir lui-même les trous de l'histoire. Protégée par son père et surtout sa grande petite sœur, Suzanne s'éprend d'un charmant voyou et cette promesse d'amour la conduit à tout abandonner derrière elle, en semant le trouble et la tristesse. Bouillant d'énergie, le film porté par la solaire Sara Forestier, double juvénile de celle qui fut la Suzanne de Pialat dans A nos amours (Sandrine Bonnaire), ne juge jamais sa fragile héroïne. Ni ne verse dans l'explication psychologique (absence de la mère décédée, mauvaises rencontres,...). Mais montre à l'inverse combien la construction de soi-même et le chemin vers l'apaisement peuvent être compliqués et semés d'embûches. Film également physique : la démarche lourde, les épaules voûtées, de François Damiens, une avocate qui s'accroupit aux côtés de Suzanne, reste muette et prononce juste quelques paroles d'encouragement. Si Suzanne est le pivot central du film, celui-ci n'en est pas moins polyphonique (le père brisé, la sœur sacrifiée) en épousant les codes de la chronique familiale romanesque. Laissons donc nous embarquer à la suite du guide Suzanne dans ce récit émouvant et sobre, tragique et complexe.
PatrickBraganti
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le 22 déc. 2013

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