Swagger
6.7
Swagger

Documentaire de Olivier Babinet (2016)

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La jeunesse qui se dresse fièrement

« What hempen homespuns have we swaggering here, So near the cradle of the fairy queen?»
«Quels sont ces rustiques personnages qui font ici les fanfarons, Si près du lit de la reine des fées?»


Une citation qui donne immédiatement le ton de SWAGGER, afin de donner la parole à Aïssatou, Mariyama, Abou, Nazario, Astan, Salimata, Naïla, Aaron, Régis, Paul et Elvis; 11 élèves «fanfarons» d’un collège d’Aulnay sous bois, banlieue du 7-5. Dans le cadre du documentaire, Olivier Babinet a interviewé chacun d’entre eux à propos de thématiques variées comme les rêves, la religion, l’amour, l’identité nationale, l’enfance, les blancs, la vie en cité, ou encore la popularité. Le film explore donc les personnalités de ces 11 jeunes à travers leurs réponses, et grâce à cela parvient à un portrait singulier de la banlieue. Un portrait sans doute un peu trop mis en scène ou parfois carrément théâtralisé, mais cohérent et porteur d’un message émouvant. Car malgré certains effets ou jeux "surfaits", l'imaginaire de ces jeunes est illustré avec brio ! Les ambitions et les interrogations qui se posent en eux constituent une véritable mine d'or. Puis, ces premières digressions évoluent carrément vers la fantasmagorie ou le lyrisme.


Les jeunes semblent finir par écouter un à un les discours de leurs camarades, ce qui renforce les liens et la proximité. La réalisation utilise pour cela, un langage audio-visuel nourri à la pop-culture, identifiable et reconnaissable par tous, très populaire. Ce procédé, bien que limité par la technique et/ou les moyens, renforce l’universalité du propos. En résidence immersive à Aulnay, le réalisateur a passé du temps à leurs côtés, a gagné leur confiance, avant de les filmer en les questionnant sur leur vie, leurs désirs.La mise en scène d’Olivier Babinet cherche en effet à transformer la matière documentaire en matière cinématographique. Le réalisateur imagine ainsi des scènes de transition entre les parties thématiques de son film, mettant en image les propos des ados ainsi que les ados eux mêmes, dans une version plus ou moins fantasmée de leur quotidien. Swagger est un vrai mélange de Kids de Larry Clark, ainsi que de Divines de Houda Benyamina ! Si l’artificialité de la mise en scène semble parfois trop insistante, elle apparaît néanmoins comme parfaitement consciente d’elle même, en cela qu’elle donne ouvertement du relief et de l’accessibilité à cette réalité documentaire. Avec de tels ados, la relève est assurée, tant qu'il restera des rêves à atteindre.

Mil-Feux
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le 25 nov. 2016

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