Toc, toc, toc !

Il n'y aurait rien de tel pour rendre ce film insupportable que de le présenter comme une étude de cas réaliste du trouble obsessionnel compulsif consistant à avaler tout et n'importe quoi et dénommé " pica " (du nom de la pie, etc.). Ce qu'il est sans doute, mais il n'est pas que cela, heureusement ! Il raconte une histoire dérangeante dont on se passerait volontiers d'être témoin, avec une malheureuse belle jeune femme fragile prise en otage par une famille aussi riche qu'infecte l'assignant au rôle de potiche reproductrice. Sa rébellion est exemplaire (on peut dire aussi féministe si on veut) et le dénouement de l'intrigue remet les pendules à l'heure. Ce qui retient l'attention et évite l'ennui du spectateur provient plutôt de la capacité d'un scénario très soigné à quitter parfois la voie prévisible en introduisant des détours intrigants et des citations curieuses. L'ambiance est assez hitchcockienne (jusqu'aux accessoires : costumes, décors, musique) et le ressort psychanalytique fait inévitablement penser à " Pas de printemps pour Marnie ". Dans l'art du contrepied, le film réserve quelques surprises, par exemple dans la sexualité de Hunter (l'héroïne) que l'on supposerait contrariée compte tenu de la domination masculine qui l'écrase (son père biologique, son mari, etc) et qui pourtant est montrée fort épanouie. Même effet contre-intuitif dans le rôle du soignant syrien aux allures de brute épaisse que l'on pourrait trouver imprudent de laisser seul avec la jeune femme et qui s'avère être un parfait ange-gardien. C'est dans ces détails que le film est une expérience intéressante. D'ailleurs, je dois arrêter ici ma critique car je sens que je vais ajouter un point.