Sweet Dream
Sweet Dream

Film de Yang Ju-Nam (1936)

Cette année, le cinéma coréen fête ses 100 ans. Une histoire longue et riche, dont les débuts sont pourtant méconnus. Il est vrai que le cinéma coréen dit « classique » a aujourd’hui une réputation bien moindre que celle du cinéma japonais par exemple. Par ailleurs, la quasi-totalité des films des premiers temps est aujourd’hui perdue. Ainsi, il n’existe aujourd’hui plus d’oeuvre sud-coréenne remontant à l’ère du muet. Le plus ancien film sud-coréen, Sweet Dream, date de 1936, et fut réalisé par un jeune réalisateur de 24 ans, Yang Ju-nam. A l’occasion du centenaire du cinéma sud-coréen, le Festival du Film Coréen à Paris a proposé une projection exceptionnel de ce qui est aujourd’hui le plus vieil ancêtre visible des productions sud-coréennes modernes.


Sweet Dream est un film court, durant à peine plus de 45 minutes. Le film s’intéresse au sort d’Ae-sun, une femme malheureuse dans son mariage, et qui aspire à retrouver la liberté pour s’émanciper et s’épanouir. Elle vit principalement dans un monde d’hommes, certains tombant sous son charme, d’autres se méfiant. Quand eux sont soumis à des règles, dans un système codifié, elle ne suit que ses envies, faisant fi des conventions et des qu’en dira-t-on. Une image d’émancipation d’autant plus symbolique que la Corée est alors encore occupée par le Japon. Et si l’intrigue quelque peu décousue et sommaire de Sweet Dream et l’état de conservation dans lequel il nous est parvenu peinent à pouvoir l’ériger comme un grand film, il vient offrir un moment unique.


Unique car c’est le plus ancien film coréen ayant pu parvenir jusqu’à nous. C’est la rencontre avec l’originel, une sorte d’incunable, qui nous rappelle, surtout, qu’un film est un objet vivant. Il est vivant car il s’use avec le temps, l’image s’efface, est rognée, griffée, le son fluctue, car la marque du temps qui passe s’est imprimée sur lui. Mais il est aussi vivant car il a capturé des instants de vie, rendant la vie à toutes ces personnes d’un autre temps, et retrouvant lui-même la vie en s’animant devant nous. Les sous-titres japonais incrustés de manière native dans le film sont aussi des indicateurs et des témoins directs de l’occupation japonaise.


Si l’histoire a un intérêt certain, l’exécution peut davantage poser question, Sweet Dream présentant un certain nombre de défauts, malgré son côté très progressiste, et étonnamment libertaire à une telle époque, notamment en étant sous le joug de la domination japonaise. Quoi qu’on en pense, voir Sweet Dream fut un moment singulier, rappelant l’importance à accorder au patrimoine. La magie du cinéma permettant de traverser les frontières du temps et de l’espace.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 10 nov. 2019

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